International

Dérapages racistes, ennuis judiciaires: un édile encombrant pour le clan Zemmour

”Je n’ai pas dit mon dernier mot” : Eric Zemmour sort du silence après la présidentielle française

Le parcours de celui qui flirte depuis longtemps avec l’extrême droite est jalonné de controverses, la dernière en date soulevée par un SMS aux termes très crus.

« Mamadou le bonobo qui montre ses fesses » : ce message révélé par Le Dauphiné Libéré vise son principal opposant au conseil municipal Mamadou Dissa.

« Je suis choqué, consterné », déplore cet élu de 56 ans, en annonçant à l’AFP son intention de porter plainte pour « injure raciste ».

https://www.lalibre.be/international/europe/2023/03/19/eric-zemmour-confie-avoir-ete-bon-copain-avec-melenchon-ce-dernier-lui-repond-ce-type-est-dingo-XO4W6J4ZJFH3NDKZAXOHJY74CI/

« Lorsque je demande un éclairage sur un sujet, le maire me dit +M. Dissa vous resterez dans le noir+, c’est ça la réalité des conseils municipaux », explique-t-il.

« Il n’est pas méchant Gérard, c’est vrai qu’il y a toujours des histoires avec lui, mais il fait partie du paysage », tempère André Faure, un retraité de 76 ans rencontré dans les rues de Charvieu-le-Haut.

Jean-Marie Le Pen au cœur d’une polémique sur la torture en Algérie : “Il a bel et bien participé et activement à la bataille d’Alger”

Samia Othman, elle, désespère. « On commence à le connaître celui-là, on sait tous ce qu’il pense et c’est fatigant », témoigne cette quinquagénaire sans emploi qui a toujours vécu dans cette cité de quelque 10.000 habitants.

« Décomplexé »

Par le passé, l’édile aux fines lunettes et à la moustache fournie, également conseiller départemental, s’est attiré les foudres des associations antiracistes avec ses délibérations polémiques.

Interdiction de l’enseignement de l’arabe et du turc, accueil de réfugiés sous condition de chrétienté, interdiction des menus de substitution à la viande de porc dans les cantines, couvre-feu pour les mineurs après des dégradations… La liste est longue.

Accusé par M. Dissa de distiller sa « haine », le maire n’a pas souhaité s’exprimer auprès de l’AFP. « Je suis à la limite mais je ne dérape jamais », a-t-il récemment assuré au Dauphiné.

Un député du Rassemblement national recadré par son parti après avoir inauguré une mosquée

« Dans les transfuges des gaullistes du RPR, surtout en Isère, ils ne sont pas si nombreux à être passés à des positions aussi extrêmes, mais M. Dézempte n’a pas de raison d’être moins décomplexé, ses électeurs lui font confiance depuis 40 ans », pointe le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite.

Aux dernières municipales, il l’avait emporté avec près de 64% des voix contre M. Dissa, l’abstention frisant les 50%.

Eric Zemmour condamné à une amende pour injure raciste envers l’ex-chroniqueuse Hapsatou Sy

« A l’ancienne »

Après son SMS, le président LR de l’Isère Jean-Pierre Barbier l’a exclu de la majorité départementale. Il « a ses opinions, que je ne partage pas. Si ce message est vérifié c’est un délit, donc il n’a pas de place dans notre majorité », explique-t-il à l’AFP.

L’horizon du maire s’obscurcit également côté judiciaire. Le parquet de Vienne a ouvert en juillet une enquête contre X pour « détournement de fonds publics, favoritisme et prise illégale d’intérêts », puis des perquisitions ont été menées le 15 mars à l’hôtel de ville.

L’enquête résulte d’un signalement de la Cour régionale des comptes (CRC), qui a fustigé sa gestion dans un rapport, pointant les conditions d’organisation d’une visite d’Éric Zemmour en novembre 2021, et des pratiques irrégulières diverses.

France: Mélenchon demande le retrait de la réforme et la démission d’Elisabeth Borne

La CRC a notamment pointé des signatures de la belle-fille et adjointe du maire « concernant son époux ou ses fils ».

« Ca va bien avec la figure du personnage politique à l’ancienne, qui reste dans une logique de fief féodal, de baronnie personnelle », souligne M. Camus.

Le maire avait déjà été condamné en 2013 pour « prise illégale d’intérêts » dans un dossier de parcelles foncières dont il est propriétaire. En 2015, il avait été relaxé en appel d’une condamnation pour discrimination envers un couple de Français d’origine maghrébine voulant acquérir un pavillon dans sa commune.

Contactés par l’AFP sur un éventuel « malaise Dézempte », les responsables de Reconquête n’ont pas donné suite.