France

Couronnement de Charles III : Pourquoi Joe Biden ne fait pas le déplacement

Emmanuel Macron, Justin Trudeau, le prince Albert, les Beckham… Plus de 2.000 dirigeants et célébrités assisteront au couronnement du roi Charles III ce samedi. Mais il y aura un absent de marque à l’abbaye de Westminster : Joe Biden. Le président américain avait fait savoir le mois dernier qu’il enverrait une délégation menée par son épouse, Jill Biden, pour représenter les Etats-Unis. Alors que certains journaux britanniques – et Donald Trump – accusent Biden de « snober » le roi Charles, son absence s’inscrit en réalité dans une longue tradition : un président américain n’a jamais assisté à un couronnement d’un – ou d’une – monarque britannique.

« Les présidents américains évitent souvent les cérémonies royales quelles qu’elles soient », rappelle dans un édito Arianne Chernock, professeure d’Histoire à Boston university. Joe Biden avait certes assisté aux funérailles d’Elizabeth II, mais c’était « l’exception, pas la règle », selon la chercheuse.

Longue tradition

Près de 250 ans après la révolution américaine contre « la tyrannie » du roi George III, les deux pays ont aujourd’hui une « relation spéciale » forgée par le combat contre le nazisme lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais lors du couronnement d’Elizabeth II, en 1953, Eisenhower avait envoyé une délégation officielle composée de deux généraux, George Marshall et Omar Bradley, du gouverneur de Californie Earl Warren, et d’une femme très fashion, l’éditrice du magazine Flair, Fleur Cowles. Un symbole fort visant à « reconnaître l’égalité » entre les sexes, avait expliqué par la suite Eisenhower.

Cette fois, la Maison Blanche a pris les devants début avril pour éviter l’affront de rejeter une invitation : lors d’un appel téléphonique entre Charles III et Joe Biden, ce dernier l’a félicité et lui a dit que Jill Biden mènerait la délégation américaine. Charles, lui, a invité Biden pour une future visite d’Etat, que le président américain a acceptée.

« Ils ont eu une conversation très amicale. Ils ont une bonne relation, ils partagent les mêmes valeurs et les mêmes priorités, comme le combat contre le changement climatique », a assuré la porte-parole de la présidence, Karine Jean-Pierre.

Polémique politique

Dans un contexte politique tendu, avec la campagne pour la présidentielle de 2024 qui a déjà commencé, cette décision de Biden a évidemment fait des vagues à Washington. Donald Trump s’est dit « très surpris » par une absence « irrespectueuse », assurant qu’il se serait déplacé s’il avait été le président.

« Je crois qu’il ne peut physiquement pas le faire, je crois que c’est dur pour lui de le faire physiquement », a insisté Trump, qui attaque régulièrement Biden sur son âge. A 80 ans, Joe Biden a pourtant multiplié les déplacements transatlantiques ces derniers mois, avec un long voyage pour se rendre en Ukraine en février, puis en Irlande du Nord et en Irlande mi-avril.

Outre-Manche, plusieurs tabloïds ont accusé « Biden l’Irlandais » de « snober » le couronnement, et le député conservateur Bob Seely a dénoncé une « décision idiote ». Mais si Joe Biden met régulièrement en avant les racines irlandaises de sa mère, il l’a récemment concédé : son nom de famille est bien d’origine anglaise. Allez, l’ultime rapprochement américano-britannique aura peut-être lieu la prochaine fois, pour le couronnement du roi William V.