France

JO de Paris 2024 : Défilé, épreuves… Quel sort pour les péniches et bateaux-mouches sur la Seine ?

On nous promet du grandiose. Pour le démarrage des Jeux olympiques de 2024, qui aura lieu le 26 juillet de l’année prochaine, les organisateurs voient grand. « Audacieuse, originale et unique », la cérémonie d’ouverture « marquera l’histoire olympique de grandes premières ».

Et pour cause, pour la première fois dans l’histoire des Jeux modernes, elle n’aura pas lieu dans un stade. Le théâtre de la cérémonie sera la Seine, où 10.500 athlètes défileront sur une centaine de bateaux et devant 600.000 spectateurs. Un véritable triomphe romain.

116 bateaux, dont 98 % de Parisiens

Mais cette gigantesque procession demande de la place et de l’organisation. Or, le fleuve est déjà bien occupé en temps normal. Péniches, bateaux-mouches, fret fluvial ou bateaux-restaurants, tous vont devoir se plier à la réalité des Jeux et s’inquiètent de la place qu’ils vont y tenir.

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques (le « Cojo ») confirme à 20 Minutes que les bateaux de la Seine seront bien sollicités. Pour la cérémonie d’ouverture, une flotte principale de 116 bateaux sera déployée pour transporter officiels et délégations, dont « 98 % provenant de l’environnement parisien ». Une flotte secondaire s’infiltrera également pour permettre la retransmission télévisuelle, et aux journalistes et photographes d’être au plus près de l’action.

Une vue aérienne de la projection de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Paris 2024.
Une vue aérienne de la projection de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024. – Getty Images

« Certains bateaux sont déjà sélectionnés », explique Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris, l’association des acteurs économiques et culturels du fleuve. Impératif pour participer : avoir une grande terrasse en plein air : « C’est un show pour les spectateurs et pour les télévisions. Il faut pouvoir voir les athlètes. »

Vedettes et péniches « réquisitionnées » et indemnisées

« Le patron nous a dit qu’on transporterait une délégation, mais on ne sera informés du pays qu’à la dernière minute pour des questions de sécurité, s’amuse Nathan*, employé sur un bateau-restaurant, qui a déjà hâte d’y être.

Pour l’occasion, le Cojo assure avoir mis en place « une politique de contractualisation unique pour toutes les compagnies identifiées : des tarifs forfaitaires, transparents et équitables ». De quoi faire participer les « locaux » et les dédommager. Habile.

Car ces vaisseaux vont être « réquisitionnés » en amont de la cérémonie, comme le confirme Paris Seine, propriétaire d’une dizaine de bateaux, dont six défileront dans ce qui s’annonce être un véritable ballet : « Pendant toute la semaine précédente, nous allons travailler l’organisation et la synchronisation. » 

Les laissés-pour-compte espèrent encore

Tout semble en place pour que spectateurs et acteurs puissent se régaler. Pour les autres en revanche, c’est la soupe à la grimace. « Notre restaurant n’a ni terrasse, ni moteur, souffle Chloé* depuis la passerelle de son esquif, qui flotte aussi dans le centre de Paris. Autant dire que pour nous, ce sera à la télé. » Car en plus de ne pouvoir participer à la grande messe, le restaurant ne pourra probablement pas ouvrir ses portes pour accueillir de la clientèle. « À cause de Vigipirate, nous serons fermés. Même nous, employés, ne pourrons pas accéder au quai. » Une désillusion pour ces commerçants qui accueillaient les JO avec bonheur.

Le parcours du défilé de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Paris 2024 sur la Seine.
Le parcours du défilé de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024 sur la Seine. – Comité d’organisation des Jeux olympiques

Reste l’espoir d’une sollicitation d’On Location**, l’entreprise chargée de toutes les hospitalités de Paris 2024, pour accueillir des VIP ou un événement le jour J. Une incertitude dans laquelle est plongée une grande partie de l’armada parisienne, qui ne peut participer à la cérémonie d’ouverture.  « C’est très délicat d’en parler parce que ça négocie  »sec ». Nous discutons avec le Cojo et les organisations d’armateurs pour avoir soit un rôle rémunéré, soit une indemnisation », explique le porte-parole d’un grand armateur de la Seine.

Une négociation qui a démarré à la fin de l’année 2021 pour les bateaux-logements, ces péniches de particuliers qui donnent un aspect bucolique au fleuve. Sur la centaine recensée, 21 ont été identifiés par l’organisation comme « devant faire l’objet d’un déplacement pour le bon déroulement des séquences de débarquement des athlètes » qui aura lieu sur quelques centaines de mètres au niveau du Trocadéro, près du Pont d’Iéna.

Une vingtaine de péniches déménagées à Boulogne-Billancourt

Leur sort est réglé puisqu’ils seront déplacés à Boulogne-Billancourt par la préfecture de police de Paris, et « Paris 2024 » prendra intégralement à sa charge les opérations de déplacement et de relocalisation. « Ils auront le choix entre un séjour à l’hôtel ou en location meublée au frais de l’organisation. Mais ils peuvent très bien décider de rester dans leur logement une fois celui-ci relocalisé », confie une source du Cojo.

Reste qu’une telle organisation regorge d’une multitude de détails qui restent encore en suspens. D’où l’inquiétude avouée de tous les acteurs contactés à ce sujet. Notamment des professionnels du fret pour qui les Jeux arrivent en pleine « campagne des céréales », et pour le BTP pour qui la Seine est un couloir indispensable au bon fonctionnement en Île-de-France.

Ils peuvent toutefois se rassurer pour la suite des Jeux, assure Olivier Jamey. La Seine n’a pas vocation à rester fermée à toute circulation pendant la durée des festivités. « Toutes les épreuves qui auront lieu sur la Seine (triathlon, nage en eau libre…) se termineront à 11 heures du matin au plus tard pour les Jeux olympiques et midi pour les Paralympiques de manière que les activités puissent reprendre une heure après. »

*Les prénoms ont été changés à la demande des personnes interrogées

**Contactée par « 20 Minutes », la société On Location n’a pas encore répondu à nos sollicitations