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L’époux de Nicola Sturgeon arrêté, le Parti national écossais en plein chaos

Ce mercredi, c’est son mari Peter Murrell qui a fragilisé un peu plus les indépendantistes. À dix heures du matin, dix agents de police se sont positionnés devant leur demeure de Glasgow, avant d’en interdire l’accès à l’aide de bannières. Une tente a été montée devant l’entrée. Au même moment, deux agents se sont positionnés devant l’immeuble du quartier général du SNP à Edimbourg tandis que d’autres inspectaient le bâtiment. La police a ensuite annoncé que l’ancien directeur exécutif du SNP avait été arrêté “en tant que suspect dans l’enquête sur le financement et les finances du SNP”.

Un rôle majeur en coulisse

Peter Murrell a joué un rôle majeur au sein de son parti depuis plus de vingt ans. Après avoir travaillé au sein du bureau de la circonscription du chef du SNP Alex Salmond, il est nommé directeur exécutif du parti en 1999. La première victoire électorale du SNP lors de l’élection parlementaire écossaise de 2007 avait d’ailleurs été attribuée au succès de son organisation. Il a été maintenu à son poste après le référendum perdu sur l’indépendance de 2014, sans doute en raison de sa relation avec celle qui a alors remplacé Alex Salmond : en couple avec Nicola Sturgeon depuis 2003, il l’avait en effet épousée en 2010.

Sa position est devenue compliquée en juillet 2021 lorsque la police a annoncé le lancement d’une enquête sur les finances du SNP. Des plaintes avaient été déposées quelques mois plus tôt sur l’utilisation de £666 953 (760 400 euros) de donations reçues pour mener campagne en faveur l’indépendance du pays, mais qui avaient disparu des caisses du parti et auraient donc été utilisées pour gérer le quotidien de la formation politique. Signe des difficultés financières de l’organisation, Peter Murrell avait accordé un prêt de £107 620 (123 000 euros) au SNP, officiellement pour “aider le parti avec ses liquidités suite à l’élection parlementaire” de mai 2021. Le trésorier du parti avait de son côté claqué la porte deux mois plus tôt en se plaignant de n’avoir pas pu avoir reçu “le soutien et les informations financières” nécessaires pour mener sa tâche à bien. Il regrettait de ne pas pouvoir “introduire plus de transparence” dans les comptes du parti.

Une enquête à l’origine de la démission précipitée de la Première ministre ?

L’arrestation de l’homme de l’ombre du SNP a fait l’effet d’un mini-séisme en Écosse. Le nouveau chef du parti et premier ministre Humza Yousaf, en poste depuis la semaine dernière, a admis que c’était “un jour difficile” pour les siens, tout en demandant aux Écossais d’attendre la fin de l’enquête pour tirer des conclusions. Preuve du malaise, Nicola Sturgeon avait de son côté quitté son domicile vingt minutes avant l’arrivée de la police et n’a pas commenté les événements depuis. Pourtant, les questions risquent de fuser : a-t-elle démissionné précipitamment de son poste en raison de l’avancée de cette enquête, même si elle a nié que tel était le cas et avait avancé qu’elle se sentait fatiguée et disposait de “de moins en moins d’énergie” après neuf ans à la tête du SNP ?

Les partis d’opposition ont de leur côté demandé à ce que le SNP collabore avec la justice et la police “de manière ouverte et transparente”. L’ancien homme fort du SNP, Alex Salmond, s’est déclaré “très triste de ce qu’il arrive” mais a n’a pas manqué l’occasion de rappelé que “les arguments en faveur de l’indépendance n’ont jamais été aussi forts” et que son nouveau parti, Alba, et lui s’y concentraient pleinement.

Nul doute que le double choc autour du couple Sturgeon-Murrell affectera la cause indépendantiste. Le SNP a d’ailleurs perdu depuis 2021 un tiers de ses 102 000 adhérents. Les planètes semblent en revanche s’aligner pour le parti travailliste britannique : gagner des sièges de députés en Écosse faciliterait grandement son retour au pouvoir lors de l’élection générale britannique, prévue l’an prochain.