Belgique

Le Parlement wallon porte l’affaire de son nouveau mobilier devant la justice

Pour rappel, le marché public entourant la commande de ce nouveau mobilier pose question. Certains éléments laissent en effet penser que le marché public a été taillé sur mesure pour la société namuroise Berhin qui l’a finalement emporté. Rappelons que la société aurait même participé à la rédaction du cahier des charges. Dans le même ordre d’idée, le bureau a décidé de transmettre au parquet l’ensemble des pièces concernant tous les marchés publics relatifs à l’extension du Parlement wallon. Non pas que tous soient suspects, mais pour s’assurer que rien ne soit laissé au hasard dans cette affaire qui ternit l’image de l’institution. Une mesure de prudence donc.

Le bureau du Parlement s’est fait assister par Me Jean Bourtembourg qui a réalisé un premier travail d’analyse des différents documents pointant çà et là les éléments qui pourraient intéresser le parquet.

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Fallait-il rendre public le cahier des charges ?

Les députés wallons membres du bureau ont aussi abordé la question de la prudence a adopté dans cette affaire pour laquelle une instruction judiciaire sera bientôt en cours. S’il fut question de rendre public le cahier des charges qui, à l’époque avait été rédigé dans le cadre du marché public, il n’en sera finalement rien. Deux membres du bureau (les représentants PTB et Écolo) voulaient le sortir de la confidentialité, considérant que ce cahier des charges était forcément public au moment de l’appel d’offres et qu’agir de la sorte ne mettrait pas en péril l’instruction judiciaire. Les autres membres du bureau n’ont pas souhaité aller dans cette voie. Le PTB dénonce, par la voix de son chef de groupe, Germain Mugemangango, “un manque de transparence”.

Pour rappel, c’est le précédent bureau du Parlement wallon – lequel a démissionné dans son ensemble après les révélations relatives à l’explosion du coût de l’extension et à l’affaire du greffier – qui avait validé le marché public, aujourd’hui mis en cause. Manu Disabato, député Écolo, qui en faisait partie, estime qu’à l’époque, les membres du bureau n’avaient pas été correctement informés. Il a écrit, il y a plusieurs semaines à l’actuel président du Parlement, André Frédéric (PS), afin d’obtenir des éclaircissements. “Certains éléments n’étaient pas connus de certains membres du bureau de l’époque, notamment le fait que la société sélectionnée (Behrin) a été consultée pour la rédaction du cahier spécial des charges, a-t-il fait valoir. D’autre part, il apparaît qu’il y avait des demandes que le mobilier soit de standing et prestigieux pour la maison de la Présidence, ce qui n’a pas non plus été communiqué à certains membres du bureau. Je souhaiterai dès lors avoir accès à tous les documents qui ont trait à ce marché public.”

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Le rôle de Jean-Claude Marcourt

À l’en croire, les députés chargés de voter ou non en faveur de l’attribution du marché à la société namuroise n’ont pas été complètement informés. Ils ne savaient pas, entre autres, que le jury qui avait rendu un avis sur la qualité des meubles proposés par Berhin et qui soutenait cette candidature était, en fait, composé du président du Parlement de l’époque, le socialiste Jean-Claude Marcourt, du greffier et de quelques membres du personnel du greffe. Il leur avait manifestement été dit que le jury était un prestataire technique. Jean-Claude Marcourt était-il, dès lors, le seul membre du bureau à connaître la réelle composition du jury ? C’est ce que la future enquête devra déterminer. Néanmoins, la position de celui qui fut pendant un peu moins de quinze ans, ministre wallon de l’Économie devient de plus en plus intenable. Après l’affaire Nethys, où son rôle reste encore à déterminer, l’affaire de l’extension du Parlement wallon continue de ternir sa fin de carrière politique. Du côté de la majorité, on continue cependant à pointer du doigt le greffier. C’est la justice qui tranchera.