France

La Ville de Paris continue de tester un nouvel asphalte à réduction de bruit et de chaleur

Paris continue de tester son asphalte antibruit et antichaleur. Cofinancé par l’Union européenne, la Ville de Paris et ses partenaires, les entreprises de travaux publics Colas et Eurovia, et Bruitparif poursuivent leur programme « Life cool & Low noise Asphalt », lancé en 2018.

Ce vendredi, Dan Lert, Adjoint d’Anne Hidalgo chargé de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie, et Jeanne d’Hauteserre, maire du 8e arrondissement, étaient sur l’un des sites pilotes du projet, la rue de Courcelles, pour tirer un bilan, quatre ans après l’installation du nouveau revêtement.

Le bruit ressenti par les habitants divisé par deux

« Les retours des riverains sont très bons, commente la maire d’arrondissement, ils demandent un peu plus de calme dans cette rue très fréquentée et à la circulation dense. » Depuis 2019, le nouveau revêtement de test a été installé sur 200 mètres, entre l’entrée du Parc Monceau et la Pagoda Paris.

Appelé BBPhon +, ce nouvel habillage, développé par le laboratoire de recherche et développement de Colas, semble faire ses preuves puisque les évaluations montrent une baisse de 3 décibels du bruit de la circulation par rapport à un revêtement normal. « C’est l’équivalent d’une diminution par deux du bruit ressenti par les habitants des logements qui donnent sur la rue », explique Dan Lert.

« Le bruit est capté directement à la source, détaille Philippe Barrière, ingénieur R & D chez Colas. Le bruit généré par le pneumatique sur la chaussée est atténué soit par la porosité du revêtement qui capture le son, soit par la rugosité de la chaussée, qui va lutter contre les aspects de choc du pneumatique. »

Le bitume se heurte aux pavés

Face au succès de ce test, Jeanne d’Hauteserre, comme les riverains, souhaite étendre le revêtement dans la rue. Mais plusieurs obstacles se dressent devant une telle initiative. Le premier, nerf de la guerre, est le coût des opérations. Les tests dans vingt rues de Paris, sur 80.000 m2 de route, ont coûté 2,5 millions d’euros et sont en grande partie financés par l’Europe. De manière globale, un tel revêtement coûte entre 2 et 8 % plus cher qu’un enrobé classique, selon Dan Lert.

Mais surtout, comme c’est le cas dans la rue de Courcelles, il faut s’employer à enlever les pavés. Une charge supplémentaire, mais surtout une perte pour le patrimoine parisien, selon la Commission du Vieux Paris. « Nous comprenons l’aspect historique et l’attachement aux pavés. Mais ils ont été installés à une époque où l’on se déplaçait à cheval et avec des calèches, argumente Jeanne d’Hauteserre. Aujourd’hui, le trafic n’est plus le même, d’autant que la limitation à 30 km/h, censée limiter le niveau sonore, est peu respectée. »

Encore des améliorations sur la chaleur

Un autre obstacle provient du revêtement en lui-même. Destiné à réduire les îlots de chaleur urbains par ses caractéristiques, le nouveau venu n’a pas encore entièrement fait ses preuves. Un degré de moins constaté autour du secteur de test. C’est positif, mais en-dessous des 3 degrés initialement visés.

L’équipe R & D de Colas travaille toujours sur ce projet : « C’est très complexe de mesurer en situation réelle. Nous avons lancé des tests en laboratoire pour tenter de le quantifier. Mais on n’a pas encore démontré l’avantage important de mettre des granulats clairs en matière de confort thermique », explique l’équipe de Colas, qui envisage des granulats qui blanchiraient la surface avec l’usure, permettant ainsi de moins retenir la chaleur.

« C’est un problème de santé publique, témoigne Dan Lert, on sait que la chaleur en été provoque des problèmes de sommeil important. Nous allons vers des périodes à vingt jours de canicule par an, qui vont transformer le climat de Paris et le rendre semblable à celui de villes comme Séville. »