France

Voyages : Pourquoi le prix des billets d’avion s’envole (et pourquoi ce n’est pas fini) ?

L’arrivée des beaux jours, des ponts de mai qui tombent enfin un lundi, l’envie de prendre l’air et de partir loin de votre boulot cet été… Les tentations pour se rendre sur le premier site de voyages venu afin de réserver un billet d’avion vers une destination de rêve ne manquent pas. Mais au moment de passer à l’achat, c’est plus la soupe à la grimace que le soleil des tropiques qui vous attend. Le ciel a un prix, et il est élevé.

Inutile vous flageller en vous disant que vous auriez dû vous y prendre plus tôt, ou que vous avez posé vos congés à des jours non-stratégiques. Car si ces critères jouent toujours, ce sont l’ensemble des billets qui ont vu leur prix monter vers la stratosphère. Selon un rapport de la Direction générale de l’aviation civile publié en début de semaine, le prix moyen d’un billet d’avion au départ de la France entre mars 2022 et mars 2023 a ainsi grimpé en moyenne de 24 %. C’est bien plus que l’inflation globale, à 5,7 % sur la même période, et même que l’inflation alimentaire (15,8 %), souvent citée.

Compensation du coronavirus

Toutes les destinations sont touchées. Les vols intérieurs (+ 23,1 %), comme ceux à l’international (+ 22,8 %). La hausse est particulièrement forte vers l’Outre-mer (+ 40%) et vers les destinations d’Europe occidentale (+38,4 %). Les long-courriers ne sont pas épargnés non plus (+ 19,8 %). Mais que se passe-t-il pour que les prix tutoient à ce point les cieux ? Première explication, un réajustement suite au coronavirus. Bertrand Vilmer, expert en aéronautique au cabinet de conseil Icare, rappelle que pendant la pandémie, les compagnies aériennes ont perdu 90 % de leur trafic. Et la reprise fut timide, beaucoup n’osant réserver de billets par peur que de nouvelles restrictions rendent leur voyage caduc. Pour rappel, en 2020, les Français ont passé 90 % de leurs jours de congé en France, contre 75 % en 2019 selon l’Insee, alors qu’il n’y avait eu quasiment aucune restriction de voyage tout au long de l’été.

Cette reprise timide « a poussé les compagnies à ne pas trop toucher à leurs prix au début, afin de ne pas repousser encore plus le client », poursuit Bertrand Vilmer. Mais désormais, les choses vont mieux. Le trafic dans les aéroports français a atteint en 2022 80,6 % des niveaux de 2019, selon la Direction générale de l’aviation civile. Et le rattrapage augmente mois après mois, preuve que le secteur retrouve une vraie bonne santé. « Les prix peuvent à nouveau être augmentés sans craindre de perdre trop de voyageurs », conclut l’expert.

Encore et toujours l’inflation

Ces années Covid ont également laissé des traces dans le nombre de liaisons aériennes entre deux villes. « En période de crise, les compagnies aériennes ont délaissé les vols les moins rentables pour se concentrer sur ceux qui marchaient le mieux. Il y a donc une réduction du nombre moyen de compagnies qui desservent une destination », continue Bertrand Vilmer. Et Nicolas Paulissen, délégué général de l’Union des aéroports français, de rajouter : « Moins il y a de concurrence, plus les compagnies restantes peuvent doper leur tarif. »

Mais impossible de parler hausse des prix sans citer aussi cette chère inflation. Si le tarif d’un billet d’avion augmente, ce n’est pas seulement parce que les compagnies se sentent libres de pouvoir le faire grimper, mais aussi parce que la matière première a flambé, en l’occurrence le kérosène. Alors que le gallon avoisinait 1,9 dollar tout au long de l’année 2019, il atteint 2,7 dollars en mars 2023, après un sommet à 4,1 dollars en juin 2022.

« Or, le kérosène représente environ un tiers du prix du billet. Sa hausse se ressent donc forcément » et fortement, indique Nicolas Paulissen. Plus globalement, l’inflation « entraîne une hausse de tous les coûts – énergie, menu dans les avions, salaires des pilotes, ce qui là aussi transparaît dans le prix final. »

Le pire est à venir

Autant de causes qui semblent parties pour durer. D’autant qu’un autre élément devrait alimenter cette hausse des prix : la transition écologique. Elle va devrait contraindre les compagnies aériennes à de gargantuesques investissements pour décarboner leur activité, vaste projet s’il en est. 

« Le transport durable va coûter plus cher aux compagnies, qui évidemment répercuteront cela sur le prix des billets d’avion », prévient Nicolas Paulissen. A titre d’exemple, rien que le carburant durable d’aviation (SAF) « coûte entre quatre et six fois plus cher que le kérosène ». Vu qu’on a déjà raconté l’impact du prix du carburant sur celui du billet, on peut se dire que le Paris-Naples ou le Marseille-Londres à moins de 100 euros appartient définitivement au passé.