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Le président de la BBC démissionne parce qu’il avait oublié de déclarer qu’il avait aidé Boris Johnson à obtenir un prêt

Une violation des règles “par inadvertance”

Une enquête sur cette affaire avait été ouverte après que le Sunday Times a révélé que M. Sharp, avait aidé une de ses connaissances, Sam Blyth, à entrer en contact avec le Premier ministre Johnson, auquel M. Blyth voulait faire un prêt de 800 000 livres pour aider l’occupant du 10 Downing street à traverser les difficultés financières qu’il connaissait à ce moment.

Le rapport d’enquête souligne qu’en oubliant d’indiquer qu’il était intervenu pour que M. Johnson obtienne ce prêt, Richard Sharp avait risqué de donner l’impression qu’il n’était pas indépendant vis-à-vis de celui qui était alors Premier ministre. Les auteurs du rapport jugent aussi qu’il risquait de donner l’impression d’influencer Boris Johnson pour obtenir son soutien, en l’avertissant de sa candidature à la présidence de la BBC avant de la soumettre formellement.

Bien qu’il ait violé le code de l’institution qu’il préside concernant les nominations publiques, M. Sharp aurait pu, théoriquement, rester en poste. Insistant sur le fait qu’il a violé les règles “par inadvertance”, il est cependant arrivé à la conclusion que son maintien à la présidence n’était pas souhaitable pour l’image de la BBC, déjà bien écornée par une série de scandales et de polémiques.

Un proche du parti conservateur

Richard Sharp, 67 ans, est un compagnon de route du parti conservateur, dont il était un donateur. L’année précédente, il était encore conseiller de Rishi Sunak, lorsque celui-ci était chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances). À l’époque où il travaillait à la banque d’affaires Goldman Sachs, M. Sharp avait été le patron de l’actuel Premier ministre aux débuts des années 2000. Il connaît également très bien Boris Johnson, qu’il conseillait lorsque celui-ci était maire de Londres.

La liberté de parole de Gary Lineker met l’indépendance de la BBC à l’épreuve

M. Sharp quittera sa fonction à la fin du mois de juin. Le résultat de l’enquête indépendante contribue à jeter le doute sur l’impartialité de la BBC – une accusation qui, à la vérité, fuse de part et d’autre du spectre politique.

Des bancs de l’opposition, les voix du parti travailliste et des libéraux-démocrates se font entendre pour la nomination de son successeur ne soit pas un “fait du prince” politique, mais le résultat d’un processus indépendant. S’y joint celle de l’ancien footballeur international et présentateur vedette de l’émission Match of the day, Gary Lineker. Ce dernier avait été brièvement suspendu par la BBC pour avoir déclaré sur Twitter que le discours du gouvernement sur les migrations rappelait “le langage tenu en Allemagne dans les années 30.” Sur le même réseau social, M. Lineker a exprimé l’opinion que le président de la BBC ne devrait pas être choisi par le gouvernement, “ni maintenant, ni jamais”.