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« Et Dieu créa Barbie » : Ancêtre allemande, soirée pyjama problématique… France 5 lève le voile sur la poupée

L’année 2023 sera Barbie ou ne sera pas. Quelques mois avant la sortie du film événement avec Margot Robbie et Ryan Gosling, France 5 consacre une soirée, ce vendredi dès 21 heures, à la poupée la plus célèbre du monde. Intitulé Et Dieu créa Barbie, ce documentaire revient sur l’histoire de ce jouet qui a envahi les foyers américains dès sa création en 1959, avant de conquérir la planète. Comme le rappelle l’un des intervenants, Kévin Bideaux, chercheur en arts et en études de genre, dès la fin des années 1990 Barbie dépasse le milliard de ventes et 80 % des petites filles en possèdent une dans leur chambre.

Du haut de ses 29 cm, sa chevelure blonde platine, ses pieds ridiculement petits et sa garde-robe à faire pâlir Carrie Bradshaw, Barbie évoque aussi pléthores de souvenirs – plus ou moins agréables –, aux différents invités de ce documentaire. Arielle Dombasle, Nicky Doll, Zahia Dehar ou encore Lio y livrent ainsi des anecdotes tendres, amusantes ou plus amères. Lien avec une figurine allemande de call-girl, procès avec Mattel, pyjama party problématique… L’occasion aussi de (re) découvrir des faces plus méconnues de la poupée.

Barbie et Lilli

C’est en Californie que naît Barbie, fruit de l’imagination de Ruth et Elliot Handler, à la tête de la marque Mattel. Mais c’est de l’autre côté de l’Atlantique, en Allemagne, que se cache l’une de ses inspirations. Comme le raconte le documentaire, Ruth Handler aurait découvert au détour d’un voyage en Europe l’existence de Lilli, une figurine aux jambes interminables. Mascotte du tabloïd allemand Bild, call-girl et héroïne de comics érotiques, Lilli n’est pas un jouet pour les enfants… Certains hommes l’offrent même à leurs rendez-vous amoureux afin de clarifier leurs intentions (on ne vous fait pas de dessin). 

Mais ce qui intéresse notre mère de famille et femme d’affaires américaine, c’est la découverte d’une poupée calquée sur le corps féminin, que l’on peut habiller selon ses envies. Un jouet qui tranche avec ceux des petites filles américaines, qui doivent se contenter de poupons. Barbie – diminutif de Barbara, le prénom de la fille de Ruth Handler –, sera en cela une révolution : la possibilité de jouer et de se projeter avec des femmes miniatures en plastique.

Barbie stylée

Si la poupée a conquis le cœur de millions d’enfants depuis sa naissance, elle a aussi séduit les créateurs de mode grâce à son élégance et son corps défiant toute logique morphologique. Citons notamment Pierre Cardin, Dior ou encore Chantal Thomass qui ont transformé la poupée en un véritable objet de collection. En 1985, Yves Saint Laurent lui consacre en premier une collection de vêtements en adaptant ses grands classiques à sa petite taille, notamment son célèbre smoking ou sa robe Mondrian. Des costumes miniatures confectionnés avec soin et minutie, à l’image des vraies tenues haute couture. Barbie sera même coiffée par Alexandre de Paris, le coiffeur star attitré de tous les défilés de Saint Laurent. Une existence que le commun des mortels peut à peine caresser du doigt… Et oui, Barbie vit sa meilleure vie, elle. Et attention à celui ou celle qui remettra en question cette vie de rêve.

Barbie procédurière

La chanteuse Lio en a fait les frais en 1986, avec une chanson sur une actrice au cœur brisé. « Barbie tu pleures dans ta petite tête de poupée, tu crois qu’un gros malheur c’est toute une vie loupée », chante-t-elle notamment dans ce titre. Une Barbie si désespérée qu’elle en vient au suicide, évoqué par le calembour « barbi-turiques ». Une façon de se jouer des stéréotypes, explique la chanteuse. Mais le destin tragique de ce personnage n’est pas du tout au goût de Mattel, qui assigne Lio et sa maison de disques pour contrefaçon. Car non, Barbie ne peut pas avoir des idées noires. Le juge ne lui donne pas pour autant raison, l’entreprise américaine perd le procès et doit verser près de 60.000 francs de dommages et intérêts à l’artiste. Barbie peut donc avoir quelques états d’âme, du moins en chanson.

Barbie de bons conseils…

Sombrer dans le désespoir, jamais, mais faire du shopping, une virée en van, soigner des animaux, vendre des fleurs ou faire de la planche à voile, oui ! Tout est possible – ou presque – avec Barbie. Pour ses défenseurs, cette facette inspirante de la poupée est d’ailleurs l’une de ses qualités, en ça elle montre aux petites filles que rien n’est impossible. Mais Barbie n’est pas toujours de bons conseils… Comme en 1965, lorsqu’un coffret spécial « pyjama party » est commercialisé afin que la poupée refasse le monde avec ses copines. On y retrouve notamment une robe de chambre et un peigne (la base), mais aussi deux accessoires surprenants : une balance et un mini magazine sur lequel est inscrit au recto « comment perdre du poids ? », et au verso, « ne mangez pas ! ». Une injonction à la maigreur et à la souffrance, une sacrée bonne idée, surtout quand on s’adresse à des enfants… Ce pack sera finalement retiré de la vente un an plus tard.

Barbie inclusive

Véritable reflet de la société, la poupée a longtemps véhiculé de nombreux clichés et stéréotypes. Depuis quelques années, Barbie s’ouvre toutefois à l’inclusivité et à la diversité. Il faudra attendre 2016 pour qu’une Barbie aux mensurations « normales » soit lancée par la marque, une alternative au corps féminin irréaliste de la poupée originale. Depuis, Mattel propose également des poupées aux couleurs de peaux et de cheveux beaucoup plus larges, offrant plus de représentations aux petites filles et aux petits garçons. Elle représente également le handicap, une poupée est en fauteuil roulant, une autre avec une prothèse de jambe. Tout récemment, l’entreprise a dévoilé une poupée porteuse de trisomie 21. « Notre but est de permettre à tous les enfants de se retrouver dans Barbie, mais aussi de les encourager à jouer avec des poupées qui ne leur ressemblent pas », a expliqué Lisa McKnight, responsable de la marque, dans un communiqué. Les lignes bougent aussi chez Barbie.