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Montpellier : Le transport d’échantillons sanguins par des drones sera expérimenté cet été

On n’est pas encore dans Le cinquième élément, mais presque. A Montpellier (Hérault), le groupe Inovie, acteur phare du diagnostic médical en France, et Instadrone, une entreprise spécialisée dans les prestations techniques avec des drones, expérimenteront cet été des livraisons via ces petits aéronefs à hélices. Mais il n’est pas question, comme Amazon ou Pizza Hut l’ont fait avant eux, d’acheminer des colis ou des Quatre fromages.

Avec Innov ATM, une société experte dans le développement d’intelligences artificielles facilitant l’inclusion de drones dans l’espace aérien, Inovie et Instadrone évalueront la pertinence d’utiliser des drones pour transporter des échantillons biologiques, notamment des produits sanguins, d’un laboratoire, à Garosud, jusqu’à la clinique Saint-Jean, à un peu plus de 2 km. Les aéronefs, équipés d’un petit casier, voleront à, environ, 70 à 80 mètres du sol. Ils seront à peine perceptibles à l’œil nu. Et inaudibles.

Avec, puis sans pilotes !

Ce test se fera en deux étapes. « Une première, durant laquelle les drones seront pilotés par des pilotes professionnels, explique Cédric Botella, le fondateur d’Instadrone. Il y aura un pilote sur le site A, et un autre sur le site B, qui réceptionnera le drone. Puis, pour la deuxième étape, tout sera automatisé. Nous n’aurons pas à toucher aux drones. »

Voilà plusieurs années, chez Inovie, que l’on songe à passer par les airs, pour faciliter ces transports. « Depuis le moment où nous avons pensé à ce dispositif, les technologies ont évolué, la réglementation aussi, et nous avons jugé que c’était, aujourd’hui, le bon moment pour l’expérimenter », confie Thomas Hottier, médecin biologiste et directeur général d’Inovie. Cette innovation, si elle s’avère convaincante, permettra aux laboratoires et aux établissements médicaux de gagner un temps précieux sur les livraisons.

« 5, 10 ou 15 minutes, pour la vie d’un patient, cela peut être important », confie le docteur Thomas Hottier

« Même si, parfois, nous ne sommes pas très loin, 5, 10 ou 15 minutes, pour la vie d’un patient, cela peut être très important, poursuit Thomas Hottier. L’objectif est d’essayer d’optimiser au maximum le temps d’acheminement. » Les délais de livraisons, par des drones, sont divisés « par deux, voire par trois s’il y a des embouteillages », explique Cédric Botella. L’autre avantage de ces aéronefs, c’est qu’ils permettront de « décarboner » le transport sanguin, qui est, d’ordinaire, assuré à moto ou en voiture.

Voilà une dizaine d'années qu'Amazon expérimente les livraisons via des drones.
Voilà une dizaine d’années qu’Amazon expérimente les livraisons via des drones. – AP/SIPA

Il y a, toujours, avec les drones, des risques d’incidents. Mais ils sont infimes. « Dans le but de minimiser tous les risques, nous mettons en place tout un tas de précautions, confie le fondateur d’Instadrone. Ces drones sont, notamment, équipés de parachutes. S’il y a un problème, ils se déclenchent. Par ailleurs, les aéronefs évoluent dans des couloirs aériens précis. Ils ne peuvent pas en sortir, c’est impossible. Le logiciel les en empêche. Enfin, les drones seront équipés de capteurs, qui permettent de connaître leurs positions précises, et surtout, de communiquer avec les autres aéronefs habités. Un hélicoptère du Samu, par exemple, saura, en temps réel, où se trouvent les drones. »

« Ce n’est pas de la communication, ni du marketing », indique Cédric Botella, le fondateur d’Instadrone

La difficulté, pour ce test à Montpellier, c’est qu’Instadrone interviendra, contrairement aux autres expérimentations menées ailleurs, sur une zone urbaine. « Il y a, évidemment, des zones habitées, au sol, explique l’entrepreneur héraultais. On a besoin de beaucoup, beaucoup plus de niveaux de certification et de sécurité que dans d’autres cas. »

Le transport d’échantillons sanguins par des drones, « ce n’est pas de la communication, ni du marketing, précise Cédric Botella. On ne livre pas des pizzas ou des bières. Ce sont des livraisons biomédicales. Il y a un intérêt vital. » Si l’expérimentation menée dans les prochains mois est réussie, les acheminements d’échantillons biologiques via des drones pourraient être mis en place à partir de 2024, à Montpellier, mais aussi dans les autres sites en France gérés par le groupe Inovie. Ce serait une première.