Belgique

Qu’est-ce que le sneckdown, ce principe qui repère les espaces enneigés restés vierges pour mieux penser l’espace public ?

Ces traces laissées par les véhicules, ou plutôt l’absence de marques de passage à d’autres endroits, révèlent parfois de larges espaces de voirie inutilisés. Le concept porte même un nom : le sneckdown. Issu de la contraction de deux mots anglais : snowy (enneigé) et neckdown (élargissement de trottoir), le sneckdown, parfois traduit améneigement en français, désigne “une étendue de neige au sol qui permet de distinguer la surface réellement occupée par les usagers d’un espace donné”.

De quoi donner des idées à ceux qui plaident pour une meilleure répartition de l’espace public entre toutes les formes de mobilité. “Tout l’espace de rue qui reste vierge, visible grâce à la neige, pourrait être récupéré pour d’autres usages, notamment la marche ou le vélo, explique Élise Poskin, chargée de communication pour l’ASBL Tous à Pied et bioingénieure en gestion de l’environnement. Bien sûr, c’est quelque chose qui doit être imaginé à plus large échelle par les professionnels qui conçoivent les plans de voiries.”

L’aménagement de nos villes pensé en fonction de la voiture

Le concept est largement repris sur les réseaux sociaux par les usagers de la route qui y voient une belle occasion de repenser la mobilité. “Quand il neige, les villes sont plus apaisées, la ciculation est plus lente, les gens se sentent mieux, parce que la voiture prend finalement moins de place. C’est l’occasion de voir ce que ça donnerait si on repensait notre transport en favorisant les modes actifs”, ajoute Élise Poskin.

Dans d’autres pays, comme aux États-Unis, certaines villes ont déjà franchi le pas et redessiné les routes grâce au principe du sneckdown. À Philadelphie, par exemple, un carrefour a été totalement repensé à la suite d’une importante tempête de neige pour mieux redistribuer l’espace réservé aux voitures et aux piétons.

Plus proche de chez nous, à Liège, le Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens (Gracq) a lancé une action en invitant les citoyens à prendre des photos de leur quartier pour recenser les morceaux de voiries inutilisés qui pourraient être récupérés.

L’ASBL Tous à Pied rappelle qu’il n’est pas question de supprimer la voiture, mais bien d’imaginer un espace public plus équilibré. “On sait que les aménagements de nos villes et villages ont longtemps été pensés pour la voiture. Les maisons et bâtiments ne peuvent pas être poussés, l’espace, quand c’est possible et judicieux, est donc à reprendre sur la voirie.”

La neige a semé le chaos sur les routes, moins sur le rail