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Jan Vertonghen est (enfin) devenu le patron à Anderlecht : “J’ai vu de la lumière dans ses yeux”

Bart Verbruggen est devenu le visage de ce mur mauve, à juste titre vu les prestations du néo-international néerlandais. Mais il serait injuste d’oublier le rôle de Jan Vertonghen dans cette série. Le Diable joue à un niveau élevé ces dernières semaines, en dégageant une belle impression de facilité. Bien plus qu’à ses débuts parfois timorés en Belgique en première partie de saison. Qu’est-ce qui a changé ? Trois éléments ont reboosté celui qui fêtera son 36e anniversaire dans une semaine.

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« Avec son vécu, Jan avait besoin d’un projet qui le motive. Relancer Anderlecht vers les sommets un magnifique défi à 35 ans. »

La Coupe du monde

Le tournoi au Qatar a mis le moral dans les chaussettes de la plupart des Diables, avec l’élimination dès la phase de poules. Mais Vertonghen est rentré en Belgique fin novembre avec le sentiment du devoir accompli. Comme son vieux compère Toby Alderweireld.

Les anciens, si critiqués et remis en question avant le Mondial, ont montré qu’ils savaient encore gérer une défense à un niveau international. Les deux seuls buts encaissés (contre le Maroc) n’étaient pas pour leur pomme. Vertonghen a réussi à prouver sur le terrain qu’il n’était pas un joueur lent et dépassé.

Dans la continuité, la confiance du nouveau sélectionneur l’a conforté dans cette idée. À 35 ans, il a réussi à séduire Domenico Tedesco, qui n’est que 19 mois plus vieux. À ce train-là, il va continuer à empiler les caps jusqu’à l’Euro 2024 minimum. À l’approche des 150 caps (il en est à 147), Vertonghen va rester le recordman belge pour très longtemps. Et il n’a jamais caché que c’était un objectif personnel.

EUPEN, BELGIUM - APRIL 02 : Vertonghen Jan defender of Anderlecht during the Jupiler Pro League match between KAS Eupen and RSC Anderlecht on April 2, 2023 in Eupen, Belgium, 02/04/2023 ( Photo by David Hagemann / Photonews
Il y a presque 17 ans d’écart entre Jan Vertonghen et Zeno Debast. Mais ça matche. ©DHA

L’entraîneur

L’après-Coupe du monde correspond aussi aux débuts de l’ère Brian Riemer à Anderlecht. Entre le Danois et le natif de Saint-Nicolas, ça colle tout de suite, bien plus qu’avec Felice Mazzù. Avec un dénominateur commun : la Premier League. C’est le championnat anglais qui a fait grandir les deux hommes.

La philosophie de jeu, le professionnalisme et le souci du détail de Riemer plaisent à Vertonghen. Malin, le coach place le Diable au centre de ses idées. “Jan avait besoin d’un projet qui le motive vu tout ce qu’il a déjà vécu dans sa carrière, explique Riemer. Il est très excité par ce qu’on a démarré. Quand je lui ai parlé du projet, j’ai vu de la lumière dans ses yeux. Relancer Anderlecht vers les sommets est un magnifique défi pour lui.”

Depuis, Sterke Jan est l’Anderlechtois le plus utilisé par Riemer : 1950 minutes de jeu sur 1950 possibles, devant Verbruggen (1860), Murillo (1830) et Debast (1740). “Il a 35 ans, il dirige la défense et il joue tous les matchs. Je ne peux pas lui en demander plus”, sourit l’entraîneur.

Le brassard

On exagère à peine en écrivant que Vertonghen pourrait être le papa des autres défenseurs. Comme s’il était devenu le père de Debast, N’Diaye et Verbruggen à l’âge de 16 ans. Et on sent qu’il prend beaucoup de plaisir à écoler ses jeunes équipiers, à transmettre les valeurs de son métier.

Quand l’ex-capitaine Van Crombrugge a été déclassé, au bout du tout premier match de Riemer à Genk en Coupe de Belgique, le coach n’a pas hésité à donner le brassard à Vertonghen. Un statut qui lui plaît. C’est un professeur dur mais juste.

Jeudi contre l’AZ, il a enguirlandé Debast qui se replaçait trop lentement et N’Diaye qui n’avait pas respecté la ligne du hors-jeu. Mais ce n’est jamais agressif, comme pouvait l’être Hoedt en début de saison. Il ponctue souvent son message d’une tape dans la main. Même Murillo, parfois un peu arrogant face à la critique, accepte les conseils de son aîné.

Avec son statut international, un entraîneur qu’il apprécie et le brassard, Vertonghen rayonne. Comme s’il avait connu toutes les situations défensives possibles sur un terrain de football et qu’il donnait la réponse appropriée à chaque fois. Une aubaine pour le Sporting et un soulagement pour le président non-exécutif Wouter Vandenhaute qui avait géré lui-même la venue du Diable l’été passé.