Belgique

La lutte contre le trafic de drogues porte ses fruits, “mais au prix d’efforts financiers surhumains pour nos communes”

Les trafics de stupéfiants et les nuisances liées à cette criminalité préoccupent, plus que jamais, les autorités policières, judiciaires et politiques du pays. Dans la zone de police Bruxelles Ouest (Molenbeek, Ganshoren, Jette, Koekelberg, Berchem-Ste-Agathe), une nouvelle méthode de travail pour lutter contre la drogue a été amorcée, début d’année.

Selon le premier bilan semestriel communiqué par la zone de police, le travail de terrain porte ses fruits : 180 arrestations judiciaires dont 43 ont ensuite fait l’objet d’un mandat d’arrêt ; 62 kilos de cannabis (près de 9 euros le gramme à la revente, selon la police), 5,5 kilos de cocaïne (40 à 50 euros le gramme), près de 10 kilos d’héroïne (15 à 20 euros le gramme) et 482 pilules d’ecstasy (5 euros la pilule). Un peu plus de 225 000 euros en liquide ont également été saisis.

”Nous travaillons de façon proactive pour lutter contre cette forme de criminalité, c’est impossible d’intervenir de façon réactive dans la lutte contre les stupéfiants. Nous avons élaboré une méthode de travail et nous sommes satisfaits de ces premiers résultats”, expose le commissaire Ganseman, de la zone de police Bruxelles-Ouest.

Des zones critiques

Quelle est la méthode en question ? “Nos policiers sont actifs dans des zones et des quartiers réputés pour la vente et la consommation de drogue, comme le quartier Ribaucourt et Léopold II”, précise le policier.

Le quartier autour de la station de métro Ribaucourt est effectivement notoirement réputé comme un haut lieu de transaction, mais aussi et surtout de consommation de drogue. Fin 2022, la Stib évoquait une augmentation de près de 70 % des signalements pour faits de drogue entre 2021 et 2022 sur le réseau de transports en commun. Ribaucourt figure parmi les stations les plus tristement connues en la matière. En juin, des riverains ont d’ailleurs interpellé les autorités communales pour dénoncer un nombre croissant de seringues abandonnées en rue, utilisées puis abandonnées par les consommateurs de crack dans le quartier.

”Notre police est active dans et autour des stations de transports en commun, qui sont souvent des points de transit pour les dealeurs de rue qui y rencontrent facilement leurs clients, confirme d’ailleurs le commissaire Ganseman. Mais nous comptons également beaucoup sur les enquêtes judiciaires qui, grâce à des méthodes spécifiques, mettent au jour des trafics plus importants. Par exemple, lorsqu’une source nous indique un véhicule suspect ou un lieu suspect, des observations sont menées pour identifier les activités criminelles. Pour cela, le parquet de Bruxelles est un partenaire important.”

Important coût financier pour les communes

Pour le commissaire Ganseman, les collaborations entre les différentes zones de police, mais également avec la police fédérale et le parquet permettent de lutter plus efficacement contre le narcotrafic. “Que ce soit le deal de rue ou le gros trafic de drogue, tout est lié, et nous essayons d’agir sur tous les maillons de la chaîne”, assure le policier.

Et d’ajouter : “Tout le monde travaille à son niveau pour lutter contre ce phénomène. Nous sommes tous conscients que tant qu’il y aura beaucoup d’argent à gagner dans les stupéfiants, il sera compliqué d’éradiquer le problème. C’est pour cette raison qu’il est important de collaborer. C’est la seule façon d’obtenir des résultats sur le terrain”.

La bourgmestre de Molenbeek, Catherine Moureaux (PS), précise quant à elle que si le travail porte effectivement ses fruits, il a un coût non négligeable au niveau local. “Oui, la nouvelle méthode de travail mise sur pied à Molenbeek fonctionne bien. Cependant c’est au prix d’efforts financiers surhumains pour nos communes. Nous nous sentons bien seuls : nous n’avons toujours pas reçu l’aide de la Ministre Verlinden et même sa promesse faite de maintenir les effectifs policiers du plan canal fédéral n’est pas tenue à ce jour”, déplore la bourgmestre socialiste.

Esseulé, c’est également le constat du bourgmestre de Mons, Nicolas Martin (PS) qui expliquait, à La Libre, ne pas comprendre “la passivité des autorités fédérales”, pointant, lui aussi, la ministre de l’Intérieur qu’il estime peu impliquée dans la lutte contre les narcotrafiquants.