France

Non, Emmanuel Macron ne s’est pas « enfui » en hélico de Vendôme

« Cerné par les casseroles, Emmanuel Macron s’enfuit en hélico ». L’affirmation virale est reprise sur les réseaux sociaux, après la visite du président de la République à Vendôme le 25 avril 2023. D’autres variantes sont diffusées sur Twitter dans une sorte de remake de la fuite à Varennes de Louis XVI en 1791 : Emmanuel Macron « a tellement peur de son peuple qu’il quitte Vendôme en hélicoptère », ou « visiblement il lui est impossible de prendre un autre moyen de locomotion » ou encore le président aurait fui en raison de la suspension de l’arrêté interdisant les rassemblements. Sauf que c’est faux.

Captures d'écran de tweets affirmant qu'Emmanuel Macron "s'enfuit" de Vendôme.
Captures d’écran de tweets affirmant qu’Emmanuel Macron « s’enfuit » de Vendôme. – Capture d’écran/Twitter

A l’appui, des vidéos du chef de l’Etat s’envolant en hélicoptère sont montrées. A noter qu’il est aussi arrivé avec ce moyen de transport. Le départ en hélicoptère de Thoré-La-Rochette, près de Vendôme, est bien réel et a été filmé par des chaînes d’information en continu comme BFMTV. Le journaliste de LCI Paul Larrouturou l’a aussi partagé :

S’il y a bien eu des casserolades hier à Vendôme, Emmanuel Macron ne s’est pas « enfui » : la visite a démarré vers 14 heures et c’est peu après 17 heures que le président de la République est parti. « Ce n’était pas une fuite, le déplacement s’est très bien passé, il n’y a pas eu d’accueil sur place [à la maison de santé] », nous indique l’Elysée. Les centaines de manifestants ont été tenus à l’écart de la visite présidentielle.

Le jugement du tribunal administratif d’Orléans a été rendu à 16 heures, soit une heure avant le départ d’Emmanuel Macron. Ce n’est donc pas non plus « dès l’interdiction illégale de manifester levée » qu’Emmanuel Macron est parti, comme cela a pu être affirmé.

« Pas d’existence d’un risque d’acte de terrorisme »

Pour rappel, comme nous l’expliquons ici, le juge du tribunal administratif d’Orléans a ordonné la suspension immédiate de l’arrêté pris le 24 avril dans la soirée par le préfet du Loir-et-Cher. Cet arrêté, en s’appuyant sur une loi antiterroriste, établissait un périmètre de protection autour de la maison de Santé visitée par le chef de l’Etat, y interdisant les rassemblements et l’usage notamment de « dispositifs sonores amplificateurs de son ».

Saisi en référé liberté par plusieurs associations, le juge a estimé, dans son ordonnance que nous avons pu consulter, que, « en l’absence de circonstances particulières », un périmètre de protection ne pouvait pas être institué en utilisant l’article L226-1, et donc la loi antiterroriste, pour un déplacement du président de la République. En outre, le climat social actuel et la mobilisation contre la réforme des retraites « ne suffisent pas à caractériser l’existence d’un risque d’acte de terrorisme », a souligné le juge. Cet arrêté est une « atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir », concluait-il.

L’hélicoptère est, par ailleurs, un moyen de transport utilisé par le président, comme lors de sa visite à Embrun dans les Hautes-Alpes, où il avait présenté le plan Eau, le 30 mars. Ce que n’avaient pas manqué de critiquer les écologistes, comme le rapportait Nice-Matin.