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CanneSéries 2023 : « J’ai trouvé beaucoup de réconfort dans la fantasy », confie Morfydd Clark

Après Cate Blanchett au cinéma, elle incarne « la plus belle et la plus puissante des elfes du Royaume des Terres du Milieu ». Si Morfydd Clark s’est fait connaître du grand public grâce à son interprétation de Galadriel dans la série d’Amazon Prime Video, Le Seigneur des anneaux : les anneaux de pouvoir, elle n’en est pas à son coup d’essai : Sœur Clara dans His Dark Materials, Mina Harker dans Dracula, Dora Spenlow dans L’Histoire personnelle de David Copperfield ou encore magistrale infirmière psychotique dans le thriller horrifique Saint Maud, Grand Prix au festival de Gérardmer 2020, qui lui vaudra une récompense aux prestigieux Bafta. 

Rencontre avec l’étoile montante britannique à CanneSeries, où l’actrice de 34 ans a reçu vendredi le Madame Figaro Rising Star Award.

Avez-vous toujours voulu devenir actrice ?

Je suis née au Pays de Galles et je suis allée dans une école de langue galloise où l’on pratique beaucoup l’art, le théâtre et le chant. J’ai baigné dans l’art et le spectacle. J’aimais jouer, mais devenir actrice était juste un fantasme. J’avais vraiment de mauvais résultats à l’école. J’ai auditionné pour le Welsh National Youth Opera et le Welsh National Youth Theatre, et j’ai eu la chance qu’ils m’acceptent. J’ai commencé à me dire que je pourrais en faire mon métier, grâce au soutien des gens là-bas. Je suis partie ensuite étudier dans une école d’art dramatique à Londres. J’ai eu la chance que ma carrière démarre lentement. Même si je n’avais qu’une seule réplique, j’observais beaucoup et j’ai eu le temps d’apprendre. J’ai eu aussi la chance de faire beaucoup de théâtre.

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous aviez obtenu le rôle de Galadriel ?

Ce fut un grand choc ! C’est l’un de ses rôles pour lesquels vous auditionnez en vous disant, c’est marrant que je puisse auditionner, mais je ne l’obtiendrais jamais ! J’avais l’impression d’être dans une sorte de rêve.

Etiez-vous fan de l’univers de Tolkien avant de jouer dans la série ?

Oh oui ! Je connais son œuvre sur le bout des doigts.

Avez-vous étudié la façon dont Cate Blanchett jouait pour préparer le rôle ?

J’avais étudié l’interprétation de Cate depuis l’âge de 12 ans, donc, c’était déjà fait ! Quand vous jouez dans de la fantasy, vous êtes soutenu par tout le travail des autres. On vous transforme en créature mythique, avec les costumes, les oreilles, les prothèses, etc. La grande partie de la préparation a été physique. Je voulais devenir aussi forte et souple que possible. J’ai fait beaucoup de gym, de natation et d’escalade, c’était génial !

Et vous avez donc découvert les films de Peter Jackson à l’âge de 12 ans…

Oui, à l’âge idéal ! Je n’en revenais pas ! Je suis fan de beaucoup de choses. C’est pourquoi je me sens si chanceuse d’être dans les arts et de faire de la fantasy. J’y ai trouvé beaucoup de réconfort tout au long de ma vie !

Avez-vous eu un retour de Cate Blanchett après la saison 1 ?

Non, mais je vois Cate Blanchett comme une sorte de guide que je ne voudrais surtout pas déranger !

Vous avez aussi dû apprendre un nouveau langage pour le rôle…

J’étais très enthousiaste à ce sujet. Je suis bilingue et j’ai l’impression que cela a vraiment une influence sur qui je suis. Selon la langue parlée, vous êtes une version légèrement différente de vous-même à cause de la façon dont vous pouvez structurer les choses et les mots particuliers que vous avez à votre disposition. J’aime beaucoup l’idée que Galadriel sache qu’elle a cela en elle et qu’elle a une partie d’elle-même qui existe dans la langue elfique et qu’elle puisse aussi parfois s’en échapper.

Que gardez-vous de l’expérience de la saison 1 ?

C’est la plus longue et la meilleure expérience que j’ai eue ! Ce qui rend toute chose créative possible, ce sont les liens que vous établissez avec les personnes impliquées. Nous avons tourné pendant la pandémie, j’étais, comme beaucoup d’acteurs, loin de chez moi, les liens que nous avons noués, le partage de leur expertise et de leur passion, c’est ce qui est le plus précieux à mes yeux.

Qu’est-ce que Galadriel vous a apporté ?

