Belgique

Le froid glacial entre Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez pourrait influencer le choix du futur gouvernement fédéral

En marge du congrès de la N-VA ce week-end, Bart De Wever a déclaré sur Bel-RTL qu’il n’aimait “pas vraiment” le jeune Montois. “Bouchez, il dit tant de choses, il s’imagine tant de choses aussi…”, a-t-il complété.

Cette froideur de la part du bourgmestre d’Anvers n’est pas neuve. Durant la crise politique qui avait suivi les élections de 2019, Bart De Wever avait pu découvrir le caractère intraitable de Georges-Louis Bouchez.

Une scène savoureuse situe l’origine de leur mésentente. Nous sommes début 2020. Les négociations pour l’avènement d’une coalition unissant le PS et la N-VA patinent. Mais De Wever pourrait accepter de troquer les mesures sociales réclamées par les socialistes contre des réformes institutionnelles.

L’origine d’une fracture

En réunion au 10e étage du quartier général du MR, avenue de la Toison d’or, il l’annonce au président du MR. Georges-Louis Bouchez, comme libéral, ne peut trouver son compte dans un tel deal PS/N-VA et laisse fuser une réponse provocatrice : “Bart, tu veux aussi les clefs de ma voiture ?” Il les jette alors sur la table. Bart De Wever écarquille les yeux mais plaisante à son tour : “Et le numéro de ta femme aussi?” Le ton reste léger mais une fracture est apparue entre les libéraux et les nationalistes.

Les coulisses de la crise politique de 2019/2020 : la scène « des clefs » entre Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez.

Par la suite, les relations se sont dégradées. Durant l’été, Bart De Wever avait même fini par réclamer l’exclusion du MR des discussions pour la mise en place d’une nouvelle majorité fédérale. Ce coup nationaliste porté contre Bouchez s’était finalement retourné contre son auteur : la N-VA sera évacuée des négociations et la Vivaldi (libéraux, socialistes, écologistes et le CD&V) verra le jour en octobre.

Depuis lors, les contacts entre Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez sont quasiment inexistants. Cela peut sembler paradoxal car, si l’on excepte les questions institutionnelles, leurs formations politiques sont proches dans le domaine socio-économique ou encore en matière de sécurité et de migration.

Au MR, beaucoup regrettent l’époque de la “suédoise”, un gouvernement à quatre branches qui unissait les deux partis libéraux, la N-VA et le CD&V. Comme le chef du MR l’affirmait récemment dans une interview, cette coalition dirigée par Charles Michel était “beaucoup plus efficace” que l’actuelle Vivaldi d’Alexander De Croo.

Des conséquences en 2024 ?

Mais la constitution d’une coalition de centre-droit en 2014 reposait sur la relation de confiance entre Bart De Wever et Charles Michel. Or, cette condition n’est plus remplie depuis que Georges-Louis Bouchez est à la tête du MR. Cette difficulté pourrait hypothéquer le retour d’une formule de type “suédoise” en 2024.

En nombre de sièges, cette coalition n’aura probablement pas de majorité à la Chambre aux prochaines élections. Toutefois, en ajoutant Vooruit et Les Engagés, en fonction des résultats, une “Arizona” – une formule sans le PS – pourrait voir le jour (MR, N-VA, CD&V, Vooruit, Open VLD, Les Engagés).

Le MR compte sur Theo Francken pour améliorer ses relations avec la N-VA.

Cette dernière hypothèse ne vaut que si la N-VA accepte de mettre au frigo son agenda confédéraliste, comme elle l’avait fait en 2014. Dans le climat actuel de précampagne électorale, les nationalistes flamands continueront de faire vibrer la corde communautaire pour mobiliser leurs sympathisants. Toutefois, régionaliser encore un peu plus l’État belge nécessitera une majorité des deux tiers au parlement. Très difficile…

À moins d’un bouleversement politique majeur, ce verrou constitutionnel ne sautera pas en 2024. Ne pouvant obtenir le “confédéralisme”, la N-VA devra se rabattre sur son plan B : un gouvernement qui répond à son programme sur le plan socio-économique et sécuritaire. Dans ce scénario, Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez seront alors obligés de s’asseoir à la même table…