Belgique

”Étais-je en colère contre la police ? Non, juste contre les policiers qui ont tué Adil”

L’information fait très rapidement le tour de la toile. Le lendemain, des appels sont lancés sur les réseaux sociaux pour manifester la colère que ce drame a suscitée. Un rassemblement qui devait être pacifique, mais qui prendra des allures d’émeutes. Près de 45 personnes seront interpellées, une vingtaine de véhicules de police endommagés, plusieurs policiers blessés et une arme de service dérobée dans la boîte à gants d’un combi de police.

Décès d’Adil à Anderlecht: une plainte pénale déposée contre le parquet de Bruxelles

L’enquête s’est poursuivie, tant à l’égard des émeutiers pour tenter d’identifier les suspects, que pour connaître les circonstances exactes de la mort du jeune. La chambre du conseil de Bruxelles dira, mardi, si les policiers qui ont percuté le jeune garçon seront poursuivis.

Et ce lundi, c’est la partie “émeutes” du dossier qui se jouait au Palais de justice de Bruxelles. Dix-neuf personnes étaient attendues à l’audience, mais seuls huit jeunes étaient présents.

”J’ai été inconscient, je le reconnais”

Les prévenus doivent tous répondre de rébellion, mais certains sont aussi poursuivis pour vandalisme (dégradation de véhicules de police, jets de pavés et de projectiles ciblant des policiers), d’autres pour vol avec violence. Un des prévenus est poursuivi pour coups et blessures sur une policière qui était dans une station de métro lorsqu’un des jeunes s’en est pris à elle.

Si la plupart des jeunes présents à l’audience ont reconnu leur participation aux émeutes d’un air désolé, ils ont – pour la plupart – confié avoir ciblé des véhicules des forces de l’ordre et non les policiers eux-mêmes. Quant aux raisons qui les ont poussé à se joindre à de tels événements, chacun avait sa petite histoire. “Y a eu un appel à se rassembler pacifiquement, pas pour une émeute. Puis c’est devenu ce que vous savez. J’ai jeté des pierres et pleins de trucs. Par chance, je n’ai touché personne. J’ai été inconscient, je le reconnais”, a ainsi expliqué l’un des garçons.

Et un autre d’ajouter : “Était-ce une bonne idée ? Pas du tout Madame la juge, mais à l’époque, on ne croyait pas les faits concernant Adil. On n’avait aucune raison valable de faire tout ça, si ce n’est qu’il y avait de la colère”.

Durant l’instruction d’audience, le ministère public interrogera les prévenus sur leurs motivations. En demandant, à chaque fois, si le moteur de toute cette mobilisation était lié à une certaine animosité à l’égard de la police. “Étais-je en colère contre la police ? Non, juste contre les policiers qui ont tué Adil”, résumera l’un des prévenus.

Le caleçon rouge à bordure noire

À la suite de ce bref interrogatoire, le tribunal est passé à la projection des images des émeutes. C’est notamment sur la base d’analyse de ces nombreuses images que les enquêteurs ont pu mettre la main sur les dix-neuf prévenus. Grâce à leur morphologie, leur coupe de cheveux ou encore… leurs sous-vêtements.

Un des prévenus, visage masqué mais porteur d’un caleçon rouge à bordure noire le jour des faits, aurait été identifié grâce à cela.

Parmi les prévenus présents, certains se sont reconnus sur les images diffusées, d’autres contestent. Un des jeunes nie d’ailleurs toute implication dans le dossier.

« Au départ, je pense que beaucoup sont venus pour un rassemblement pacifiste, défend Olivier Martins, l’avocat d’un des jeunes. Une minorité a débordé, et il y a eu un mouvement de foule. Je pense aussi que, parfois, la police abuse de ses fonctions. Dans un autre dossier, un jeune que je défends s’est fait contrôler 15 fois en quelques mois. C’était peut-être ici ce ras-le-bol qui s’extériorisait. »

Le procès se poursuivra mercredi avec le réquisitoire de la procureure.