France

Un bain d’huile pour refroidir les data centers de façon plus verte (et récupérer leur chaleur)

Une énorme cuve en inox remplie d’huile. Voilà le drôle d’équipement qui pourrait se déployer dans les prochaines années chez les entreprises ou collectivités disposant d’un important parc informatique. Ici, pas question de cuisiner des frites mais bien de s’attaquer à un problème très énergivore, le refroidissement des data centers, alors que le numérique est déjà responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France selon une récente étude de l’Ademe et l’Arcep.

Alors que les start-up rivalisent d’idées pour refroidir ces serveurs le plus efficacement possible, Hyperion mise sur la technologie naissante de l’immersion grâce à une sorte d’énorme aquarium, de 600 à 900 litres. « On va plonger le serveur dans ce qu’on appelle vulgairement de l’huile, qui est en réalité un fluide diélectrique et biodégradable, explique Xavier Colas, responsable des projets stratégiques au groupe mayennais Numains. Ce liquide a des caractéristiques particulières, et notamment celle de ne pas conduire l’électricité. »

Autre gros atout : pas besoin de climatiseur pour refroidir les salles, avec la promesse d’un gros gain sur la facture d’électricité qui serait divisée par deux, mais aussi d’une très faible consommation d’eau. Et cette solution se veut carrément vertueuse puisque « 90 % de la chaleur peut ensuite être récupérée, plutôt que de la dissiper bêtement », assure Xavier Colas qui se félicite d’avoir relevé ce défi technique, après une année de tests.

La corrosion limitée

« Avec un échangeur thermique, on peut ainsi réinjecter de l’eau chaude pour soulager la chaudière d’un bâtiment, poursuit le responsable, dont les équipes se répartissent entre Laval et Vannes. De premiers clients, des PME et des collectivités engagées en matière de RSE, se sont déjà manifestés. Il y a aussi ces personnes qui rénovent un moulin : elles veulent fédérer les besoins des entreprises environnantes en matière d’hébergement de données, ce qui pourrait permettre de chauffer les gîtes qu’elles comptent aménager. »

Hyperion, qui vient de lancer la commercialisation de ses cuves fabriquées en France, espère en déployer « plusieurs dizaines d’unités » dans l’Hexagone dans les trois prochaines années. Dans un deuxième temps, l’hébergeur se voit bien faire son trou à l’international, et notamment dans les pays chauds et humides. « En plus de s’inscrire sur la problématique mondiale des coûts de l’énergie, le fluide que l’on utilise limite la corrosion du matériel, vante Xavier Colas. On a moins de pannes, des équipements plus durables. »

Alors que plusieurs sociétés misent sur cette technologie de l’immersion, avec même l’utilisation d’huile de cuisson recyclée, Hyperion a « la prétention que l’ingénierie très poussée ait permis de développer la solution la plus performante qui existe aujourd’hui. »