France

Comment Emmanuel Macron s’est-il retrouvé à chanter avec une appli d’extrême droite radicale ?

La vidéo est devenue virale en seulement quelques heures. On y voit Emmanuel Macron, entouré d’anonymes, chanter un chant pyrénéen, dans les rues de Paris. Ensemble, ils reprennent en chœur la chanson traditionnelle « le Refuge », en suivant les paroles sur l’écran d’un smartphone. A l’arrière, un garde du corps semble surveiller les environs.

La vidéo a été publiée aux environs de minuit, lundi 17 avril, à la suite de l’allocution du président. Il avait souhaité s’exprimer aux Français afin d’évoquer la controversée réforme des retraites désormais promulguée. Le discours prononcé a été jugé, par l’opposition et certains Français, comme déconnecté des réalités.

La scène semble tellement lunaire que de nombreuses personnes ont cru à une vidéo créée de toutes pièces par une intelligence artificielle, comme il est possible d’en voir un certain nombre en ce moment. Pourtant, il n’en est rien.

FAKE OFF

Emmanuel Macron a bien donné un « showcase » dans les rues de Paris lundi soir, comme ironisent des internautes. D’autres prennent la chose moins à la rigolade. « Dans la rue comme s’il n’était pas l’ennemi numéro 1 actuellement », écrit un jeune sur Twitter. « Que fait le président pendant que son pays brûle ? Il chante bien sûr », lance un autre. Ce n’était, en effet, peut-être pas le meilleur coup de communication pour redorer son image.

« Il se baladait pépère en pleine rue de Rennes à Paris post-allocution et nous a entendu chanter en terrasse », indique l’un des membres du petit groupe de chanteur. La vidéo, effectivement tournée rue de Rennes, dans la capitale, a rapidement été revendiquée par une association du nom de « Projet Canto ». Plusieurs extraits, filmés de différents angles, ont été publiés sur leurs pages Instagram et Facebook.

Auprès de 20 Minutes, l’association a indiqué : « Hier soir, en plein Paris, le président Emmanuel Macron a été interpellé par une chorale d’amis qui répétait dans la rue. Le Président est venu chanter avec eux un chant des Pyrénées intitulé Le Refuge. » Confirmant ainsi la scène. Et d’ajouter : « Nous sommes très heureux de voir que cette chorale utilise l’application Canto. Nous sommes très heureux également que le Président de la République se soit servi de notre application. »

Une association de sympathisants de l’extrême droite

Interrogé ce mercredi 19 avril lors d’un déplacement en Alsace, le chef de l’Etat s’est exprimé sur la polémique. « Vous êtes président de la République. Vous avez 10 jeunes qui arrivent et qui chantent des chants montagnards que je connais. Je me suis retourné, je me suis dit : tiens, c’est sympa ! Ils me disent : est-ce que vous chanteriez avec nous ? Vous leur dites « non », vous m’auriez fait 48 heures sur le thème « il est méprisant, il est pas sympa ce type, crise démocratique… » », a-t-il dit face aux journalistes.

Ce qui agrémente d’autant plus cette polémique, c’est cette fameuse association « Projet Canto ». Elle se donne pour mission de « sauvegarder, faire vivre et transmettre la mémoire du chant populaire et traditionnel », en intégrant des chansons et leurs paroles sur une application du même nom. Canto est subventionnée par le ministère de la Culture à hauteur de 40.000 euros. Selon une enquête menée par nos confrères de Libération l’an dernier, elle a été fondée en 2020 par des militants de l’extrême droite radicale. Et si elle contient des classiques de la chanson française, elle répertorie aussi des airs nationalistes ou chants militaires du IIIe Reich. Suite à l’article de Libération, le Centre national de la musique avait annoncé l’ouverture d’une enquête.