International

Quels sont les enjeux du Sommet de Reykjavik, qui réunit les 46 pays membres du Conseil de l’Europe?

Le Conseil de l'Europe
Le Conseil de l’Europe ©IPM Graphics

Le message de cette photo de famille sera clair puisque le sommet a pour thème central l’unité des États européens aux côtés de l’Ukraine dans la guerre d’agression lancée contre elle par la Fédération de Russie – expulsée du Conseil de l’Europe en mars 2022, un mois après le lancement de l’offensive. Vécue comme un traumatisme par l’organisation, cette guerre a accéléré la décision d’organiser un sommet et déterminé son objectif.

La relation entre la Russie et le Conseil de l’Europe a viré de l’adhésion à la confrontation

« Si ce n’est pas maintenant, quand ? », avait déclaré en octobre Thomas Byrne, ministre irlandais des Affaires européennes dont le pays présidait le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, juste avant l’Islande à qui revint le rôle de pays organisateur.

Ukraine et valeurs fondatrices

En parallèle de ce thème central consacré à l’Ukraine, les discussions qui se tiendront ces mardi et mercredi à Reykjavik porteront sur l’autre pilier du Sommet : la réaffirmation de l’engagement des États envers les valeurs fondatrices du Conseil de l’Europe.

Cet engagement se délite et ce n’est rien de le dire, constate la secrétaire générale Marija Pejčinović Burić dans son Rapport annuel 2023 dont elle conclut l’introduction par une injonction très forte : « L’Europe ne peut pas revenir à l’état sauvage ».

guillement

L’Europe ne peut pas revenir à l’état sauvage

La Déclaration finale du sommet prévue pour mercredi après-midi comportera donc deux volets : l’un consacré à l’Ukraine et à la création d’un registre des dommages que lui a infligés par le régime russe ; l’autre axé sur la réaffirmation solennelle de l’engagement des États envers la Convention européenne des droits de l’homme et l’ensemble des normes et valeurs du Conseil de l’Europe.

Frédéric Krenc, juge belge à la CEDH: « Le Sommet du Conseil de l’Europe à Reykjavik sera crucial”

Il s’agira d’un « recentrage » , commente la juriste Frédérique Berrod, professeure à Sciences-po Strasbourg, « d’un moment géopolitique » où se posera une question simple mais fondamentale : « Qu’est-ce que cela veut dire ‘vivre en Européen ?' ».

D’autres thèmes seront également abordés parmi lesquels la reconnaissance du droit à un environnement sain et durable comme droit humain fondamental – thème porté par les présidences irlandaise et islandaise – et l’articulation des droits humains avec l’Intelligence artificielle.

« Aucun crime ne restera impuni »

Quant à la question d’une concurrence potentielle du Conseil de l’Europe avec la Communauté politique européenne (CPE) lancé en novembre dernier par le président français Emmanuel Macron « elle ne se pose plus », affirme Marija Pejčinović Burić. « Les liste des pays membres se recoupent mais il n’y a pas de chevauchement », assure la Croate. Le Conseil de l’Europe est une organisation internationale qui défend les droits fondamentaux, la CPE traite des questions d’énergie et de défense, résume-t-elle.

Face à la Russie, la Communauté politique européenne s’essaie à voir les choses en plus grand

Autrement plus cruciale est la possibilité d’une coopération renforcée entre l’Union européenne des Vingt-sept et le Conseil de l’Europe des Quarante-six. « La relation n’a jamais été aussi bonne », affirment des observateurs qui en veulent pour preuve la venue à Reykjavik de Charles Michel, président du Conseil européen et Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission. L’Union européenne sera en tout cas au nombre des fondateurs du registre des dommages, comme l’a annoncé un tweet de la représentation permanente de l’Union auprès du Conseil de l’Europe publié le 11 mai dans la soirée. Et elle fournira « une première contribution volontaire » destinée à « une mise en place rapide » du mécanisme.

Mercredi, on saura quels États membres du Conseil de l’Europe s’associeront dès le départ au lancement de ce mécanisme dont le but est, au final, d’avertir le régime russe qu’ »aucun crime ne restera impuni » résume la secrétaire générale.