France

Alsace : Elle crée des sacs à main éco-conçus en peau de raisin

Un « choc ». Voilà ce qui a décidé Elsa Ritter à se lancer dans la conception de maroquinerie. Cette Alsacienne de 27 ans, native de Haguenau, en étant pourtant loin avant le confinement et la période du Covid. Très loin même puisqu’elle travaillait dans la restauration.

« Ma famille est dans ce milieu depuis longtemps et j’avais fait une école d’hôtellerie. Mais j’avais toujours été passionnée par la mode et je voulais créer quelque chose », témoigne la jeune entrepreneuse, qui a donc franchi le pas en 2020. Après donc quelques découvertes qui l’ont bouleversée. Le responsable ? Son conjoint.

« Il a une conscience écologique bien plus profonde que la mienne et on a beaucoup discuté », reprend-elle. « J’étais plutôt responsable dans ma consommation d’aliments mais je ne faisais pas attention aux vêtements. J’ai découvert l’effondrement du Rana Plaza (qui abritait plusieurs ateliers de confection, en 2013 au Bangladesh) et je me suis ensuite beaucoup renseignée sur l’industrie du cuir. Souvent, les ouvriers dans les tanneries travaillent dans des conditions déplorables avec des maladies à cause des produits chimiques utilisés. Et pour les animaux, c’est aussi violent. Vraiment, je ne pouvais pas cautionner ça. »

Plus question d’acheter le moindre sac ou objet en cuir… Alors, l’ex-employée d’un restaurant gastronomique parisien a « commencé à chercher des matériaux alternatifs. » Jusqu’à tomber sur la peau de raisin, préférée à celle de pomme, ananas ou au cuir de cactus. « J’ai vu que Bentley allait en utiliser pour les sièges d’une de ses voitures. Je me suis dit que ça devait être souple et résistant, ça a fini de me convaincre. »

Il faut 2,5 kg de marc de raisins pour un mètre carré de tissu

D’autant que l’usine italienne qui la produit à Milan, Vegea, propose « la couleur, l’épaisseur et le grain qu’on veut. » « En fait, ils récupèrent du marc, le font sécher et le transforment en poudre », détaille Elsa Ritter. « Puis des huiles végétales sont injectées, ainsi qu’un polymère lui aussi végétal. Ça donne une pâte qui est étalée, teinte et pressée. Il faut environ 2,5 kg de marc de raisins pour produire un mètre carré de tissu, ça représente sept pieds de vigne. »

Cette matière première trouvée, l’Alsacienne a ensuite poussé sa démarche d’éco-conception en ajoutant une doublure avec un textile 100 % polyesters recyclés à partir de déchets plastiques collectés dans les océans. « La fermeture éclair est aussi recyclée et la corde du sac à main est en chanvre », complète encore la fondatrice de « Lérisa », une combinaison de son nom et prénom.

Son sac à main, le "L", se décline en trois couleurs. Noire, rouge, ou blanc.
Son sac à main, le « L », se décline en trois couleurs. Noire, rouge, ou blanc. – Elsa Ritter

Sac à main haut de gamme « mais pas de luxe »

Pour le moment, un seul modèle, le « L » est accessible à la vente, sur son site et dans quelques boutiques en Alsace, à Coulommiers et au Luxembourg. Au prix de 325 euros, « le tarif d’un sac à main haut de gamme mais pas de luxe ». « Il y a aussi des pochettes et deux nouveaux modèles de sacs devraient bientôt sortir. Dont un d’ici deux semaines. » Qui sera également assemblé « entièrement à la main » dans un atelier à proximité de Toulouse.

Elsa Ritter tient à son label « fabriqué en France » et a une empreinte carbone la plus réduite possible. La preuve, elle l’a fait analyser par un organisme spécialisé. « Mon produit génère 67 % d’émission de CO2 de moins qu’un sac similaire », assure l’Alsacienne, qui a jusque-là vendu « environ 150 sacs ». Pas suffisant pour encore en vivre « mais ça a bien pris, je suis contente ». Et bien plus à l’aise quand elle discute planète avec son conjoint…