France

Affaire Tony Vairelles : Trois ans ferme encore requis contre l’ancien footballeur

Tony Vairelles va-t-il retourner en prison ? Trois ans ferme ont été requis jeudi à Nancy contre l’ancien footballeur, jugé en appel depuis mardi avec trois de ses frères pour des violences à la sortie d’une discothèque en 2011. Soit la même peine que celle prononcée à son encontre en première instance.

Pour tous les protagonistes, les réquisitions sont similaires. De un à trois ans de prison ferme pour les frères Vairelles, et trois à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour les trois vigiles de la boîte de nuit. La décision a été mise en délibéré au 6 juillet.

Sans omettre les « séquelles physiques et professionnelles » des uns et des autres, le parquet s’est attaché à souligner « les certitudes du dossier ». Soit « trois personnes blessées par balle dans un laps de temps très court » : Carlos Di Napoli a reçu une balle dans le ventre, son frère Baldassare deux balles dans les mains, et leur collègue Peter Gerdum a été blessé à la cuisse. « On sait que c’est à l’occasion de l’affrontement entre les frères Vairelles et les frères Di Napoli que les balles ont été tirées, il n’y a pas de doute », a souligné Bernard Marchal.

« Un comportement clanique »

Le clan Vairelles met lui en avant la thèse « d’un mystérieux tireur, qui aurait pris leur défense sans que personne ne le voie ? », interroge encore M. Marchal. « Aucune arme n’a été retrouvée sur les lieux. Cependant, on sait, en raison du calibre des balles retrouvées, qu’au moins deux tireurs ont agi », ajoute-t-il.

Mettant en avant les personnalités des différents protagonistes, « bagarreurs » pour les Vairelles « selon les propos rapportés de certains membres de leur famille », et en face « des agents de sécurité, qui en quinze ans de métier n’ont jamais eu une seule condamnation », le parquet conclut que les premiers ont pour « mode de fonctionnement un comportement clanique », qui les a amenés à se faire « justice privée » sur les vigiles.

Me Virginie Barbosa, avocate des Vairelles, a plaidé la relaxe pour les quatre frères, soulignant que ses clients, décrits comme « des bagarreurs » par certains, n’ont pourtant « aucun casier », un excès de vitesse et une querelle de voisinage tout au plus. « Les experts psys affirment qu’ils n’ont pas d’impulsivité ou dangerosité », ajoute-t-elle. « Ce n’est pas un clan de prêts-à-tout, non, ce sont des gens travailleurs, soudés, qui ont le goût du sport et qui respectent les règles. »

Enquête catastrophique

« Dans ce dossier, le seul point où les agents de sécurité et nos clients tombent d’accord c’est sur la présence d’un cinquième homme », a rappelé Me Frédéric Berna, qui assure également la défense des Vairelles avec Me Barbosa. « Mais on ne sait toujours pas qui c’est, or je n’ai pas cette prétention et ce n’est pas mon rôle », a-t-il conclu, rappelant au passage le caractère catastrophique d’une enquête anormalement longue.

Prenant la parole en dernier, Tony Vairelles a voulu exclure son père de toute implication dans cette funeste soirée, certains ayant suggéré qu’il pourrait être le mystérieux cinquième homme : « C’est salir sa mémoire que d’insinuer cela, c’était une personne respectée et respectable ». Me Mathieu Schwartz, avocat des videurs, avait lui aussi plaidé la relaxe pour ses trois clients.

Tony Vairelles et ses frères ont été accusés d’avoir ouvert le feu et blessé les trois vigiles sur le parking d’une discothèque d’Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) en octobre 2011. L’ancien joueur a toujours clamé son innocence. Emprisonné cinq mois au début de l’instruction, il a été condamné en première instance, en mai 2022, pour « violences en réunion, avec préméditation et avec arme » à cinq ans de prison, dont deux avec sursis.

En 2022, Tony Vairelles était revenu sur cette condamnation dans un livre autobiographique, « Balles au centre ». Le footballeur a été sélectionné à huit reprises en équipe de France entre 1998 et 2000. Célèbre pour sa « coupe mulet », il était passé par Lens, Lyon, Bordeaux, Bastia et Gueugnon.