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Immeubles effondrés à Marseille : « Ce drame a changé le visage du Camas »… La vie après le drame de la rue Tivoli

Et maintenant ? Ce jeudi, cinq jours après le drame de la rue de Tivoli, c’est un quartier du Camas en berne qui tente de reprendre un semblant de vie normal. Mais comment revenir à la vie, justement, dans un quartier endeuillé. Comment retrouver ses habitudes après avoir vécu un événement hors du commun ? Dans ce coin de Marseille qui a été l’épicentre du drame cette nuit du 8 au 9 avril, riverains et commerçants peinent à retrouver leur Camas du quotidien.

« Il n’y a presque plus personne dans le quartier, c’est extrêmement calme », raconte Erika, gérante d’une boulangerie sur le boulevard Eugène-Pierre. Il faut reconnaître que depuis cinq jours, cette artère qui jouxte la zone sinistrée de Tivoli a été le théâtre d’un défilé de pompiers, policiers et journalistes de tous bords. Mais ce jeudi matin, l’écho des sirènes, celui des forces de l’ordre ou encore des flashs des photographes a été remplacé par un étrange silence.

« Ce drame a tellement changé le visage du Camas, nous confie Ayako, une lycéenne qui réside à quelques encablures des lieux de l’explosion. On sent une cassure entre la vie à l’extérieur du quartier et l’épicentre de la tragédie ». En cette fin de matinée souffle un mistral caractéristique de la région. Sauf que dans le cœur de la zone sinistrée, ce vent si familier des Marseillais semble plus épais, plus âpre qu’à son habitude. On comprend rapidement qu’il fait virevolter avec lui toutes les poussières des gravats de la rue de Tivoli. Ce vent qui pique les yeux et qui gratte la gorge, donne alors au quartier une étrange allure.

« Ils sont trop dans nos têtes »

Si le boulevard Eugène-Pierre a rouvert ses portes à la circulation depuis quelques heures, il reste étonnamment calme, presque désert. Toutes les perpendiculaires qui mènent à Tivoli sont toujours, elles, bloquées par les forces de l’ordre. Et à chaque coin de rue, on aperçoit un bout de cette pelleteuse, qui continue ses fouilles. Bien que le parquet de Marseille a annoncé ce mercredi soir l’identité des deux dernières victimes de l’accident, portant à huit morts son bilan définitif, le travail de déblayage, lui, continue. Et là encore l’écho de cette machine donne une atmosphère très particulière au Camas. « C’est devenu presque pesant de passer dans ce quartier », conclut Ayako.

Ce qui est le plus difficile pour Mickaël, salarié d’un commerce de l’arrondissement, c’est que les huit disparus d’hier ont un nom et un visage aujourd’hui. « Pour l’instant c’est impossible de penser à autre chose, ils sont trop dans nos têtes », confie le jeune homme. Anna, Jacky, Marion, Mickaël, Antoinietta, Nicole, Jacques et Anne-Marie, les huit victimes de l’effondrement du 17 rue Tivoli sont encore sur toutes les lèvres. « On sent que ce n’est pas la fin de l’histoire », confie Erika, la boulangère.

La fin de l’histoire peut-être que le Camas la connaîtra quand arriveront les conclusions de l’enquête. Des conclusions qui pourraient peut-être éviter une psychose du gaz à Marseille. « J’ai beaucoup de copines du quartier dont les parents se méfient beaucoup plus du gaz, maintenant, explique Ayako. Cette histoire a déclenché de nouveaux réflexes de prévention dans les familles, comme après le Covid-19. » Selon le parquet de Marseille, « les éléments, tous convergents, recueillis à ce stade de l’enquête confortent l’hypothèse d’une explosion due au gaz ayant causé l’effondrement de l’immeuble ». Une enquête qui risque cependant de prendre du temps.