Belgique

Le prochain gouvernement devrait réduire le déficit de 10 milliards en 2025 et 2026

Le fameux 3% de déficit maximum…

Si l’enjeu est de taille, c’est parce que les discussions sur la proposition de la Commission d’un nouveau Pacte de stabilité et de croissance rentrent « dans le dur ». Pour faire simple, chaque pays devrait présenter un « cadre pluriannuel » comprenant des objectifs budgétaires, des réformes structurelles et une politique d’investissement sur quatre ans, avec comme priorité ultime de revenir à l’équilibre budgétaire à moyen terme – à tout le moins de présenter un déficit sous les 3% du PIB d’ici 2026 – et de stabiliser la dette. La nouvelle version de ce Pacte de stabilité et de croissance, que certains pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas jugent de toute façon trop « souple », prévoit une extension à 7 ans de ce « plan budgétaire » mais in fine, l’objectif reste donc d’asseoir la soutenabilité de l’endettement public, ce qui passe de toute façon par une maîtrise plus importante des dépenses publiques nettes (hors charges d’intérêt et hors effets conjoncturels).

Les scénarios du Conseil supérieur des Finances

Le menu de la Vivaldi de ce mercredi était chargé. Que faut-il en retenir ? Qu’un tour de table a été réalisé et qu’aucune décision n’a été actée ce mercredi mais qu’on s’en rapproche fortement… La Vivaldi s’accorde à reconnaître qu’elle a déjà fait un effort supplémentaire (de 0,3% du PIB, soit 1,8 milliard d’euros, NdlR) lors de l’ajustement de mars « et qu’il faut le temps d’implémenter les mesures prises ces derniers mois, avant d’en envisager d’autres. Qui vont de toute façon venir, puisque le Premier ministre Alexander De Croo s’est engagé à ce qu’une réforme fiscale et une réforme des pensions voient le jour avant la fin de l’été », explique une source gouvernementale.

Une autre précise : « pour 2024, on a déjà prévu de faire un effort de 0,6% du PIB de réduction du déficit ». Quid, dès lors, des recommandations du Conseil Supérieur des Finances, qui avait déjà en partie mâché le travail du gouvernement ? Trois scénarios (trois trajectoires budgétaires) avaient en effet été esquissés pour répondre aux objectifs de la Commission européenne. Pour le CSF, en fonction du scénario retenu, l’effort structurel supplémentaire minimal à consentir varierait de 0,7 à 0,9 % du PIB chaque année. La trajectoire la plus stricte prévue par le CSF pour stabiliser la dette sur cette période de 4 ans (jusqu’en 2026 donc) prévoit un effort de plus de 10 milliards d’euros supplémentaires de réduction du déficit pour stabiliser la dette à 105% du PIB d’ici 2026 (contre 111% attendus si la Belgique ne fait rien de plus). Une quatrième trajectoire était avancée par l’aile gauche du gouvernement, moins indolore, estimant qu’il reste énormément d’investissements à consentir.

Le cap sur les investissements, pour Ecolo

« Pour les écologistes, explique le Vice-Premier Georges Gilkinet, il faut une trajectoire budgétaire qui permette de continuer à investir dans la transition et de maintenir la cohésion sociale. A l’image des exercices budgétaires sérieux qui ont été réalisés au cours de la législature. Et la Belgique doit plaider, bien davantage encore qu’aujourd’hui, pour que les investissements soient considérés de façon distincte des autres dépenses publiques. Cela doit faire partie de la position de la Belgique dans le débat budgétaire européen ».

Concrètement, des nouvelles rencontres bilatérales devaient avoir lieu ce mercredi soir. En coulisses, il se murmurait qu’une cinquième voie était en passe d’émerger, à savoir un effort total supplémentaire de 2,4% environ sur 2024-2026. Sachant que la Vivaldi s’est déjà engagée sur une réduction du déficit de 0,6% pour 2024, il faudrait donc aller chercher 0,2% de réduction du déficit de plus pour cette année-là.

Discussion sur un effort de 0,2% supplémentaire en 2024

Là, ça coince encore un peu. Surtout du côté d’Ecolo, « qui remet même en question le canevas budgétaire proposé par la Commission », nous dit une source gouvernementale. Le PS, lui, demande à voir les effets des mesures déjà prises et est aussi réticent qu’Ecolo à l’idée de faire un effort de 0,2% de plus en 2024. « On applique le stand still fiscal, jusqu’au 31/12/2027. Les mesures prises lors du contrôle budgétaire devraient être ok pour la Commission. Si certains veulent des efforts supplémentaires, il faudra aller les trouver ailleurs« , explique-t-on au cabinet du Vice-Premier Pierre-Yves Dermagne (PS). Quoi qu’il en soit, le gros de l’effort sera donc… pour le prochain gouvernement.

La trajectoire proposée par le Premier ministre est de réduire le déficit de 0,8% en 2025 et de 0,8% en 2026. Un paquet de 10 milliards, donc. Un joli cadeau pour le prochain gouvernement. Mais rien n’est encore joué. Des rencontres bilatérales se tenaient donc encore ce mercredi soir, avant des intercabinets ce jeudi, et un nouveau kern vendredi.