Belgique

« Les cigarettes doivent disparaître des terrasses belges »

Pour atteindre cet objectif de génération sans tabac, il a été décidé, entre autres mesures, d’interdire les cigarettes dans les parcs d’attractions, les parcs zoologiques, les fermes pédagogiques et les plaines de jeux à partir de janvier 2025. Parmi les mesures du plan figurent aussi une réduction du nombre de points de vente de produits de tabac et l’interdiction de l’exposition des paquets de produit de tabac aux points de vente, une amélioration de l’aide au sevrage, etc..

Mais pour Catherine Fonck, députée fédérale les Engagés, qui milite de longue date pour des mesures plus restrictives en matière de consommation de tabac, le plan anti-tabac du gouvernement ne va pas assez loin.

“Le plan anti-tabac est important mais il est trop light, les mesures réellement efficaces sont reportées à plus tard. Il y a un lobby du tabac qui reste malheureusement très important”, déplore-t-elle.

Selon la députée fédérale, il est essentiel de faire en sorte que les enfants n’entrent pas en contact avec la fumée de cigarette. “Il est essentiel de protéger les patients qui ne fument pas des effets du tabagisme passif et ce, pour différentes raisons : premièrement, les enfants sont très fragiles sur le plan pulmonaire, deuxièmement pour l’exemple et troisièmement pour les mégots de cigarette. C’est une évidence, on ne peut pas tolérer la présence de mégots de cigarette dans les bacs à sable et plaines de jeux où vont jouer les enfants

Dans cette optique, elle plaide pour que les cigarettes soient également bannies des terrasses.

“À titre personnel, je pense qu’il faudrait également interdire le tabac en terrasse des bars, des cafés et des restaurants. Il me semble essentiel qu’on ne puisse plus fumer à proximité des jeunes et des enfants. Je suis persuadée que les citoyens sont demandeurs de cette mesure. Le fait de fumer ne vous donne pas le droit d’enfumer tous les autres autour de vous. Si une personne veut fumer une cigarette, elle s’écarte le temps nécessaire. Comme ça, ça ne dérange personne et on élimine les risques du tabac.”

19% des Belges fument

Selon la dernière enquête de Sciensano, la Belgique compte 19 % de fumeurs dont 15 % de fumeurs quotidiens et 4 % de fumeurs occasionnels. Ces dernières décennies, le nombre de fumeurs a largement diminué. En 1997, un Belge sur quatre fumait quotidiennement et en 2005, notre pays comptait encore 20,08 % de fumeurs.

Ces dernières années, la diminution du nombre de consommateurs de tabac s’est cependant vue ralentir et les crises successives que nous connaissons depuis plusieurs années ne sont pas étrangères à cette stagnation.

“On veut qu’il y ait maximum 5 % de fumeurs dans la population belge. Malheureusement, on n’y est pas du tout. On constate qu’on stagne depuis plusieurs années. En cause, des facteurs humains comme le stress et la situation socio-économique. Les gens sont plus stressés et pensent qu’en fumant, ils réduisent leur stress mais ce n’est pas le cas. Quand on fume, le cerveau sécrète de la dopamine, une hormone du plaisir dont l’effet est très court. Ensuite, le fumeur a de nouveau envie de fumer et ressent du stress. C’est comme ça que s’installe la dépendance”, explique Véronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation contre le cancer.

Pendant la crise sanitaire, entre 32 % et 39 % des fumeurs déclaraient en effet fumer davantage par rapport à la période précédant l’arrivée du Covid-19, tandis que seulement 16 % à 20 % indiquaient fumer moins qu’avant la crise.

L’enquête de Sciensano a également permis de récolter des données sur la consommation de cigarettes électroniques. Il en ressort notamment qu’en 2018, 15,5 % de la population avait déjà essayé une e-cigarette et qu’au moment de l’enquête, 2,7 % de la population consommait occasionnellement alors que 1,4 % consommait quotidiennement, ce qui représentait un total de 4,1 % de consommateurs.

La cigarette électronique est une arme à double tranchant dans la lutte contre la dépendance au tabac. Souvent mis en avant comme un moyen d’aide à l’arrêt tabagique, les vapoteurs ne sont que 11,6 % à ne pas avoir fumé auparavant mais ce taux augmente à 33,5 % parmi les 15-24 ans. De plus, 75,5 % des vapoteurs fument du tabac combustible en parallèle et plus de la moitié des vapoteurs (53,7 %) le sont depuis plus d’un an.

Contrairement à d’autres techniques, l’efficacité de la cigarette électronique en tant que moyen de sevrage ne fait pas encore l’objet d’un consensus scientifique.