Sport

Lapoussin vu par son meilleur ami avant son 100e match avec l’Union : “Loïc est un artiste du football”

Depuis son arrivée à l’Union en juillet 2020, Loïc Lapoussin peut compter sur le soutien inconditionnel de Geoffrey Nkiani, son meilleur ami rencontré via Guillaume François. Le footballeur malgache et le Bruxellois de 34 ans ont rapidement matché jusqu’à devenir inséparables. “Quand il est arrivé à Bruxelles, il avait besoin de repères, explique celui qui est manager d’artistes, de modèles et d’événements. Loïc est quelqu’un avec de très bonnes énergies et qui est tout le temps de bonne humeur. On ne passe pas une journée sans se voir ou s’appeler.”

Présent à chaque rencontre de l’Union, à domicile ou en déplacement, Geoffrey Nkiani a un regard admiratif, mais aussi critique sur le jeu de l’Unioniste. Et sur sa vie en dehors des terrains qui a un peu fait parler ces derniers mois.

Geoffrey, quel regard portez-vous sur l’évolution de Lapoussin depuis son arrivée à l’Union ?

”À ses débuts, c’était un joueur de parc qui adorait dribbler, redribbler et encore redribbler. Il jouait plus pour son plaisir que pour l’équipe. Depuis, il est devenu plus complet en adaptant son jeu par rapport au niveau d’exigence de la Division 1A. Il défend mieux, il est plus endurant et ses dribbles sont plus efficaces. Il amuse moins la galerie même si cela reste le genre de joueurs pour lesquels on se déplace au stade.”

« Un gros scandale », « besoin de transparence »: la VAR est critiquée comme jamais en Belgique

guillement

« Avant, il jouait plus pour son plaisir que pour l’équipe. »

Vous attendiez-vous à ce qu’il soit si rapidement au niveau en D1A ?

”Je savais qu’il allait réussir, mais pas aussi rapidement. Il m’a vraiment impressionné en se mettant tout de suite au diapason. Quand je le vois sur le terrain, j’ai parfois l’impression qu’il a joué toute sa vie en D1A. Il s’est aussi vite adapté au niveau européen : au match aller contre les Rangers, il a été timide pendant dix minutes puis a eu une petite altercation avec Tavernier et c’était parti (sourire). Il a ensuite joué de manière libérée comme dans son jardin. Il peut par contre parfois tomber dans la facilité quand il joue contre de plus petits adversaires.”

Peut-on dire que ses statistiques (7 buts et 17 assists en 99 matchs) restent le gros point faible de son jeu ?

”Il sait que ce n’est pas assez et qu’il doit faire mieux. Parfois, il me dit : ‘Regarde tel joueur qui va être transféré pour autant d’argent, je ne comprends pas !’ Puis il se rend compte que les statistiques jouent un grand rôle là-dedans. C’est plus un amateur de beau jeu que de chiffres, mais il faut qu’il s’adapte au football moderne. Il doit oser tirer plus souvent au but. Il doit aussi réussir à plus garder son sang-froid dans les moments chauds.”

Cette saison, Lapoussin s’est assis à plusieurs reprises sur le banc des remplaçants. Comment vit-il cette situation ?

”Ce n’est pas un joueur qui va aller voir le coach pour demander une explication, mais je sais que cela le ronge intérieurement. Il le vit parfois comme une injustice et se dit que les gens sont plus durs avec lui qu’avec les autres. C’est peut-être dû aux quelques incidents extra-sportifs qu’il a connus. On a parfois tendance à le juger là-dessus plus que sur ses prestations footballistiques. Il ne trouve pas cela juste, car il fait le travail une fois sur le terrain.”

Nkiani, Lapoussin et Ilaimaharitra.
Nkiani, Lapoussin et Ilaimaharitra. ©Ennio Cameriere

Lorin Parys (Pro League) évoque la nouvelle loi football: « Les fouilles autorisées actuellement sont trop sommaires »

En janvier, il a été arrêté par la police en état d’ébriété : comment a-t-il vécu cet épisode assez médiatisé ?

”Il s’est rendu compte que son style de vie en dehors du football pouvait avoir un réel impact sur sa carrière. L’avantage est que c’est arrivé juste avant le départ en stage hivernal, donc il a pu rester dans sa bulle. Il a vécu cela calmement car il ne fait pas trop attention au regard des gens. Je l’ai par exemple senti plus touché d’être remplaçant récemment contre Westerlo plutôt que d’être au centre des critiques dans cette histoire. Par contre, ses proches ne l’ont pas raté.”

guillement

« Loïc ne doit pas perdre ce côté foufou qui le rend imprévisible sur un terrain. »

Que lui avez-vous dit ?

”Je lui ai dit que je ne comprenais pas pourquoi il faisait des choses comme cela. Pourquoi tu te retrouves à cette heure-là à cet endroit ? Tu peux profiter de la vie, mais sans nécessairement tomber dans l’excès. C’est très dangereux pour sa carrière… C’est quelqu’un qui a aimé faire la fête et qui a eu ses excès. J’espère que cela lui aura servi de déclic positif.”

Que répondez-vous à ceux qui disent qu’il pourrait être plus loin dans sa carrière s’il avait une hygiène de vie irréprochable ?

”Je suis totalement d’accord et je le lui dis tout le temps (sourire). Cela fait son chemin, il s’est réellement calmé par rapport à sa vie en dehors du football. Par exemple, il avait tendance à faire la sieste après l’entraînement. Désormais, il prend des cours d’anglais à la place en se disant que cela pourrait lui servir. Mais Loïc reste quelqu’un qui fait plus attention au plaisir qu’à sa carrière. Il va tout donner sur le terrain, mais il aime la vie et c’est donc parfois difficile pour lui de faire des sacrifices.”

Il a besoin d’une certaine liberté pour se sentir bien ?

”Il faut être un rien plus laxiste avec les artistes tant qu’ils vous le rendent en retour. Et pour moi, Loïc est un artiste du football : il est beau à voir jouer, il a une belle conduite de balle et perd très rarement le ballon. Il ne doit pas perdre ce côté foufou qui le rend imprévisible sur le terrain. C’est bien qu’il ait étoffé son jeu, mais il ne faut pas non plus trop le brider.”

Quel genre de personne est-il quand il quitte le centre d’entraînement de l’Union ?

”Il est aussi imprévisible sur un terrain que dans la vie (sourire). Parfois, on ne se parle pas de toute la journée puis il va m’appeler à 20 h 30 : ‘Manchester City joue, je viens te chercher dans cinq minutes pour qu’on regarde le match ensemble.’ Son caractère ? Disons qu’il ne faut pas trop le contredire (rires). Il est légèrement impulsif. Après une défaite, il ne faut par exemple pas trop piquer la bête dans l’heure qui suit la fin du match… Pour le reste, il vit dans son coin avec son petit cercle d’amis. Et il est le grand ambianceur dans le vestiaire.”

Pensez-vous qu’il sera encore à l’Union la saison prochaine ?

”C’est déjà magnifique d’être là où il est actuellement vu d’où il vient. Mais je lui souhaite quand même de passer un palier. Son style de jeu de casseur de lignes matcherait bien avec la Série A, un championnat qui a besoin de joueurs créatifs et où tout n’est pas axé sur l’aspect physique. Avant cela, je lui souhaite de marquer pour son centième match avec l’Union. Et nous fêterons la victoire dans la foulée (sourire).

Nkiani et Lapoussin
Nkiani et Lapoussin ©DR