Elle m’apporte de l’intrépidité. Elle ne se plie pas aux règles parce qu’elle est une femme. Elle ne dit pas les choses avec précaution, elle n’est pas toujours douce. Elle fait preuve d’une audace que j’espère retrouver un peu plus souvent.

Le succès mondial de la série a-t-il changé votre vie ?

Pas complètement. Je continue de vivre ma petite vie, et c’est plutôt agréable de rencontrer de temps en temps des gens qui aiment vraiment la série. Je me sens chanceuse d’avoir des personnes qui aiment mon travail et le fait que la série les ait un peu transportés ailleurs.

Comment avez-vous géré les réactions des fans ?

Ils sont très drôles… Tous ces mêmes et ces montages sur TikTok m’ont fait rire. Quand vous faites quelque chose, cela devient quelque chose de totalement différent une fois que les gens l’ont regardé et se le sont appropriés. Je me sens plus proche de beaucoup de gens grâce à ça. Et puis, j’ai été une fan, je connais ce ressenti que j’ai la chance d’éprouver dans l’autre sens.

Nous avons tourné pendant la pandémie, j’étais, comme beaucoup d’acteurs, loin de chez moi, les liens que nous avons noués, le partage de leur expertise et de leur passion, c’est ce qui est le plus précieux à mes yeux. »

Après le succès de la saison 1, est-ce qu’on a moins de pression en saison 2 ?

Pour être honnête, cela change d’un jour à l’autre ! Certaines scènes sont plus difficiles que d’autres, et parfois, certaines scènes qui semblaient faciles finissent par le devenir. Ce qui est différent, c’est qu’on a l’impression de revenir à l’école après les vacances d’été. Ce qui est chouette, c’est que je connais mieux mon personnage.

Que pouvez-vous dire sur votre personnage dans cette saison 2 ?

J’ai peur d’en dire trop ! Disons qu’elle éprouve le sentiment d’avoir eu tort. Quand on admet qu’on s’est trompé, cela change la façon dont vous vous voyez et dont vous voyez les autres. Je pense qu’elle devient plus indulgente, vis-à-vis d’elle-même et des autres.

A part Cate Blanchett, y a-t-il d’autres actrices qui vous inspirent ?

Sarah Michelle Gellar a eu une grosse influence. J’étais tellement déçue qu’elle ne soit pas encore arrivée à Cannes ! J’ai adoré Buffy contre les vampires. J’ai toujours aimé les femmes puissantes. J’ai regardé récemment The English avec Emily Blunt. Elle y joue aussi une femme étrange et puissante.

Votre Galadriel est en quelque sorte la Buffy d’aujourd’hui…

Je prends cela comme un immense compliment ! C’est intéressant de la comparer à Buffy, il y a une partie d’elle-même qui désire le pouvoir. C’est ce qui la rend à la fois intéressante et parfois effrayante.

Avez-vous le temps de participer à d’autres projets ?

Oui. Une grande partie des Anneaux de pouvoir concerne la postproduction, du coup, il y a une grande pause entre chaque saison. Je suis vraiment ravie de pouvoir me consacrer à des projets à plus petite échelle. Après la fin du tournage, je vais tourner Hamlet et j’espère avoir l’opportunité de refaire de la scène, parce que cela me manque.

Quels autres rôles rêvez-vous de jouer ?

J’adore les drames en costume. J’ai grandi avec Jane Austen… Si j’ai l’occasion de jouer dans un drame d’époque, je serais ravie ! Je n’ai pas réellement d’idées précises sur ce que je veux faire. J’aime aussi être surprise quand je reçois un scénario, me dire que je n’aurais jamais pensé à ce personnage qu’on me propose. J’aime vraiment cet aspect du métier. Et j’aime aussi jouer les petits montres bizarres. (Rires)

Aimeriez-vous passer derrière la caméra ?

Je n’ai pas un désir brûlant de le faire. J’adore travailler avec les scénaristes et les réalisateurs, mais plus je les vois bosser, plus je me dis que je ne pourrais pas faire cela. J’aime être le réceptacle des idées de quelqu’un. J’aime aussi me cacher derrière les personnages que j’interprète, parce que lorsque vous écrivez, vous vous dévoilez vraiment.

Le personnage de Galadriel est iconique. N’avez-vous pas peur qu’on vous ne considère que pour ce rôle jusqu’à la fin de votre carrière ?

Je me sens juste très reconnaissante. Je n’arrive toujours pas à croire que j’arrive à vivre de ce métier. Peut-être que j’ai atteint mon apogée avec ce rôle, mais c’est déjà plus que tout ce que j’aurais pu imaginer ! Donc, même si on m’en parle pendant très longtemps, ça aurait du sens pour moi !