Belgique

Les coulisses du come-back politique de Françoise Bertieaux: “Allo, c’est Georges-Louis, tu ne devineras jamais pourquoi je t’appelle”…

Françoise, tu ne devineras jamais pourquoi je t’appelle”, annonce d’emblée le président du MR. Sur un ton grave, il lui explique que Valérie Glatigny démissionne de ses fonctions ministérielles pour des raisons médicales. Il laisse un blanc dans la conversation et lui propose alors d’achever son mandat à la tête du département de l’Enseignement supérieur.

Son “rêve” ministériel se réalise

Inespéré… Lorsqu’elle était encore active en politique, Françoise Bertieaux, qui a longtemps été cheffe de groupe au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), rêvait d’un tel portefeuille. Toutefois, elle réserve sa réponse et raccroche. Devenir ministre à 64 ans va chambouler les projets de son couple. Touristiques, notamment. Elle veut consulter son mari. Ce dernier, qu’elle avait accompagné en 2019 aux États-Unis dans le cadre de sa carrière diplomatique, lui donne son feu vert : “Vas-y, tu en as toujours rêvé…

Françoise Bertieaux rappelle le patron des libéraux francophones. Elle accepte le job. Georges-Louis, dont elle a toujours été proche et qu’elle admire, lui demande en outre de s’engager à se présenter sur les listes en 2024. Elle accepte également.

Le MR, en sortant Françoise Bertieaux de sa retraite, a voulu miser sur l’expérience. Lorsque, mercredi soir, Valérie Glatigny appelle longuement Georges-Louis Bouchez afin de lui faire part de sa décision, ce dernier arrive très vite à la conclusion qu’il ne peut pas mettre une jeune pousse à l’Enseignement supérieur. Il a besoin d’une personnalité rompue aux affres de la vie parlementaire et qui connaît les dossiers souvent très techniques en lien avec le monde académique.

BRUSSELS, BELGIUM - JULY 07 : MR press conference : resignation of Valérie Glatigny and presentation of the new Minister for Higher Education Francoise Bertieaux in the presence of President Georges-Louis Bouchez, Valérie Glatigny and Pierre-Yves Jeholet (MR), Minister-President of the Government of the Wallonia-Brussels Federation on 07, 2023 in Brussels, Belgium, 07/07/2023 ( Photo by Didier Lebrun / Photonews
De gauche à droite : Valérie Glatigny, Françoise Bertieaux, Georges-Louis Bouchez et Pierre-Yves Jeholet lors de la conférence de presse au siège MR annonçant la nomination de Bertieaux au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. ©DLE

Préserver les équilibres internes

Le président libéral souhaite également désigner une femme et une Bruxelloise. Le nom de Sabine Laruelle, un temps évoqué, est évacué en raison de son pedigree wallon. Il s’agit de préserver les équilibres internes entre les fédérations du MR.

Georges-Louis Bouchez associe étroitement à sa réflexion Sophie Wilmès et Pierre-Yves Jeholet, le ministre-Président du gouvernement de la FWB. Ces derniers connaissent le goût de leur fougueux président pour les “coups” et craignent qu’il ne débauche à nouveau une personnalité extérieure au parti. Sophie Wilmès et Pierre-Yves Jeholet lui indiquent qu’ils souhaitent que le casting s’effectue dans le sérail.

Satelliser un nouveau visage peut être une excellente opération médiatique pour une formation politique mais il faut aussi récompenser les élus qui ont mouillé leur maillot sur les marchés, étaient de toutes les campagnes électorales, se sont pris des coups, ont dû en donner, ont sacrifié leur vie privée….

Les déceptions internes qui ont suivi la désignation aux Affaires étrangères de l’ancienne journaliste Hadja Lahbib ne pouvaient pas se reproduire. Françoise Bertieaux coche toutes les cases. Le poste est pour elle. Nous sommes mercredi soir, vers 22 heures. Sophie Wilmès et Pierre-Yves Jeholet valident l’idée de Georges-Louis Bouchez. Ce dernier met au courant ses plus proches collaborateurs.

La désignation d’Hadja Lahbib aux Affaires étrangères avait été contestée au sein du MR.

Après avoir obtenu l’accord de Françoise Bertieaux, jeudi matin, le président du MR contacte plusieurs mandataires qui auraient pu espérer obtenir le portefeuille ministériel. En particulier, Diana Nikolic, cheffe du groupe libéral au parlement de la FWB, et David Leisterh, président de la fédération bruxelloise du MR et chef de groupe au parlement régional. Il leur explique avec tact sa décision.

”Georges-Louis s’est montré humain”

Le patron des libéraux francophones consulte également les membres du bureau exécutif du parti. “On a été très heureux de sa manière de gérer la succession de Valérie. Georges-Louis a retenu les leçons du passé. Il a consulté et il s’est montré humain”, commente un leader libéral.

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On a été très heureux de sa manière de gérer la succession de Valérie Glatigny« 

Les leçons du passé ? En effet… En octobre 2020, le jeune Montois avait dressé une partie du MR contre lui en tentant de débarquer sans délicatesse la ministre wallonne Valérie De Bue pour la remplacer par Denis Ducarme. Il avait dû renoncer à ses plans. Georges-Louis Bouchez avait pu se maintenir à la présidence du parti en promettant de consulter davantage les poids lourds libéraux lors des décisions difficiles.

Cette fois, la situation est très différente. Selon un rapide coup de sonde en interne, il semble que les mandataires MR apprécient le choix présidentiel. “Françoise Bertieaux, c’est moins ronflant que les autres annonces précédentes (Hadja Lahbib, etc.) mais pour finir un mandat en sécurité, c’est du win-win”, analyse un élu bruxellois.

Le scoop de La Libre annonçant la désignation de Françoise Bertieaux.