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Blinken en Afrique pour contrer les avancées russes et chinoises – Actualités Tunisie Focus

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rendra la semaine prochaine en Afrique subsaharienne pour la première fois en dix mois, a annoncé jeudi le département d’État, soucieux d’y contrer les avancées de la Russie et de la Chine sur le continent.

Après quatre tournées frénétiques au Moyen-Orient depuis que la guerre a éclaté le 7 octobre après l’attaque du Hamas contre Israël, M. Blinken mettra le cap sur l’Afrique et visitera à partir de lundi le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et l’Angola.

M. Blinken parlera de croissance économique et comment «faire progresser les partenariats de sécurité fondés sur des valeurs communes telles que le respect des droits de l’homme, la promotion de la démocratie et l’extension de l’état de droit», a déclaré le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, dans un communiqué.

Il s’agira de son quatrième voyage en Afrique depuis sa prise de fonction. Lors de sa dernière visite en Afrique subsaharienne, M. Blinken était devenu le plus haut responsable américain à se rendre au Niger, dans l’espoir de défendre cette fragile démocratie, qui est aussi un pays en première ligne dans la lutte contre les jihadistes au Sahel.

Quatre mois plus tard, en juillet, les militaires déposaient le président élu, Mohamed Bazoum. Et le Niger s’est rapproché depuis de la Russie notamment sur le plan de la coopération militaire.

La Russie est, par l’entremise du groupe de mercenaires Wagner, également active au Mali, en Centrafrique et présumément au Burkina Faso.

Parlant à des journalistes jeudi, la sous-secrétaire d’État pour l’Afrique, Molly Phee, qui s’est rendue au Niger en décembre, a mis ce pays en garde contre le fait de suivre la voie du Mali.

«Ce n’est pas un modèle que je voudrais suivre», a-t-elle affirmé. «Nous avons fait nos preuves là-bas, et ils en sont bien conscients, et nous espérons qu’ils prendront la bonne décision».

La visite de M. Blinken interviendra dans le sillage de celle du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi qui s’est rendu mercredi en Côte d’Ivoire, dernière étape d’une tournée africaine qui l’a mené en Égypte, en Tunisie et au Togo.

Washington considère Pékin comme son principal rival stratégique et se présente comme un meilleur partenaire pour l’Afrique que la Chine, qui finance de grands projets d’infrastructures à coups de prêts.

Match de foot

Les États-Unis avaient accueilli en décembre 2022 un sommet des dirigeants africains à Washington promettant d’investir davantage sur le continent et le président Joe Biden avait dit vouloir s’y rendre en 2023, ce qu’il n’a pas fait.

Un tel voyage paraît désormais improbable en cette année électorale aux États-Unis.

La dernière visite d’un président américain en Afrique remonte à 2015, quand Barack Obama s’était rendu au Kenya et en Éthiopie.

A Abidjan, où il aura des entretiens avec le président Alassane Ouattara, M. Blinken fera un peu de «diplomatie du football» en assistant à un match au moment où la Côte d’Ivoire accueille la 34e Coupe d’Afrique des Nations.

Au Nigeria, première économie d’Afrique et siège de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. Blinken se rendra à Abuja pour rencontrer le président Bola Ahmed Tinubu, puis dans l’immense métropole de Lagos.

Quant à l’étape en Angola, important producteur de pétrole, les États-Unis cherchent à y développer leurs activités.

Le président Biden avait salué en novembre un partenariat entre les deux pays «plus important que jamais», après avoir reçu son homologue Joao Lourenço à la Maison-Blanche.

Les États-Unis ont en particulier investi dans le «couloir Lobito», un grand projet d’infrastructures reliant la République démocratique du Congo et la Zambie via le port de Lobito en Angola.

Le récent retrait de l’Angola de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), sur fond de désaccord sur les quotas de production pétrolière, devrait également être évoqué, tout comme les efforts de l’Angola pour mettre fin au conflit dans l’est de la République démocratique du Congo.

«Il y a des sujets à court terme mais c’est un investissement à long terme» pour les États-Unis, souligne Mark Green, ancien ambassadeur des États-Unis en Tanzanie et qui dirige le Wilson Center, un centre de réflexion à Washington.