France

Inondations, sécheresse, incendies… La menace El Nino va-t-elle transformer la Terre en enfer ?

Dangereux chassé-croisé. Alors que l’épisode particulièrement long de La Nina devrait prendre fin, il sera probablement remplacé par son cousin El Nino, qui provoque les effets inverses et notamment une hausse des températures, une sécheresse accrue dans certaines parties du monde et de fortes pluies dans d’autres. L’organisation météorologique mondiale (OMM) appelle ainsi à « se préparer. »

C’est quoi El Nino ?

El Nino est un phénomène climatique naturel qui se produit en moyenne tous les deux à sept ans et dure généralement de neuf à douze mois. Il est associé au réchauffement des températures de surface de l’océan dans le centre et l’est de l’océan Pacifique tropical.

Le phénomène météorologique provoque en général une hausse des précipitations dans certaines parties du sud de l’Amérique du Sud, du sud des Etats-Unis, de la Corne de l’Afrique et de l’Asie centrale. El Nino peut par ailleurs provoquer de graves sécheresses en Australie, en Indonésie et dans certaines parties de l’Asie du Sud.

Pendant l’été boréal, le réchauffement des eaux de surface provoqué par El Nino peut également alimenter les ouragans dans le centre et l’est de l’océan Pacifique, tout en empêchant la formation d’ouragans dans le bassin atlantique, a expliqué l’OMM.

A quoi s’attendre cette année ?

Il n’y a pas deux El Nino identiques et leurs effets dépendent en partie de la période de l’année, a indiqué l’OMM, ajoutant qu’elle et les services météorologiques nationaux suivraient de près les développements du prochain épisode annoncé.

La dernière fois qu’il a fait son apparition, c’était en 2018-2019 avant de laisser la place à un épisode particulièrement long de La Nina. Ce dernier épisode n’était toutefois pas sa plus violente version. Entre 2014 et 2016, El Nino était puissant et il a eu des conséquences désastreuses. Selon l’OMM, 2016 a été « l’année la plus chaude jamais enregistrée en raison du « double effet » d’un El Nino très puissant et du réchauffement provoqué par les gaz à effet de serre liés à l’activité humaine ». Cette année-là, le phénomène avait affecté plus de 60 millions de personnes dans environ 23 pays.

Selon un bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié mercredi, « il est probable à 60 % » que le phénomène météorologique revienne « entre mai et juillet, et cette probabilité augmente pour atteindre environ 70 % entre juin et août et 80 % entre juillet et septembre. » Les effets d’El Nino sur les températures se font en général sentir l’année suivant l’émergence du phénomène météorologique, son impact se fera probablement plus ressentir en 2024, souligne l’OMM.

Quelles conséquences ?

À ce stade, il n’est pas possible de prédire l’intensité ou la durée d’El Nino qui se profile mais « c’est un phénomène tellement puissant qu’il a une influence sur le climat sur tout le globe », explique à France 24 Jérôme Vialard, spécialiste de l’océanographie et directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement.

Et si les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, sans La Nina, la situation de réchauffement aurait pu être encore pire. Elle « a agi comme un frein temporaire à l’augmentation de la température mondiale », a déclaré le chef de l’OMM, Petteri Taalas, dans un communiqué. « Le développement d’El Nino conduira très probablement à un nouveau pic du réchauffement climatique et augmentera les chances de battre des records de température », a averti Petteri Taalas.

Il « pourrait apporter un répit à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique et à d’autres impacts liés à La Nina, mais pourrait également déclencher des événements météorologiques et climatiques plus extrêmes », a-t-il déclaré. Parmi eux, des sécheresses, des inondations et des tempêtes. Il y a donc des risques de « précipitations excessives » en Argentine, en Turquie et aux États-Unis, ainsi que dans certains pays d’Asie centrale, précise l’ONU dans son bulletin. Mais aussi la possibilité de voir des incendies se propager rapidement et dangereusement en Indonésie notamment. Petteri Taalas a alors souligné la nécessité de mettre en place des systèmes d’alerte précoces – une des priorités de l’OMM – pour protéger les populations les plus menacées.