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La gestion de l’eau enflamme la France: le camp présidentiel face à une nouvelle controverse

Les autorités judiciaires ont décompté 56 blessés : 47 chez les gendarmes, sept chez les manifestants et deux chez les journalistes. De leur côté, les organisateurs ont dénombré plus de 200 blessés dans leurs rangs. Deux opposants sont toujours dans le coma. Les familles ont porté plainte pour tentative de meurtre et entrave volontaire à l’arrivée des secours.

Bassines: affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, plusieurs blessés graves (VIDEO)

Un événement, deux récits

Les investigations sur les causes des blessures des deux manifestants ont été confiées au parquet de Rennes. Pour l’heure, deux versions s’opposent sur le déroulement de la journée.

Présente sur place avec une vingtaine d’observateurs, la Ligue des droits de l’Homme a constaté “une utilisation disproportionnée de la force à l’encontre de l’ensemble des personnes présentes, et ce de manière indiscriminée. Plusieurs cas d’entraves par les forces de l’ordre à l’intervention des secours ont été constatés. Trois de nos avocats ont assisté à une conversation au cours de laquelle le Samu a indiqué ne pouvoir intervenir pour secourir un blessé en état d’urgence vitale, dès lors que le commandement avait donné l’ordre de ne pas le faire.”

Après la divulgation de cette conversation, la préfecture des Deux-Sèvres a réagi. “Il appartient aux forces de l’ordre, informées en temps réel de la situation, de définir si l’arrivée d’un véhicule de secours à un certain point est possible ou non de façon sûre pour lui. Il n’est donc pas surprenant que, si ces conditions de sécurité n’étaient pas réunies, les forces de l’ordre aient pu, pour certaines géolocalisations et dans certaines périodes, indiquer qu’un envoi d’ambulance n’était pas possible dans l’immédiat.” La préfecture a aussi rappelé qu’un médecin de la gendarmerie qui avait “porté secours à un participant blessé en urgence absolue, au milieu d’un groupe d’opposants agressifs” avait été “la cible de projectiles à son départ”.

Le ministre de l’Intérieur accusé de mensonges

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a lui aussi tenu à défendre les forces de l’ordre, qui “n’ont pas empêché les secours d’intervenir”, avant d’ajouter : “Non, les gendarmes n’ont pas lancé de LBD en quad. Seules des grenades lacrymogènes ont été tirées. Non, aucune arme de guerre n’a été utilisée par les forces de l’ordre à Sainte-Soline.”

Problèmes : des vidéos montrent un gendarme tirant avec un lanceur de balles de défense (LBD) depuis un quad et les forces de l’ordre ont bien utilisé des “matériels de guerre”, selon le Code de la sécurité intérieure, comme les grenades lacrymogènes GM2L, les grenades de désencerclement ou encore les LBD. Le ministre a ensuite annoncé, mardi, vouloir dissoudre le collectif Les Soulèvements de la Terre, un des organisateurs de la manifestation. Le lendemain, le Sénat s’est transformé en chaudron quand l’élu écologiste Thomas Dossus, présent à Sainte-Soline le 25 mars, a tancé Gérald Darmanin. “Vous mentez comme vous avez menti ici lors du fiasco du Stade de France. Dans quel pays, après avoir mis deux manifestants dans le coma, toute la chaîne de commandement ne s’interroge-t-elle pas sur la méthode de maintien de l’ordre ?” Avant que son micro ne soit coupé par le président du Sénat Gérard Larcher, Thomas Dossus a ajouté : “Vous êtes le ministre d’un pays où le président ne peut plus sortir de son palais, le ministre d’un pays fracturé par votre autoritarisme”.

Alors qu’une centaine de rassemblements contre les violences policières se sont tenus jeudi soir devant les préfectures, ce débat a trouvé écho jusqu’à Washington. Interrogé sur les accusations de brutalité policière en France et les critiques exprimées par des organisations comme le Conseil de l’Europe qui a déploré un “usage excessif de la force” lors des manifestations contre la réforme des retraites, un porte-parole de la Maison-Blanche a affirmé que l’exécutif américain “soutenait le droit de manifester pacifiquement là-bas comme partout ailleurs”.

Alors que la mobilisation des jeunes contre la réforme des retraites s’est durcie et que les controverses se multiplient, le camp présidentiel est fragilisé et ne parvient pas à éteindre les incendies malgré des contre-feux sur plusieurs fronts, comme le “plan eau” et l’annonce d’une hausse de l’aide aux étudiants boursiers.