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Italie : « C’est une libération »… A Naples, le Scudetto s’accompagne de la fête du siècle

On tient peut-être la plus grande folie furieuse de l’histoire du football, avec ce troisième sacre en Serie A du Napoli. Les images aériennes de la ville, où se sont subitement déclenchés des dizaines et des dizaines de feux d’artifice jeudi soir, ont déjà fait le tour du monde. Dans le même temps, on ne compte plus à Naples les voitures paradant avec une quinzaine de passagers à bord, pour fêter le Scudetto remporté par leur équipe de cœur, grâce à un but de l’inévitable Victor Osimhen sur le terrain de l’Udinese (1-1). « C’est incroyable, ça fait tellement longtemps… Regardez l’ambiance, c’est fou ! On va faire la fête toute la nuit, toute la semaine même ! », s’enflamme Facundo Quense, un supporteur de 33 ans, dans une fusion de klaxons, de fumigènes et de feux d’artifice.

Il y a encore une petite place au chaud sur la banquette arrière messieurs, non ?
Il y a encore une petite place au chaud sur la banquette arrière messieurs, non ? – Alberto PIZZOLI / AFP

Trente-trois ans après avoir été champion d’Italie avec Diego Maradona, Naples remet enfin ça, et la ville s’est embrasée comme jamais pour l’occasion. « C’est une libération ! Il faut le vivre. Maintenant, c’est la fête, la fête, la fête ! C’est une année totalement dingue », s’époumone Laura Curcio (25 ans), totalement comblée par la saison parfaite de son club, qui a survolé la Serie A et qui s’est également hissé en quart de finale de Ligue des champions.

55.000 supporteurs ont vécu le match au stade

Dès le début de soirée, des milliers de tifosi, munis de drapeaux, écharpes et banderoles aux couleurs ciel et blanc, ont rempli les rues du centre-ville de Naples, klaxonnant avec des cornes de brume et chantant « Vinceremo il titolo » (Nous gagnerons le titre). Dans les ruelles étroites, ils se sont massés autour d’écrans de télévision, installés sur les terrasses et les places, devant les églises. Quelque 55.000 supporteurs ont également pris place dans le stade Diego-Maradona pour suivre le match sur des écrans géants. C’est là qu’ils ont vécu l’égalisation (1-1, 52e) d’un Victor Osimhen monstrueux tout au long de la saison.

Ces dernières semaines, le Scudetto paré des couleurs ciel et blanc était déjà partout : aux fenêtres, aux balcons, sur de grandes bannières attachées de part et d’autre des rues, peint sur les murs, enroulé autour des troncs d’arbre, flottant sur les voitures et les scooters, les tabliers des serveurs et même les poussettes des bébés. « Cela fait trop longtemps qu’on attend, rappelle Antonio De Roma, un étudiant de 20 ans. C’est fou car en 1990, Maradona avait gagné le Mondial avec l’Argentine et le Scudetto avec Naples. Mes parents me parlaient de ça, et aujourd’hui je le vis. »

« Le football est vraiment dans notre ADN »

La fête s’écrit en effet au présent, et elle n’est pas près de cesser du côté de Naples, où les joueurs seront célébrés à leur retour ce vendredi, puis dimanche pour la réception de la Fiorentina en championnat. Echarpe sur le dos et bouteille de bière à la main devant l’église de Sant’Angelo a Nilo, Alessandro De Luca (19 ans) était prêt pour cet enchaînement de dingo jeudi soir.

Ça fait des années qu’on se sent relégués au second plan derrière les équipes du nord. Je n’ai pas connu les trente-trois ans de disette, mais j’ai versé des larmes pour cette équipe et j’ai pleuré pour les défaites comme pour les victoires. Et aujourd’hui je pleure. »

« Le football est vraiment dans notre ADN, nous sommes italiens, mais surtout napolitains, renchérit Antonio Esposito (65 ans), sous la célèbre fresque géante dédiée au Pibe de Oro, dans les quartiers espagnols. Cette victoire est encore plus belle que la première en 1987. On sent que Maradona est avec nous et qu’il nous protège. »

Comme de nombreux Napolitains, il a enfilé un maillot bleu ciel à son chien. « Lui aussi est un supporteur, il suit tous les matchs », rit Antonio Esposito. Un exemple de plus de la folie qui entoure Naples lorsqu’il s’agit de football. A 67 ans, Carlo Antonio Cajan annonce sereinement que la fête va d’ailleurs durer « pendant quinze jours voire un mois ». Ça va faire un paquet de vidéos incroyables à vous relayer cette affaire.