France

A Marseille, quel bilan du tiers-lieu Coco Velten 5 ans après son ouverture

C’est l’heure du bilan pour Coco Velten. Il y a cinq ans ouvrait ce tiers-lieu marseillais où, à deux pas de la porte d’Aix, cohabitent un centre d’hébergement pour sans-abri, une cantine solidaire et des ateliers-bureaux. Le tout sur 4.000 m² d’anciens locaux laissés vides par la direction départementale des routes, dont Marseille Habitat, le bailleur social de la ville, vient de se porter acquéreur. « Une bonne nouvelle » selon les équipes en place, mais qui suscite aussi de fortes interrogations : l’ADN de Coco Velten, projet d’occupation temporaire à l’image des Grands Voisins à Paris, va-t-il survivre ?

« La première impression est l’image d’une expérimentation réussie, il n’y a pas de discussion à avoir sur le sujet, et notre volonté est qu’elle dure le plus longtemps possible », tente de rassurer Alexandre Armentamo, directeur du développement immobilier chez Marseille Habitat, lors d’une rencontre-discussion organisée vendredi pour lancer les festivités du cinquième anniversaire. « La cantine solidaire va rester ouverte pendant toute la phase des travaux, son absence viendrait annihiler tout le travail fait ces dernières années », continue-t-il.

Près de 80 personnes aux profils variés accueillies

Chacun s’accorde ici à dire l’importance de la cantine dans l’écosystème Coco Velten. « C’est un lieu central pour pas mal de travailleurs sociaux, pour des rendez-vous hors les murs, tant les personnes accompagnées ne se sentent pas stigmatisées ici », témoigne Camille Mordenti, assistante sociale au sein de la résidence hôtelière à vocation sociale de Coco Velten. La structure occupe actuellement deux étages du bâtiment, et accueille 80 personnes en grande précarité et aux profils variés : des hommes seuls, des femmes seules, des femmes avec leurs enfants, des familles aussi.

« Quand je suis arrivé, en décembre 2020, j’avais des addictions, raconte Steve. Ils m’ont aidé à m’en sortir. Ici, j’ai trouvé une famille. » Il est resté deux ans à Coco Velten, avant de trouver un appartement. Il y revient souvent pour voir du monde, et pour « les paperasses » aussi. Les personnes hébergées restent en moyenne 324 jours, et près de 30 d’entre elles ont trouvé par la suite des solutions d’hébergement pérenne. A d’autres étages, se trouvent les bureaux d’une quarantaine d’associations au profil créatif. Elles participent à la programmation culturelle de la cantine, qui amène public et ressources financières.

« Cela n’a pas été simple au départ »

« Cela n’a pas été simple au départ de travailler tous ensemble, il y avait la confrontation de deux mondes, reconnaît Camille Mordenti. Cela a été un long travail de déconstruction, d’écoute, c’est long et fastidieux, cela bouscule les pratiques professionnelles, mais cela fonctionne ». C’est ce point de rencontre entre le social, l’économie solidaire et le culturel que les acteurs de Coco Velten veulent à tout prix maintenir.

D’autant que Kristel Guyon, de l’équipe Yes We Camp, l’un des trois pilotes de Coco Velten, avec Plateau Urbain et le groupe SOS, l’admet : « Notre lacune est de mieux créer du lien avec les familles du quartier. Notre focus était sur les personnes en grande précarité, qu’elles se sentent accueillies. »

Début des travaux pour 2024

« La question qui nous préoccupe aujourd’hui est quelle gouvernance sera mise en place pour articuler ces différents secteurs dans le bâtiment futur », interroge pour sa part Valentin Prelat, l’un des coordinateurs de Coco Velten. Il en va, pour l’équipe, de la continuité de l’esprit du projet. « L’animation telle qu’elle existe aujourd’hui va continuer », assure pour Marseille Habitat Alexandre Armentamo, renvoyant à « l’appel à manifestation d’intérêt » à venir pour les structures candidates.

« Forcément, la création de logements sociaux vient imputer de la surface, ajoute-t-il. Il est évident que 1.000 m² vont manquer. » La surface restante pour les activités annexes est en cours de définition. Le permis de construire doit être déposé à la fin de l’année, avec un lancement des travaux prévus en 2024. Et des nouveaux locaux livrés par phase entre 2025 et 2026 : d’abord le centre d’hébergement, ensuite les locaux d’activité, puis les logements sociaux.  « L’actualité nous montre qu’il y a un besoin de production », rappelle aussi Alexandre Armentamo.