France

Sur Facebook, les internautes se réjouissent de l’annonce de la démission de Macron… Mais c’est faux

Ce mardi se déroulait la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Et malgré les nombreuses mobilisations et oppositions, le gouvernement Borne ne flanche pas : cette réforme passera « quoi qu’il en coûte ».

Si le texte a été sauvé à coups de 49.3, Emmanuel Macron pourrait lui y laisser sa peau et être obligé de démissionner, estiment les internautes. Le scénario a été repris dans une vidéo relayée de nombreuses fois sur Facebook. Emmanuel Macron y annonce mettre fin à son mandat en tant que chef d’Etat. « Est-ce que c’est vrai ? », s’interroge-t-on sur les réseaux sociaux. En réalité, cette vidéo est une parodie publiée sur TikTok en septembre dernier et le discours a été largement détourné. 20 Minutes vous explique.

FAKE OFF

Initialement publiée sur TikTok, la vidéo semble à première vue être diffusée sur BFMTV. On retrouve les mêmes codes couleur, le même logo et le même onglet « direct » autour du reportage. Seulement, un détail visuel change : le célèbre bandeau où figure le titre du sujet a une police de caractères différente de celle utilisée habituellement. De quoi mettre la puce à l’oreille sur la véracité de ce qu’il sera dit par la suite.

En duplex, le journaliste raconte être devant les grilles du château de Versailles « où l’exécutif s’est réfugié sous très haute protection policière ». « Des milliers de personnes de tout âge sont en train de converger vers l’Assemblée nationale ». Puis, une annonce l’interrompt dans son oreillette. « On me le confirme à l’instant dans l’oreille, le chef de l’Etat va s’exprimer sur notre antenne ».

Un discours vu comme une nécessité

Emmanuel Macron apparaît alors devant un parterre de députés et commence son discours. « La constitution permet au président de la République de prendre la parole devant le parlement réuni à cet effet en congrès. Il est de ces heures où cette possibilité est une nécessité. Les heures que nous vivons sont de celles-là », avance-t-il.

Jusque-là le discours est plausible avec le contexte actuel, mais la suite est dénuée de tout lien avec la réforme actuelle des retraites. « Nous avons préféré le clientélisme, le conflit d’intérêts, tout ce qui relève d’une forme de corruption ordinaire, presque impalpable », dit encore le président.

La réapparition de ministres

Aussi, les images montrent plusieurs politiques reconnaissables et encore en poste aujourd’hui. On y voit par exemple le ministre de l’Economie Bruno Le Maire ou la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen. A contrario, d’autres présents ont depuis quitté la vie politique, à l’instar de l’ancien ministre du Logement Julien Denormandie.

D’autres détails ne concordent pas. Emmanuel Macron s’adresse à « Monsieur le Premier ministre », alors que le poste est actuellement occupé par une femme, Élisabeth Borne. Le son est également coupé par moments. Il semblerait bien que le discours ait été changé pour arranger les propos. C’est le cas quand Emmanuel Macron dit : « Le peuple nous a donné le mandat de lui rendre sa pleine souveraineté. Nous devons partir, il en est ainsi ». Ou encore : « Ce qui nous est demandé par le peuple, c’est de renoncer vous et moi ».

Un discours vieux de six ans

Les images datent en réalité d’un discours prononcé le 3 juillet 2017 à la tribune du Congrès, à Versailles. A l’époque, Emmanuel Macron présentait devant les députés et les sénateurs ses priorités pour son premier quinquennat.

On y retrouve bien certaines phrases prononcées dans la vidéo : « En son article 18, la Constitution permet au Président de la République de prendre la parole devant le parlement réuni à cet effet en Congrès. Il est des heures qui de cette possibilité font une nécessité, les heures que nous vivons sont de celles-là. […] Je veux aujourd’hui vous parler du mandat que le peuple nous a donné, des institutions que je veux changer, et des principes d’action que j’entends suivre », rappelait-il.

Une vidéo parodique

La vidéo semble surtout être une parodie, car la séquence du discours est suivie par des images humoristiques. « Les grands industriels français sont en train d’organiser l’exfiltration du désormais ex-président ». Parmi ces industriels, Vincent Bolloré est cité comme complice pour aider grâce à son yacht accompagné « par des rafales de l’avionneur Dassault ».

D’autres éléments sont également à prendre au second degré, notamment au début lorsque le journaliste annonce : « Nous sommes quelques journalistes à avoir rejoint le mouvement, les autres journalistes de la rédaction sont actuellement… dans les caves ». Il y a donc toutes les raisons de penser que cette vidéo est une satire ressortie au moment de la réforme des retraites.