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Le prix du pétrole s’envole après l’annonce surprise d’importantes baisses de production

Les prix du pétrole bondissent en ce début de semaine après l’annonce surprise par plusieurs grands pays exportateurs d’une réduction dès mai de leur production. Une baisse présentée comme une « mesure de précaution » pour stabiliser le marché, alors que les États-Unis appellent à une hausse en raison de l’inflation galopante. Les investisseurs redoutent que cette initiative accentue les tensions inflationnistes et pousse par conséquent les banques centrales à maintenir une politique restrictive plus longtemps que prévu.

Les prix du pétrole grimpent, ce lundi 3 avril. Le baril de Brent de mer du Nord, la référence mondiale, montait de 5,26% à 84,09 dollars et celui de WTI américain de 5,26% à 79,66 dollars vers 7h10 GMT.

À l’origine de cette hausse, la baisse de production annoncée dimanche par plusieurs pays producteurs. Dans le détail, l’Arabie saoudite va réduire sa production de 500.000 de barils par jour (bpj), l’Irak de 211.000 bpj, les Émirats de 144.000 bpj, le Koweït de 128.000 bpj, l’Algérie de 48.000 bpj et Oman de 40.000 bpj, ont déclaré chaque pays via leurs agences de presse officielles respectives.

Au total, ce sont environ 1,16 million bpj en moins, soit la plus importante réduction depuis octobre. Ces baisses auront toutes lieu à partir de mai jusqu’à fin 2023. Elles ont lieu « en coordination avec certains pays membres de l’Opep et non membres de l’Opep », selon le ministère algérien de l’Energie. Quant à la Russie, elle a annoncé de son côté continuer à réduire sa production de pétrole brut de 500.000 bpj jusqu’à la fin de l’année.

Volume surprise

Un haut responsable du ministère saoudien de l’Énergie, cité par l’agence saoudienne SPA, a justifié cette baisse comme une « mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier ». De son côté, le ministre émirati de l’Énergie, Souhail ben Mohammed al-Mazrouei, a évoqué « une initiative volontaire », selon l’agence de presse officielle émiratie WAM.

Les mêmes termes ont été, peu ou prou, repris par le ministère algérien de l’Énergie, pour qui la baisse relève d’une « réduction volontaire » et d’une « mesure préventive », d’après l’agence algérienne APS. Le vice-Premier ministre russe chargé de l’Énergie, Alexandre Novak, a évoqué quant à lui une période d’« incertitude » sur le marché de l’or noir, mettant en avant une « action responsable et préventive ».

Cette nouvelle coupe « intervient après que les prix du pétrole ont atteint en mars leur plus bas niveau en deux ans (…) à moins de 80 dollars pour le baril de Brent, un niveau inacceptable pour les membres de l’Opep+ », explique à l’AFP Ibrahim al-Ghitani, expert du marché pétrolier, basé aux Émirats.

Les réductions « changeront les mécanismes du marché et soutiendront les prix au-delà de leur niveau actuel », assure-t-il.

La demande en pétrole est menacée par « la perspective d’une haute inflation et des pressions récessionistes », signale Yesar al-Maleki, analyste au Middle East Economic Survey, mettant lui aussi en cause les remous suscités par la faillite de la banque américaine SVB et le sauvetage de Credit Suisse. Si la nouvelle baisse « n’est pas entièrement inattendue », affirme l’expert, elle « comporte un élément de surprise, en ce qui concerne les volumes ». Car ceux-ci « s’ajoutent à la coupe de 2 millions de bpj consentie en octobre 2022 et prolongée jusqu’à fin 2023 ». Il s’agissait alors de la plus importante réduction depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Risques de tension inflationniste

Cette nouvelle baisse de la production intervient malgré des appels des États-Unis à augmenter le nombre de bpj, sur fond d’inflation galopante. Et alors que la Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre son économie après s’être repliée sur elle-même pendant la pandémie de Covid-19. Les investisseurs redoutent d’ailleurs que l’initiative du cartel accentue les tensions inflationnistes et pousse par conséquent les banques centrales à maintenir une politique restrictive plus longtemps que prévu.

Une réunion par visioconférence du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), un panel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés (Opep+), doit en tout cas se tenir ce lundi 3 avril. En février, ses membres avaient « réaffirmé leur engagement » envers l’accord décidé en octobre pour soutenir les prix.

Avec agences