France

Marathon de Paris : « Ni ma fille, ni ma mère ne sont au courant que je cours », Audrey et sa préparation cachée

« Sur le post Insta d’après-course ? Je l’espère avec un grand sourire, la médaille particulière de finisher, un chrono sympa, et pouvoir dire qu’enfin, j’ai kiffé ! » Dans la vraie vie, Audrey est coiffeuse à Boissy-Saint-Léger dans le Val-de-Marne (94) où elle a son propre salon. Le running, c’est sa passion depuis dix ans, elle y a rencontré son mari et a développé sa communauté sur Instagram autour de ses « sorties et prépas ». Mais depuis qu’elle a commencé « sur un pari » la course à pied, la distance marathon semble quelque peu lui échapper.

« Pour mes 40 ans, j’ai décidé de me lancer sur du 42,195 km officiel, moi qui habituellement, pars sur du 10 kilomètres ou du semi-marathon », raconte Audrey, qui choisit alors deux événements emblématiques : le marathon de Paris et celui de New York. « Manque de bol, c’était en 2021, et ça ne s’est pas vraiment passé comme je l’imaginais. » Pour l’édition 2023 dans la capitale, la coiffeuse de 41 ans a alors décidé de préparer sa course dans son coin, ne révélant rien à ses followers, ni même à la plupart de ses proches. « J’ai une grande fille de 19 ans qui n’est pas au courant, ma mère non plus, confie la runneuse. Je me suis sentie plus libre dans ma préparation même si la cacher pendant trois mois n’a pas été simple du tout, et notamment à ma communauté sur Insta. » Pour 20 Minutes, elle revient sur ses mésaventures qui l’ont amené à courir dans le secret.

« Abandonner n’était pas une option »

« En 2021, j’ai eu 40 ans et j’avais décidé de courir les marathons de Paris en avril et de New York en octobre ». Mais la crise sanitaire du Covid-19 passe par là : en avril, la France est reconfinée et le marathon de Paris reporté. « Mon mari a alors eu une idée géniale : il m’a organisé un marathon off dans les forêts autour de chez moi, celle de Notre-Dame et de Grosbois. » La runneuse est aux anges, elle profite de ses amis et sa famille disséminés sur l’ensemble du parcours. « Quand je suis arrivée, j’ai lancé direct « O.K. on recommence quand ? ». »

En octobre, alors qu’elle prépare le marathon de New York qui doit avoir lieu début novembre, Audrey participe finalement à l’édition 2021 de Paris reportée. « Je n’avais fait que neuf semaines de préparation au lieu de douze, donc pas de sortie vraiment longue pour me tester. En plus, j’étais en short et en tee-shirt, il faisait 4°C, je pense que j’ai attrapé un coup de froid au départ. » Résultat ? Alors qu’elle attendait ce marathon avec impatience, Audrey se retrouve dans le dur dès le 24e kilomètre avec des problèmes intestinaux. « Abandonner n’était pas une option mais j’ai terminé en 5h34 dont au moins 25 minutes d’arrêt sur les points toilettes et en alternant marche et course. » Sur la ligne d’arrivée, elle est l’ombre d’elle-même et a perdu 4 kg.

« Là, je me dis que c’est un enfer et que le marathon, il faut que j’oublie. » Elle ne peut finalement pas se rendre à New York pour courir l’autre mythique marathon qu’elle avait coché : les frontières n’ont rouvert que le lendemain de la course. Elle se prépare donc pour l’édition 2022. « On arrive le jeudi avec mon mari pour courir le dimanche, je suis complètement jet-laguée sur la ligne de départ. Il fait 25 degrés, 90 % de taux d’humidité, je ne suis pas prête. » A partir du 12e kilomètre, Audrey subit la course et termine, au mental, en se disant « le marathon, plus jamais ».

Sa décision et sa préparation dans le plus grand secret

Pourtant, quelques mois plus tard, la runneuse replonge et achète un dossard : celui du marathon de Paris 2023. Mais elle décide de garder l’information pour elle, ne mettant dans la confidence que son mari. « C’est un défi dans le défi : d’un côté, ne pas en parler m’enlève une pression que je me mets moi-même quand je partage car j’ai une communauté et un entourage bienveillants. De l’autre, Instagram me permet d’échanger sur les séances, par exemple après une séance difficile de fractionné, et c’est rassurant et réconfortant. » Elle a donc suivi son plan d’entraînement depuis janvier dans le plus grand secret. « Je pense que certains m’ont grillée, surtout ceux qui me suivent sur Insta et Strava mais là, je dois relever ce défi pour moi. »

Et quel défi pour celle qui se définit comme « celle qui aime amuser la galerie », « toujours entourée à la maison comme au travail » et qui aime partager son amour du running ! « J’espère vraiment mieux vivre mon expérience marathon, je pars dans l’inconnu, je ne sais pas comment je vais le gérer mais j’ai besoin de le faire pour moi », confie une Audrey plus sérieuse. « Et puis, je serai seule sur la ligne de départ mais qui sait, je vais peut-être partager quelques kilomètres avec des inconnus, nous soutenir et nous pousser vers l’arrivée. C’est aussi ce que j’aime dans le running, le pouvoir du partage. » Elle compte aussi sur son mental pour (enfin) profiter d’un marathon officiel. « Quand on est en groupe, on va avoir tendance à se plaindre ou à plus s’écouter, là je ne dois compter que sur moi-même. »

Approcher la barre des 5 heures, un doux rêve ?

Avec un PB (personal best ou pour les non-initiés, son record personnel sur la distance) de 5h34 en compétition, Audrey compte bien approcher la barrière des 5 heures. « On ne va pas se mentir, les gens qui courent ont toujours un objectif en tête. Je compte donc exploser mon chrono de New York de 5h47 et me rapprocher des 4h55 de mon marathon off, mais qui était bien plat par rapport au parcours de Paris. » Elle boucle une préparation satisfaisante où elle a battu il y a quinze jours son meilleur chrono sur le semi de Paris, 2h06 cette année, une course à laquelle elle a déjà participé plusieurs fois. « En 2022, j’ai fait 2h07 et en 2019, 2h25. Passer sous les 2 heures pourrait être un objectif post-marathon. » Ou se lancer sur le marathon du Médoc, elle qui avoue que se déguiser est sa deuxième passion dans la vie. « Il n’y a aucune pression sur le chrono et c’est vraiment le fun. J’aimerais bien vivre ça un jour mais un marathon pour la perf’, je ne suis pas sûre d’en refaire un. Si c’est le dernier, c’est chouette car ça bouclerait la boucle : 42 kilomètres l’année de mes 42 ans. »

Pour y parvenir, Audrey a déjà quelques tips en tête : « Je cours toujours sans musique. Lors de ma sortie longue, j’ai commencé à ressentir une baisse de motivation au 24e kilomètre et j’ai mis ma musique. Ça m’a pas mal boostée donc je le garde en tête. » Et puis, elle songe aussi à comment elle va l’annoncer à ses followers, qu’elle a privés d’annonces depuis le début de l’année. Prête alors pour SON marathon ? « Ma dernière grosse sortie c’était 15 bornes dimanche donc oui je pense que je suis prête, prête à révéler au monde entier que je vais courir le Marathon de Paris 2023, plaisante-t-elle. Enfin ceux qui vont lire cet article. »