Belgique

Consommation excessive d’alcool en soirées étudiantes: que font les universités?

L’alcool dans les soirées étudiantes est légion. Cependant, les universités essayent de mettre en place des systèmes visant à prévenir les dérives, qu’ils soient au niveau de l’alcool, du bruit, des violences ou encore de la protection lors des rapports sexuels. Tour d’horizon.

Guindaille 2.0 à l’UCLouvain

L’UCLouvain, par exemple, a mis en place depuis plusieurs années maintenant le système Guindaille 2.0. Celui-ci consiste à préserver une ambiance conviviale en soirée et à protéger les étudiants et étudiantes.

Simon Masson, Vice-président de la régionale la Liégeoise de l’UCLouvain et ancien chef bar connait bien le système. Il pense que c’est une bonne chose que l’université mette ce genre d’initiative en œuvre “mais ce n’est jamais assez”. “Cela fait évoluer les mentalités”, ajoute-t-il. Si le système n’est pas forcément connu de tous les étudiants et étudiantes, il assure que la plupart connaît au moins un aspect du système de prévention comme l’eau gratuite par exemple. L’ancien chef bar évoque même que “beaucoup venaient chercher des préservatifs et des bouchons d’oreilles. Ils savent que c’est dispo et n’hésitent pas !”

En revanche, Simon ne sait pas trop si les fêtards ont toujours le réflexe de se tourner vers les responsables de soirées (il y a toujours une personne responsable avec un t-shirt jaune qui doit rester sobre) en cas de soucis. Le Vice-président raconte qu’il a toutefois déjà arrêté de servir un étudiant qui avait manifestement trop bu, “cela m’est déjà arrivé de forcer des gens à boire de l’eau, que ce soit mes amis ou des inconnus que j’ai servis en étant derrière le bar”.

L’UCLouvain forme dans chaque association étudiante une personne responsable du dispositif Guindaille 2.0. Cette personne devient la référence pour tous les aspects liés au dispositif et son application dans les soirées organisées par un collectif étudiant. De plus, la formation a un volet consentement.

A l’UNamur, pas de Guindaille 2.0 mais un Beer Responsible

A l’UNamur, Jeanne Nérac, Présidente de l’AGE (Assemblée Générale des Étudiants) souligne le fait que l’Université, ainsi que les associations étudiantes (régionales, kots-à-projet, cercles et l’AGE) ont toujours été soucieuses de ces problématiques liées à la prévention. “Des formations de premiers secours sont organisées chaque année pour les membres de collectifs, ainsi que des formations sur le consentement, les violences sexuelles, etc”.

La présidente a relancé, à l’occasion de la Saint-Nicolas en décembre dernier, la campagne Beer Responsible qui datait de 2013. Jeanne Nérac explique : “Cette campagne se fait via 10 pictogrammes sur la consommation de softs, d’eau gratuite, sur la prévention de la vitesse au volant, du consentement, des nuisances sonores, du respect de la propreté de la ville de Namur, des violences ou encore la protection lors de rapports sexuels.”

La formation au cœur de la ville ardente

A Liège, l’université travaille sur la dépendance à l’alcool lors événements festifs via des formations en collaboration avec l’AGEL (association générale des étudiants liégeois). Ces séances sont l’occasion de mieux former les organisateurs sur les risques de conflit, les premiers secours, la consommation responsable d’alcool, etc.

L’association générale des étudiants liégeois (l’association s’occupe notamment de la gestion du Chapi) initie différentes alternatives à l’alcool, comme la création d’un Roi des bleus à la bière sans alcool ou encore la possibilité de faire un alcootest à la sortie des soirées pour les bobs.

Les jeunes et l'alcool
©BESSEYRE Christelle

ULB : Ça m’saoule et toi ?

À l’université libre de Bruxelles (ULB), tout est aussi misé sur la collaboration avec les associations étudiantes (les premières concernées dans l’organisation de soirées qu’importe les universités). Le projet ça m’saoule se base sur l’éducation par les pairs. En pratique, « 30 délégués des cercles de l’ACE (Association des cercles étudiants) sont formés chaque année par les associations Modus Vivendi, sur les questions de consommation d’alcool, et O’yes, sur les thématiques de la vie relationnelle, affective et sexuelle », indique l’ULB. Les délégués ont quelques missions à remplir : « Animer des stands lors événements de grande envergure, animer le parcours de sensibilisation ça m’saoule … j’ai craqué sur les questions de consommation d’alcool organisé en février ».

Côté étudiant, une convention alcool comprenant l’offre d’eau gratuite lors des guindailles, la vente de softs, la possibilité d’avoir des bières allégées en plus des pils et l’interdiction de vendre des alcools fort / spiritueux a été « co-construite avec les cercles de l’ACE, ULB Santé, le vice-recteur aux affaires étudiantes et les deux associations, Modus Vivendi et O’yes »

En parallèle, l’ULB assure que le prix de la bière et les horaires ont été réfléchis pour mieux limiter la consommation.

Des pas sont donc faits pour sensibiliser la communauté étudiante sur les dérives de l’alcool, du bruit, des rapports sexuels et le consentement dans les universités. Elles sont conscientes des risques et tentent d’y apporter des solutions, toujours avec les associations étudiantes présentes sur le campus. Il est important pour elles d’alerter les étudiantes et étudiants sur des alternatives existantes et que de l’aide peut être apportée en cas de besoin. Des pictogrammes sont même affichés dans les lieux de soirées pour le rappeler.

Et du côté de l’UMons?

A l’UMons, les initiatives pour lutter contre la consommation excessive d’alcool sont surtout étudiantes. Comme ailleurs, de l’eau est mise à disposition gratuitement. Le conseil étudiant a par ailleurs mis en place l’initiative « Safe Ekip ». Il consiste à impliquer des étudiants qui veillent sur leurs camarades pendant une soirée. Ils sont visibles mais pas « trop » (brassard). Le but est d’être mêlé à la foule et d’être sollicité en cas de problème. Les membres sont des personnes préalablement formées qui amènent les étudiants qui en ressentent le besoin en « safe zone ». Leurs missions principales sont l’écoute et la réorientation éventuelle vers des services compétents.

 « Cette ‘Safe Ekip’ se veut surtout être là pour accueillir et accompagner les personnes qui vivraient un mal-être quelconque, pas uniquement lié à une surconsommation d’alcool ou autres substances. Ce projet est né cette année d’une initiative étudiante et d’un constat, qu’aucune autre équipe ou procédure de ce genre n’existait au sein de l’université », indique de son côté l’Organisation Représentative des Etudiants (ORE).