France

Fin des trottinettes en libre-service à Paris : Que vont-elles devenir après le 31 août ?

Le peuple parisien a voté (enfin seulement moins de 8 %) : les trottinettes doivent dégager dès la fin de l’été ! Mais les 15.000 engins en free-floating qui déambulent dans la capitale depuis 2018 ne vont pas quitter leurs zones réservées du jour au lendemain : comment les trois opérateurs privés, que sont Lime, Dott et Tier vont-ils utiliser ce matériel ? Vont-ils envisager un recyclage ? Une revente d’occasion ? Une réattribution dans d’autres métropoles où elles sont autorisées ? Ou les pêcheurs à l’aimant vont-ils retrouver les trottinettes au fond de la Seine et du canal de l’Ourcq ?

7,46 % des personnes inscrites sur les listes électorales se sont déplacées dimanche lors d’une consultation inédite sur le maintien des trottinettes en libre-service à Paris, valident à plus de 90 % leur interdiction. La maire Anne Hidalgo s’étant engagée à respecter le résultat, ce mode de transport ne sera donc plus disponible après le 31 août, échéance donnée après signature d’un avenant au contrat qui courait jusqu’au 23 mars précédemment. Chez les trois opérateurs, c’est la consternation en ce lundi matin. « Le résultat de cette votation aura un impact direct sur les déplacements de 400.000 personnes par mois. A partir de maintenant, notre priorité en tant qu’employeurs responsables est d’assurer l’avenir de nos salariés », ont-ils déclaré dans un communiqué commun.

Paris va-t-il s’inspirer des villes sans trott ?

Si certaines villes comme Londres s’y sont mises récemment, d’autres ont fait le pari de les interdire dès le début, telles Toulouse, Montpellier, Villeurbanne ou même Barcelone. Une position que défend ardemment David Belliard, adjoint EELV à la mairie de Paris, en charge des transports et des mobilités. « Nous avons cherché à faire de la régulation mais ça ne fonctionne pas. Les problèmes d’accidentologie, l’aspect anxiogène pour les publics sensibles comme les seniors ou les personnes en situation de handicap et d’encombrement de l’espace public n’ont pas été résolus », avait déclaré le chef de file des « contres », peu avant la consultation citoyenne de dimanche.

Ce lundi, il assure à 20 Minutes que « le 1er septembre prochain, il n’y aura plus de trottinettes en libre-service à Paris, c’est notre engagement ». Les trois sociétés ont tout tenté pour échapper à l’éviction, craignant qu’elle n’envoie un signal négatif aux villes moyennes hésitant à autoriser ce service. Y compris avec des méthodes controversées, comme l’offre d’une course gratuite dimanche et le recours à des influenceurs sur les réseaux sociaux pour mobiliser leur jeune clientèle. Les opérateurs avaient aussi alerté des conséquences économiques d’une interdiction, l’activité de location de trottinettes à Paris représentant 800 emplois.

Quel recyclage pour les trottinettes ?

« On ne reconduit pas les contrats, on ne lance pas de nouvel appel d’offres et on va rencontrer dans les prochains jours les opérateurs pour discuter de la manière dont nous allons accompagner la fin du contrat, notamment sur le plan social, assure encore l’adjoint aux transports et aux mobilités. La partie vélos en libre-service n’est en revanche pas remise en cause ». Il assure que ces derniers « bénéficient d’infrastructures communes que sont les pistes cyclables et les aires de stationnement. Les vélos ne posent pas les mêmes problèmes ».

L’ impact environnemental d’une trottinette en free-floating est trois fois plus élevé que celui d’un vélo en libre-service, mais « reste 3 à 4 fois moins polluant qu’un trajet en voiture », assure sur Franceinfo Anne de Bortoli, chercheuse en mobilité et auteure de la dernière étude de référence sur le sujet.  

L’extraction et le recyclage du lithium (qui est un métal rare) contenu dans les batteries restent le point crucial dans l’empreinte carbonne des trottinettes électriques. En 2022, seulement 12 % d’entre elles étaient recyclées. Mais privilégier l’économie circulaire pourrait permettre de conserver les stocks de lithium encore sous terre. Cette interdiction pourrait ainsi accélérer la réflexion sur la fin de vie de ces trottinettes en free-floating : même pour la 2e génération sortie en 2020, laquelle possède une plus longue autonomie et un impact environnemental quasi divisé par deux en quatre ans, la durée d’utilisation n’est toujours pas transparente, ni optimale. 

« Elles ne seront pas jetées dans la Seine ! »

Chez Lime, une source confiait ce lundi matin que « les porte-paroles sont mobilisés en interne pour expliquer aux salariés dans les entrepôts quelle va être la suite pour eux, même si de la pédagogie avait déjà été faite en amont ». Même son de cloche du côté de Dott qui renvoie au communiqué commun. « On n’attend rien de particulier de la mairie de Paris, si ce n’est une reprise du dialogue pour parler du retrait des trottinettes et de la continuité du service des vélos, comme indiqué dans le communiqué », poursuit Lime. Ce que confirme la mairie de Paris, par la voix de David Belliard. 

On doit se mettre d’accord sur la manière dont le retrait va être organisé. C’est aux opérateurs de se prononcer sur ce point là. Nous avions passé un contrat d’occupation de l’espace public, d’abord prévu pour deux ans puis rallongé du fait de la crise Covid et de la votation citoyenne. Les entreprises étaient bien au courant que même si le résultat d’hier avait été en faveur du maintien des trottinettes en free-floating, la loi nous obligeait à repasser par un appel d’offres. Elles sont donc dans l’obligation légale de pouvoir retirer leur flotte de trottinettes, au minimum en cas de perte de contrat ». 

Ainsi, les trois opérateurs, présents sur le marché parisien, n’auront d’autres choix que de retirer les trottinettes de Paris. « Je constate quand même que ces engins sont les mêmes que ceux déployés à Bruxelles, à Paris ou dans d’autres villes, donc j’imagine qu’elles puissent être réutilisées sur d’autres marchés, avance encore David Belliard. Je donne une piste mais pour l’heure, nous devons les rencontrer pour éclairer ce point. En tout cas, elles ne seront pas jetées dans la Seine ! »