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Malgré les sanctions, Svetlana Maniovich mène la grande vie dans les pays européens : « Il ne faut pas s’attendre à ce que Poutine réagisse »

Constat : cette femme de 50 ans vit la belle vie depuis 20 ans, le plus souvent, dans les pays de cette Europe officiellement honnie par son militaire de mari. Elle passe ses vacances sur la Côte d’Azur, elle dépense des fortunes dans les magasins de luxe parisiens et s’offre régulièrement des week-ends hors de prix en Russie. À chaque dépense, le montant dépasse de loin les revenus annuels déclarés à l’État russe par le couple.

Des schémas de corruption liés aux infrastructures militaires

L’enquête menée par les opposants au Kremlin démontre que Timour Ivanov, chargé de la construction des infrastructures militaires, semble bénéficier d’un schéma de corruption, via les entreprises sous-traitantes du ministère, qui lui permet ainsi qu’à sa compagne, de vivre une vie de luxe. “Il ne faut pas s’attendre à ce que Poutine réagisse. Notre objectif est que les Russes, qui pourraient perdre des proches dans cette guerre que personne ne voulait, voient ces informations”, justifie Maria Pevchikh.

Né en 1975, Timour Ivanov a travaillé 13 ans dans des entreprises liées au gaz et au pétrole avant de rejoindre la mairie de Moscou en 2012. Dès 2013, il a pris la direction d’Oboronstroy, une entreprise de construction liée au ministère de la Défense, omniprésente dans les chantiers de la capitale. En 2016, il a été nommé vice-ministre de la Défense, en charge des constructions. Avant la guerre, son quotidien consistait à bâtir des bases militaires, écoles pour cadets, hôpitaux militaires, jardins d’enfants, bases sous-marines… C’est également lui qui est chargé du très stratégique chantier du futur cosmodrome russe “Vostochnyi”, un projet grandement ralenti par des affaires de corruption.

Svetlana Maniovich et Timour Ivanov
Svetlana Maniovich et Timour Ivanov ©Instagram zakharova_sveta

Une habituée des soirées “people” moscovites

Svetlana Maniovich est une star des magazines féminins russes, une habituée des soirées mondaines moscovites depuis les années 2000. Sa carrière est difficile à résumer tant la presse à scandale n’a cessé de la décrire sous le prisme de ses soirées et de ses amants. Diplômée d’une université d’économie, cette Moscovite a ensuite obtenu la gestion d’un magasin de luxe dans le centre de Moscou, qui a fait faillite quelques années plus tard. Elle a ensuite présenté une émission liée à la mode pendant quelques mois avant de cesser toute activité professionnelle. Les messages de sa boîte de réception montrent qu’elle passe désormais beaucoup de temps à gérer les factures et questions des ouvriers qu’ils emploient pour construire ou rénover leurs différents biens immobiliers, en Russie et en France.

Ce ne sont cependant pas ces fortunes mal acquises qui ont motivé les sanctions occidentales, mais bien le rôle tenu par Timour Ivanov au sein du ministère de la Défense. “Il se classe au dixième rang dans la hiérarchie générale de l’armée russe […] compte tenu de sa position clé dans la structure militaire de la Fédération de Russie, il est responsable de l’ensemble des opérations militaires de la Russie”, expliquait la fiche argumentaire de l’Union Européenne lors de l’annonce de la mise sous sanctions de M. Ivanov, en octobre 2022.

Un faux divorce pour contourner les sanctions

Vigilante, Maria Pevchikh note que ces mesures de rétorsion n’ont eu aucun effet. Quelques semaines avant l’ajout du militaire au huitième paquet de sanctions contre la Russie, le couple a formellement divorcé. Selon les enquêteurs de l’organisation d’Alexeï Navalny, Ivanov et Maniovich vivent pourtant toujours ensemble. Chose rare, les biens n’ont d’ailleurs fait l’objet d’aucun partage. Il y a quelques semaines, Svetlana Maniovich s’affichait encore sur Instagram en vacances à Courchevel, son passeport israélien aurait également contribué à compliquer l’attribution de sanctions. Enfin, prévoyant, le couple a enregistré une grande partie de ses biens russes et français au nom de leur chauffeur et de leur nourrice.

Dimanche, des partisans d’Alexeï Navalny ont réclamé, à Paris, que l’épouse du vice-ministre soit également placée sous le régime des sanctions, et le gel des avoirs du couple.

Demonstrators hold placards, including one (R) reading "why does Putin's ex-wife still have a house in Biarizza" near the residence of Russian Vice-Minister of Defense's wife Svetlana Ivanova during a rally organised by supporters of Russian opposition figure Alexei Navalny to denounce Ivanova's lifestyle, in Paris on April 23, 2023. - Maniovich and Ivanov reportedly divorced last year to circumvent international sanctions placed upon the deputy minister. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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