Belgique

Les Engagés soufflent leur première bougie : à Bruxelles, le chantier reste énorme

Les Engagés, qui ont succédé au CDH le 12 mars 2022, fêtent leur premier anniversaire ce dimanche à Mons. Au programme, une série d’interventions thématiques. Sur le climat, la santé, la fiscalité, le handicap… Et en guest-star, l’humoriste André Lamy pour clore la soirée.

L’événement marquera aussi la toute première convention des Engagés. Une telle convention est amenée à se tenir chaque année dans le but d’ajuster le manifeste du nouveau mouvement politique aux évolutions de la société.

Heurs et malheurs d’une première année

Ce dimanche, il est notamment prévu une modification statutaire conçue sur mesure pour Jean-Luc Crucke (annoncé absent pour raison de santé). L’ancien ministre wallon MR a rejoint Les Engagés en février. Le président Maxime Prévot avait alors annoncé que le Hennuyer occuperait la fonction de vice-président en charge des questions d’énergie et de climat. Un poste pas prévu par les statuts du parti, mais qui sera créé pour lui dimanche.

Jean-Luc Crucke nommé chez Les Engagés à un poste… qui n’existe pas

Les festivités seront aussi l’occasion pour les militants, réunis autour d’un verre, de passer cette première année d’existence en revue. La tentative avortée de former un cartel avec Défi, par exemple.

Il y a eu des hauts et des bas. Des arrivées, comme celle de Jean-Luc Crucke donc, mais aussi de l’entrepreneur Yvan Verougstraete (fondateur de Medi-Market) et d’une série de mandataires locaux en Wallonie et à Bruxelles, dont plusieurs issus de Défi.

À l’inverse, il y a eu des départs, des déçus des évolutions prises par le nouveau mouvement. Opaline Meunier à Mons, par exemple. L’ancienne présidente des Jeunes CDH a rejoint le MR. Tout comme l’entrepreneur bruxellois Rachid Azaoum. À Bruxelles, pas mal de personnes investies au niveau local ont quitté le parti, la perte la plus significative étant celle de la députée régionale Véronique Lefrancq.

”Je me sens orpheline politiquement parlant. J’ai besoin d’une identité et de marqueurs que je ne retrouve plus, avait-elle justifié. Le Mouvement a décidé de se définir en dehors du projet humaniste et de donner une nouvelle identité. Je respecte bien évidemment le processus et les choix effectués […] mais ce n’est pas mon choix.”

La réalité du vote communautaire

Ce départ est la traduction d’un tournant dans l’histoire du parti, celui de l’achèvement de sa déconfessionnalisation. Si le CDH, héritier politique du pilier chrétien, avait une approche inclusive de la neutralité de l’État et de la chose publique vis-à-vis des communautés, notamment religieuses, Les Engagés privilégient à présent une neutralité plus stricte.

Le CDH devient « Les Engagés » : sur papier, le pari de la rupture est réussi

Le départ de Véronique Lefrancq permet d’une certaine manière une clarification de la ligne politique à Bruxelles (quoique, les députés bruxellois Engagés n’avaient pas soutenu l’étourdissement avant l’abattage rituel, alors que cette disposition est reprise dans leur manifeste). Mais le revers de la médaille, c’est qu’”on risque de passer pour un parti fermé aux communautés”, s’inquiétait un ténor du parti, il y a quelques mois.

Qu’on le veuille ou non, que l’on joue ou non cette carte politique, les communautés pèsent à Bruxelles sur plan électoral. Il nous revient que pour les élections régionales bruxelloises de 2024, le parti misera davantage sur ses personnalités que sur son nom. L’enjeu est de taille puisque les sondages ne garantissent pas aux Engagés de dépasser le seuil électoral. Outre la députée sortante Gladys Kazadi, des mandataires locaux tels que Sofia Bennani, Mounir Laarissi ou Saïd Chibani sont déjà cités pour jouer un rôle en vue.