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Donald Trump inculpé, va devoir « se rendre » à la justice

C’est la première fois qu’un ancien président ou président en exercice aux États-Unis fait l’objet de poursuites pénales. Il est notamment accusé d’avoir acheté le silence d’une actrice pornographique en 2016.

Le grand jury d’un tribunal de New York a voté l’inculpation au pénal de Donald Trump pour avoir acheté le silence d’une actrice de films pornographiques en 2016, un fait sans précédent pour un ancien président.

L’ancien locataire de la Maison-Blanche, qui rêve de la reconquérir en 2024, a été appelé à comparaître mardi, a indiqué vendredi à l’AFP son avocate.

« Nous nous attendons à ce que la lecture de l’acte d’accusation ait lieu mardi », a déclaré Susan Necheles dans un courriel, sans donner plus de détails.

Il devrait être formellement inculpé par la justice de l’État de New York et son procureur à Manhattan, Alvin Bragg, pour le versement de 130 000 $ US à l’actrice et réalisatrice de films pornographiques Stormy Daniels, rapporte notamment le New York Times et CNN, qui citent des sources proches du dossier.

La nature exacte des charges retenues contre l’ancien président n’est pas encore connue et l’acte d’accusation sera probablement annoncé dans les prochains jours, a rapporté le New York Times.

Le milliardaire de 76 ans a réagi en qualifiant ces accusations de « persécution politique et d’ingérence électorale au plus haut niveau de l’histoire ».

« Je suis sûr que cette chasse aux sorcières se retournera violemment contre [le président actuel] Joe Biden » , a-t-il indiqué dans une longue déclaration écrite. « Le peuple américain sait exactement ce que les démocrates de la gauche radicale sont en train de faire. Tout le monde peut le constater. Donc, unis et forts, nous vaincrons d’abord Alvin Bragg, puis nous vaincrons Joe Biden, et nous allons jeter chacun de ces démocrates véreux hors du pouvoir afin que nous puissions RENDRE À L’AMÉRIQUE SA GRANDEUR! »

Juste avant lui, l’un de ses fils, Eric Trump, a fustigé sur Twitter « un acte opportuniste visant un opposant politique en pleine campagne électorale ».

L’avocate de Trump, Alina Habba, a déclaré dans un communiqué que l’ancien président est « victime d’une version corrompue et déformée du système judiciaire et de l’histoire des États-Unis ».

« Personne n’est au-dessus de la loi », a répliqué de son côté l’avocat de l’actrice au centre de cette affaire. « L’inculpation de Donald Trump n’est pas un motif de réjouissance », a assuré Clark Brewster sur Twitter. « Maintenant, que la vérité et la justice l’emportent », a-t-il ajouté.

Depuis des années, la justice new-yorkaise cherche à déterminer si l’ex-président républicain de 76 ans s’est rendu coupable de fausses déclarations, une infraction mineure, ou de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé de l’argent à Stormy Daniels, juste avant sa victoire à la présidentielle de novembre 2016.

Dans quel but? Pour qu’elle taise une supposée relation extraconjugale 10 ans plus tôt en 2006.

Une comparution la semaine prochaine?

Selon la procédure pénale de l’État de New York, le procureur Bragg est en principe censé se conformer au vote d’inculpation du grand jury dont les débats sont confidentiels.

Dans les jours qui viennent, une fois formellement inculpé, l’ancien président Trump devrait en principe se rendre au tribunal de Manhattan pour se voir signifier par un juge sa mise en examen, être brièvement placé en état d’arrestation, photographié et avoir ses empreintes digitales relevées. Il devra alors plaider coupable ou non coupable.

Selon un avocat de M. Trump, Joe Tacopina, l’ex-président pourrait être appelé à comparaître devant le tribunal dès la semaine prochaine. Plusieurs sources ont affirmé à CNN que M. Trump doit comparaître le mardi 4 avril.

Un porte-parole du procureur Bragg a affirmé dans un communiqué que son bureau a contacté l’avocat de Donald Trump pour « coordonner sa reddition ».

L’homme clé du dossier s’appelle Michael Cohen : ancien avocat et désormais ennemi de M. Trump, il avait payé Stormy Daniels. Il a témoigné devant le grand jury, et l’actrice a aussi coopéré avec la justice.

Après avoir tenu en haleine l’Amérique pendant dix jours, cette inculpation au pénal de Donald Trump semblait encore ce jeudi ne pas devoir survenir avant la fin d’avril.

Une décision « contraire aux valeurs de l’Amérique »

La presse bruissait de rumeurs au début de mars d’une possible inculpation du milliardaire républicain. Il avait réussi un coup d’éclat politique le 18 mars en affirmant, sans la moindre preuve, sur son réseau Truth Social, qu’il serait arrêté et comparaîtrait devant un tribunal new-yorkais trois jours plus tard pour y être inculpé. Mais rien ne s’était passé.

Le pays a attendu dix jours cette mise en examen, un fait historique contre un ancien président américain.

Le Washington Post, Politico et le New York Daily News affirmaient encore mercredi, en citant des sources proches du dossier, que la justice ne devrait pas se prononcer avant le 24 avril.

Depuis le 20 mars, un grand jury − panel de citoyens aux pouvoirs d’enquête qui travaille de concert avec des procureurs et vote des inculpations − ne s’est réuni qu’à deux reprises et aucune autre convocation n’était prévue.

Les républicains ont rapidement réagi à cette nouvelle jeudi, le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a affirmé que la décision d’inculper Donald Trump a « causé un dommage irrémédiable à notre pays ».

« Le peuple américain ne tolérera pas cette injustice », a assuré le ténor républicain sur Twitter, qui a réprouvé un « abus de pouvoir sans précédent » de la part du procureur Bragg.

Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, principal rival républicain de Donald Trump − même s’il ne s’est pas encore officiellement déclaré candidat à la présidentielle de 2024 − a dénoncé l’inculpation comme étant « contraire aux valeurs de l’Amérique. »

Quant à Mike Pompeo, également pressenti pour 2024, il a jugé qu’en décidant d’inculper un ancien président, le procureur Alvin Bragg « sapait la confiance de l’Amérique dans notre système judiciaire. »

La cheffe du Parti républicain, Ronna McDaniel, a tweeté que l’inculpation était « un abus de pouvoir flagrant émanant d’un procureur concentré sur une vengeance politique au lieu d’assurer la sécurité de la population. »

« Pendant ce temps, New York, où Alvin Bragg est procureur de Manhattan, a atteint un nouveau record en matière de crimes l’an dernier », a affirmé le compte officiel du Parti républicain sur Twitter.