France

Le « trimestre anti-inflation » est-il efficace ?

Le « trimestre anti-inflation » promu par le gouvernement est-il efficace ? A-t-il permis de faire baisser certains prix dans les supermarchés ? Alors que l’inflation galopante n’a pas l’air de vouloir ralentir, le ministère de l’Économie et l’association de consommateurs UFC-Que Choisir affichent leur désaccord sur l’efficacité du dispositif.

Pour tenter d’endiguer l’inflation dans les rayons des supermarchés – encore mesurée à près de 16 % sur un an en mars –, le gouvernement avait dans un premier temps tenté de constituer un « panier anti-inflation » devant permettre de comparer les prix entre enseignes. Face à l’opposition des entreprises, l’opération était devenue un « trimestre anti-inflation », trois mois à partir du 15 mars lors desquels les supermarchés s’engageaient à vendre une sélection de produits au « prix le plus bas possible », formule leur laissant une grande liberté de manoeuvre.

Une baisse de « 13 % » ?

Le 10 mai, la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire a affirmé que, « en moyenne depuis sept semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13 % dans le panier », revendiquant s’appuyer sur des chiffres de la Répression des fraudes (DGCCRF).

Son cabinet a ultérieurement précisé à l’AFP que ce chiffre correspondait « à l’évolution des prix » entre la semaine du 6 mars et celle du 24 avril « pour les produits du trimestre anti-inflation des enseignes Auchan, Carrefour hyper et supermarchés, Casino, Franprix, Système U et Cora ». Mais lundi, l’influente association de consommateurs UFC-Que Choisir a assuré que « malheureusement, cette déclaration est fausse ».

Des augmentations chez certaines enseignes

L’association indique avoir « passé en revue les évolutions de prix d’un large échantillon de produits des paniers anti-inflation (entre 50 et 150 références selon l’enseigne), entre le 23 mars et le 10 mai, pour les cinq enseignes » participant à l’opération. Bilan : hausse moyenne de 1,5 % chez Intermarché, de 1,4 % chez Casino, de 1 % chez Système U, stabilité chez Carrefour et baisse ténue chez Auchan, de 0,3 %.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, interrogé sur BFMTV et RMC, a dénoncé « une méthodologie malhonnête », l’UFC-Que Choisir prenant comme base de comparaison le 23 mars, soit « après le début de l’opération », a-t-il déploré. Le cabinet d’Olivia Grégoire insiste sur le fait que le « trimestre anti-inflation » a été « conçu pour que les prix arrêtent d’augmenter voire baissent par rapport à leur niveau d’avant la mise en œuvre du trimestre ».

Une réponse inadéquate à l’inflation ?

Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation à l’UFC-Que Choisir, s’est défendu : « Nous avons réagi à la déclaration d’Olivia Grégoire évoquant la baisse sur les sept dernières semaines », d’où la comparaison de prix débutant le 23 mars. « Nous pouvons faire le même exercice depuis le 1er mars, on trouve les mêmes résultats à l’exception de l’enseigne Casino qui a effectivement baissé ses prix à ce moment-là », assure-t-il. Une baisse de prix qui s’inscrit dans une réorientation globale de la politique commerciale de l’enseigne.

Grégory Caret estime en outre que l’opération n’est « probablement pas la réponse adéquate à l’inflation », les paniers comportant « peu de produits et pas forcément ceux que vous avez l’habitude de mettre dans votre panier ». Le gouvernement, qui tente en parallèle de pousser les grands industriels de l’agroalimentaire à renégocier à la baisse les prix de leur production avec les supermarchés, a déjà annoncé vouloir prolonger au-delà du 15 juin le « trimestre anti-inflation », sous une forme qui reste toutefois encore à déterminer.