France

Nantes : L’incendiaire de la cathédrale condamné à quatre ans de prison ferme

Il a été autorisé à répondre aux questions du tribunal en restant assis, son visage émacié trahissant ses difficultés physiques. Emmanuel Abayisenga, 42 ans, a été condamné mercredi soir à quatre ans de prison ferme pour avoir déclenché volontairement, le 18 juillet 2020, l’incendie de la cathédrale de Nantes. Les dégâts avaient été très importants, l’édifice n’a d’ailleurs toujours pas rouvert au public, les travaux de restauration, estimés à 40 millions d’euros, devant se poursuivre pendant encore au moins encore un an.

Ce Rwandais de nationalité, qui est également mis en examen pour une autre affaire grave, celle de l’assassinat du prêtre Olivier Maire en août 2021 en Vendée, s’est montré peu bavard à l’audience mais a reconnu avoir mis le feu à la cathédrale à trois reprises, en commençant par le grand orgue. Bénévole pour le diocèse de Nantes, il possédait les clés du bâtiment et y était entré au petit matin « pour prier ».

« J’ai perdu le contrôle », indique-t-il, justifiant ses gestes par le souvenir d’une agression subie à la cathédrale un an et demi plus tôt (31 décembre 2018), agression qui lui a laissé des séquelles physiques et psychologiques. « Je regrette ce qui s’est passé. Je voulais donner ma contribution au pays qui m’a accueilli mais ça ne s’est pas passé comme ça », déclare le quadragénaire, qui a également demandé « pardon ».

« Une vaste colère et un sentiment de vengeance »

Arrivé en France en 2012 après avoir fui son pays natal, Emmanuel Abayisenga travaillait bénévolement pour des associations chrétiennes. Malgré le soutien du diocèse, il avait été débouté de ses différentes demandes d’asile. Il faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français depuis 2019. Le 18 juillet, quelques heures avant de déclencher l’incendie dans la cathédrale, il avait envoyé un mail à son entourage français dans lequel il se montrait affecté par cette obligation de quitter la France et par l’agression subie le 31 décembre 2018.

« C’est bien une vaste colère et un sentiment de vengeance lié à sa situation administrative qui est à l’origine de cette mise à feu consciente et méthodique », estime la procureure Véronique Wester-Ouisse. Dans son jugement, le tribunal correctionnel a finalement retenu ce mercredi soir une altération du discernement du prévenu.

Après avoir avoué être l’auteur de l’incendie, Emmanuel Abayisenga avait été mis en examen le 26 juillet 2020. Il avait passé dix mois en détention provisoire, puis avait été remis en liberté, sous contrôle judiciaire, dans l’attente de son procès. Un temps hospitalisé à la Roche-sur-Yon, il avait ensuite rejoint la congrégation des Missionnaires Montfortains, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée). C’est là-bas, le 9 août 2021, que le père Olivier Maire avait été assassiné.

L’incendie de la cathédrale de Nantes a notamment détruit le grand orgue et un tableau d’Hippolyte Flandrin du XIXe siècle