France

Femme happée par le métro : Pourquoi encore des accidents mortels sur les voies du réseau francilien ?

Une nouvelle victime, et toujours une victime de trop. Ce samedi 22 avril, une femme de 45 ans est décédée après avoir été happée par le métro de la ligne 6 à la station Bel Air. Selon les premiers éléments de l’enquête, le manteau de la jeune femme serait resté coincé dans les portes du train au moment du départ de celui-ci, emportant avec lui la victime.

« Une plainte contre X sera déposée dans le cadre de cette enquête », a affirmé l’avocate de la famille de la victime dans un communiqué de presse ce dimanche.

Un drame qui fait écho à un autre, arrivé seulement sept jours plus tôt à la station Cité Universitaire du RER B, lorsque Raya, une adolescente de 14 ans est tombée sur les rails et a été fauchée par le train qui arrivait en gare au même moment. Selon les témoignages, le quai était trop haut et la victime n’a pas réussi à remonter à temps. Elle aussi, malgré l’arrivée des secours, a perdu la vie.

Les portes palières, une très chère solution

De nombreuses questions restent en suspens, ce samedi, les signaux d’alarme ont-ils été tirés, ce qui aurait peut-être pu permettre aux agents sur place de faire stopper le train ? Si c’est le cas, l’ont-ils été à temps ? Ont-ils pu être défectueux ? Contacté par 20 Minutes, le Parquet de Paris répond que l’enquête est en cours et que ces éléments seront communiqués plus tard.

De nombreux usagers s’interrogent au sujet de la présence, en l’occurrence ici de l’absence, de portes palières, sur la majorité du réseau francilien. Ces portes coulissantes qui ne s’ouvrent qu’une fois le train à l’arrêt et qui empêchent tout accès, volontaire ou accidentel, aux rails pour les usagers.

Installés sur plusieurs lignes du métro parisien (Ligne 1, 4 ou 14), ces systèmes auraient sans doute pu éviter ces nouveaux drames mais sont pourtant toujours présents de manière sporadique le long des quais. Mais si ces portes ne sont pas généralisées, c’est pour une raison aussi cruelle que pragmatique : elles coûtent très cher.

Des difficultés techniques

Interrogé par Le Parisien au sujet des portes de la ligne 4, Edgar Sée, directeur de l’automatisation de la ligne en 2018 estimait à une centaine de millions d’euros, l’installation pour les 27 stations de la ligne.

Surtout, cet équipement accompagne le plus souvent l’automatisation des lignes, des travaux qui chiffrent bien plus encore puisque celle de la ligne 4 a coûté près de 450 millions d’euros à la régie. Celle de la ligne 1, un peu plus de 500 millions. D’où la patience nécessaire avant de voir tout le réseau sécurisé.

Pour le RER, c’est encore plus difficile. Sur son blog « RER A », la RATP expliquait en janvier dernier, les difficultés à l’installation de portes palières sur le réseau. Si « un projet est à l’étude », leur installation n’est « pas envisagée actuellement ».

En cause, des difficultés techniques, du fait de certaines gares incompatibles, de la longueur et de la hauteur des trains (beaucoup sont à deux étages), et nombre de voyageurs important descendant et montant dans chaque gare. La moindre panne d’une porte palière « pourrait engendrer des complications dues au flux de voyageurs » et provoquer des retards et désagréments sur toute la ligne. Le tout, aussi, coûterait un montant « faramineux ».

Des comportements à risque

Interrogée par 20 Minutes, la RATP rappelle que les portes palières ne sont pas la solution à tout. « Si elles peuvent contribuer à la sécurité en empêchant par exemple une chute sur les voies, n’évitent pas certains comportements à risques comme le fait de monter après le signal sonore ou d’entraver la fermeture des portes. »

Car selon la régie, la grande majorité des accidents pourraient être évités avec un peu plus de vigilance. « De nombreux voyageurs ne prêtent plus attention aux règles essentielles de sécurité, soit parce qu’ils connaissent ces règles, mais pensent que de petites entorses ne risquent pas de les mettre en danger, soit parce qu’ils manquent d’attention par rapport à l’environnement. »

La hantise des conducteurs de train

Un constat partagé par Fabrice*, un conducteur de la RATP très présent sur les réseaux sociaux : « C’est malheureux mais on voit toujours plus de personnes tapoter sur leur smartphone avec les doigts de pied presque au-dessus des voies. » Aux manettes d’un métro depuis de nombreuses années, Fabrice témoigne de la hantise des conducteurs de train : voir quelqu’un tomber sur les voies et se faire percuter sous ses yeux : « C’est un traumatisme, on ne s’en remet jamais vraiment. »

Cette peur, il la ressent tous les jours, principalement lorsqu’il voit une personne longer les lignes, inattentive : « A l’heure de pointe, dans certaines gares, on croise les doigts pour qu’il n’y ait pas un mouvement de foule ou un pousseur. »

Des règles de sécurité à respecter

Mais les accidents arrivent aussi lors de moments « anodins » comme le souligne la RATP : Des personnes qui courent sur les quais ou dans les escaliers. Le plus souvent pour monter à la dernière seconde alors que la fermeture des portes est amorcée. La trop grande proximité avec les voies, notamment lorsque l’on porte des écouteurs ou un casque qui empêchent d’entendre le train arriver ou encore la tentative d’ouvrir les portes alors que le train roule déjà, ou encore. Et pire, descendre sur les voies pour récupérer un smartphone ou un portefeuille malencontreusement tombé.

C’est la raison pour laquelle la régie rappelle certaines règles simples de sécurité comme de ne pas se tenir trop près de la bordure du quai, même en l’absence de train ; ne pas monter ou descendre du train après le retentissement du signal ; ne pas courir pour monter dans le train ; ne jamais descendre sur les voies ; ne pas gêner ou bloquer la fermeture des portes ; rester vigilant, lors de la montée et descente du train, à l’espace vide entre le train et le quai.