France

Quatre questions sur l’affaire Carlos Martens Bilongo

Le député LFI Carlos Martens Bilongo fait l’objet d’une enquête pour des « soupçons de blanchiment de fraude fiscale » et « abus de biens sociaux », a annoncé jeudi le parquet de Pontoise. L’annonce de l’ouverture de l’enquête survient le jour de la publication du premier livre de l’élu, Noir Français (Ed. Philippe Rey), témoignage d’un « gamin de Villiers-le-Bel » sur « son histoire faite de luttes, de stratégies de survie, d’intelligence du terrain ». « Je suis ce jeune de 32 ans, militant associatif dans les quartiers populaires. Je sais que je dérange ! Car je suis ce Noir à l’œuvre dans les plus grandes institutions françaises », y écrit-il en conclusion. Voici trois questions sur cette affaire dont le jeune élu dit tout ignorer.

Qui est Carlos Martens Bilongo ?

Carlos Martens Bilongo, 32 ans, a été élu en juin 2022 sous l’étiquette de la Nupes, mettant fin aux 14 années de mandat du baron local François Pupponi, figure socialiste du Val-d’Oise qui avait rejoint le parti présidentiel. Le député noir s’est retrouvé en une de l’actualité en novembre lorsque le député RN Grégoire de Fournas a coupé une de ses interventions en lançant : « Qu’il retourne en Afrique ! », provoquant un incident d’une rare ampleur au Palais Bourbon.

Avant son élection, Carlos Martens Bilongo était professeur en économie, droit et gestion dans un lycée francilien. Il était également impliqué dans le monde associatif de Villiers-le-Bel, ville populaire du Val-d’Oise où il a grandi. Il s’est fait connaître dans son département pour ses prises de position aux côtés d’associations de défense de l’environnement qui dénoncent le projet de gare du futur métro du Grand Paris sur le Triangle de Gonesse.

Que lui est-il reproché ?

Le député LFI Carlos Martens Bilongo fait l’objet d’une enquête pour « soupçons de blanchiment de fraude fiscale » et « abus de biens sociaux ». Selon BFMTV qui a révélé l’information, l’Insoumis est soupçonné d’avoir dissimulé un peu moins de 200.000 euros aux autorités sur la période 2018-2022 et fait l’objet d’une procédure ouverte mi-avril à la suite d’un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement financier de Bercy.

Le député insoumis Carlos Martens Bilongo aurait, selon BFMTV, un temps sous-loué son logement social à sa sœur tout en étant propriétaire de deux appartements. Toujours selon la chaîne d’info en continu, le député LFI aurait « bénéficié jusqu’en décembre 2022, soit six mois après son élection, d’un logement social qu’il sous-louait à l’une de ses sœurs à Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise, alors qu’il était dans le même temps propriétaire de deux autres appartements ».

Il y a quoi, au juste, dans le signalement de Tracfin ?

Selon une source proche du dossier contactée par l’AFP, ce logement social est effectivement mentionné dans le signalement de Tracfin, lequel porte principalement sur les revenus non déclarés au fisc. Et selon BFMTV, les enquêteurs passent au crible plusieurs opérations suspectes. Le député aurait reçu des virements sur ses comptes bancaires et encaissé plusieurs dizaines de milliers d’euros en espèces alors qu’il a déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique » (HATVP) ne toucher aucune rémunération de ses sociétés.

Tracfin a également signalé à la justice un compte non-déclaré à l’étranger dont le député serait titulaire, selon BFMTV. Le parquet de Pontoise n’a pas souhaité communiquer davantage de détails sur l’enquête, également ouverte du chef de « manquement de déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique ».

Quelle est la réaction du député ?

Carlos Martens Bilongo a affirmé mercredi « avoir parfaitement respecté la loi ». « Rien n’a jamais été dissimulé », a-t-il assuré, en présentant des échanges avec son bailleur en 2019. A propos de son logement, Carlos Martens Bilongo a expliqué dans un communiqué « avoir bénéficié d’un logement social conformément à (ses) conditions de ressources », en 2013 « après le décès de (sa) mère, alors qu’ (il) étai (t) apprenti ». « En 2018, j’ai acquis deux logements avec des prêts immobiliers ; l’un en investissement locatif (…) l’autre pour mon futur logement personnel impliquant de lourds travaux qui ont été réalisés jusqu’à mon départ du logement social dans lequel je résidais avec ma sœur », poursuit-il.

Le député avance avoir « informé le bailleur social par écrit et par voie d’huissier en 2019 de toutes ces informations qui n’y a rien trouvé à redire ». « J’ai quitté le logement social pour habiter dans l’appartement à la fin de mes travaux et ma sœur a pu libérer le logement social à la fin de l’année 2022. J’ai donc parfaitement respecté la loi à tous égards et je n’ai pas habité dans un logement social après avoir été élu », affirme-t-il, sans mentionner une éventuelle sous-location à sa sœur.