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Maxime Gautier veut faire le « touw » de la Guadeloupe à pied en 72 heures

Sur Instagram, ils sont plus de 45.000 à suivre les pérégrinations de Maxime Gautier. Ce Guadeloupéen de 24 ans, féru de sport et d’adrénaline, explore de long en large son île natale à la recherche de rivières cachées et à l’assaut de falaises majestueuses pour « découvrir tout ce que la Guadeloupe cache en matière de nature et le mettre en lumière». Ce jeudi à 17 heures (heure de Guadeloupe, donc 23 heures en France hexagonale), il se lance dans sa plus grande aventure personnelle : faire le « touw » ( « tour ») de la Guadeloupe en 72 heures, soit 310 kilomètres à pied.

« Il y a une voix dans ma tête qui s’était dit que ce serait sympa comme défi », s’amuse-t-il. Il lui aura fallu quatre ans pour aller dans cette voie. Entre-temps, il s’est blessé et a lancé en septembre 2019 l’association Clean my island avec son meilleur ami Olmar. Ensemble, ils organisent des sessions de ramassages d’ordures à travers tout l’archipel, font de la sensibilisation dans les établissements scolaires et montent des actions coup de poing comme l’installation de 240 panneaux avec la mention « La Guadeloupe est trop belle pour devenir une poubelle », notamment dans les lieux touristiques. « Au total, on a ramassé un peu plus de 600 tonnes de déchets depuis nos débuts », se félicite Maxime.

Cinq gros défis comme préparation

« Je suis de ceux qui prennent des risques pour tenter de réaliser leurs rêves », confie-t-il. Pendant un an, il s’est préparé physiquement et mentalement, avec un mini-budget grâce à trois entreprises locales dont Jogger’s et Gémo. « J’ai mené la vie d’un athlète professionnel sans l’aspect professionnel puisque je n’ai pas gagné d’argent. En Guadeloupe, on est moins médiatisés que dans l’Hexagone et en Europe », regrette-t-il.

Mordu de trail depuis ses 13 ans, Maxime a dû se remettre dans le bain après six ans sans course. Il s’est lancé cinq gros défis à relever et qui lui ont « appris à gérer la dimension mentale ». Première étape : la Transkarukera Guadeloupe (90 km et 4.500 km de dénivelé positif), bouclée en 20h30 en juin 2022. Puis un tour cycliste de la Guadeloupe de 305 kilomètres réalisé deux mois plus tard en 11h15. Pour la troisième étape, il se concocte un Ironman en solitaire, avant de réaliser douze boucles de la Soufrière, le volcan de la Guadeloupe situé à 1.467 m d’altitude.

Le parcours du GR G1 (ou Trace des Alizées) entre les communes de Sainte-Rose et Vieux-Fort, que Maxime Gautier a réalisé en mars dernier.
Le parcours du GR G1 (ou Trace des Alizées) entre les communes de Sainte-Rose et Vieux-Fort, que Maxime Gautier a réalisé en mars dernier. – Google Maps / Maxime Gautier

Le 9 mars dernier, Maxime Gautier réussit son cinquième et dernier défi : faire l’aller-retour du GR G1 (ou Trace des alizés), « un enfer » selon le jeune aventurier. Ce sentier traverse l’île de Basse-Terre du nord au sud, des communes de Vieux-Fort à Sainte-Rose, en suivant la ligne de crête dans le Parc national de la Guadeloupe. Il est réservé aux randonneurs avertis, en raison du climat tropical humide de l’archipel et des parcours arides. « Personne ne l’avait jamais tenté. J’ai réussi en 78 heures. Ça représente 180 km et 11.600 km de dénivelé positif. C’est un bel exploit et une belle lutte psychologique face à moi-même », se souvient-il.

Entre les défis, Maxime s’entraîne presque tous les jours avec au programme de la course en forêt et sur le bitume, de la natation et du cyclisme. Côté renforcement musculaire et étirements, il a pu compter depuis le mois de janvier sur Jérémie Pierre, coach sportif et copropriétaire de la salle de sport Simply Crossfit à Jarry (Baie-Mahault). « Quelqu’un m’a dit qu’il allait faire ce défi et je lui ai envoyé directement un message en lui disant que j’allais effectuer ce tour de la Guadeloupe avec lui », raconte le coach. Il en fera finalement la moitié, la Basse-Terre, aux côtés de Maxime. « L’objectif sera atteint même s’il faut marcher ou ramper », rit le coach, qui espère ne pas se blesser en chemin. Le duo a appris à se connaître à travers des challenges partagés sur les réseaux sociaux et de longues sessions d’entraînements de 2 heures, quatre à cinq jours par semaine.

En apprendre plus sur soi

Depuis son enfance, Maxime Gautier adore crapahuter, et celle qui en parle le mieux, c’est sa maman Emeline. « A 15 ans, il est parti faire un trail. Il n’avait pas les bonnes chaussures mais il a continué pendant des heures avec les pieds en sang. Il a un physique et un mental hors norme », raconte-t-elle. Fière de lui, elle sera à ses côtés avec son frère, son meilleur ami Olmar et plus de 500 personnes qui ont rejoint un groupe WhatsApp pour le soutenir. « On a envie d’inspirer les gens à se dépasser à leur échelle. On les a donc invités à vivre leur défi et parcourir les kilomètres qu’ils veulent », explique Maxime. « Il n’aime pas dire « je », il dit toujours « on ». Il veut rester humble », fait remarquer sa maman Emeline.

Cette expérience a aussi une saveur particulière car « c’est un peu la finalité de mon chapitre en Guadeloupe avant de partir continuer ma vie de défis et d’exploration ailleurs ». Hyperexcité par « cet examen final », il va tout donner. « Il y a une part de moi qui n’a pas envie d’échouer, même si j’ai appris que l’échec fait partie de la réussite », philosophe-t-il.

Une carte de l'ultime défi de Maxime Gautier en Guadeloupe, le tour de la Guadeloupe à pied, soit 310 km à parcourir.
Une carte de l’ultime défi de Maxime Gautier en Guadeloupe, le tour de la Guadeloupe à pied, soit 310 km à parcourir. – Google Maps / Maxime Gautier

Comment imagine-t-il l’avenir ? Rempli de nouveaux défis aux quatre coins du monde, à défier les plus grosses compétitions d’ultra-trail comme l’UTMB, la Hardrock 100, le Marathon des Sables ou encore la Diagonale des Fous. Maxime rêve aussi du GR 20 en Corse, de faire un Tour de France à vélo, les randonnées de l’Hexatrek. « Et tout ce que je ne connais pas encore, conclut-il. Il y a trop de choses pour une seule vie mais j’en ferai le maximum. » Et aussi pourquoi pas côtoyer des athlètes qu’il admire comme Kilian Jornet ou encore Mathieu Blanchard, lui aussi né en Guadeloupe.