Belgique

Les mutualités face à un déficit de plusieurs dizaines de millions d’euros : “C’est gigantesque”

Ajoutez à cela l’augmentation de la charge de travail (l’activité de l’administration médicale a bondi de 60 % entre 2016 et 2020, précise la MC) et vous comprendrez que la situation financière des mutuelles est vraiment problématique.

Plus de 45 millions d’euros de perte

Au bout du compte, Solidaris Wallonie (l’entité qui regroupe désormais toutes les mutualités socialistes wallonnes sauf celle de la province de Luxembourg, qui n’a pas souhaité s’y joindre) affiche une perte de 9,1 millions d’euros en 2022 et prévoit un déficit de 14,2 millions d’euros en 2023, selon les informations qui ont été communiquées en interne et que La Libre a pu lire.

À la Mutualité chrétienne, la plus grande du pays, le trou est encore plus profond. Pour l’ensemble des deux entités (francophone et flamande), il est question d’un déficit de plus de 45 millions d’euros en 2023, selon nos informations. Déficit que l’on attribue essentiellement à l’indexation des salaires : à la Mutualité chrétienne, chaque indexation génère une augmentation des coûts salariaux de six millions d’euros.

Dans une interview à La Libre, en octobre dernier, la vice-présidente de la MC, Elisabeth Degryse, dénonçait cette situation : “Les coûts de la Mutualité chrétienne ont augmenté en 2022 de 7,5 %, mais les frais d’administration que de 1,87 %… Pour 2023, on part sur le même genre d’hypothèses. À la grosse louche, on perd presque 100 millions pour l’ensemble des organismes assureurs. C’est gigantesque. Il faut trouver une formule paramétrique qui réponde mieux aux réalités que l’on vit. Le décalage est de 10 % sur la période 2013-2022. Et il sera à nouveau de 8 % en deux ans”. Sans moyens complémentaires, elle estimait que les mutualités allaient devoir cesser d’accomplir certaines tâches.

Des réorganisations mais pas de scénario catastrophe

Face à cette situation, les mutuelles tentent de se réorganiser pour rationaliser les coûts. Cependant, “il n’y a pas de restructuration à l’ordre du jour, assure le porte-parole de la Mutualité chrétienne. Nous sortons d’ailleurs d’un processus de réorganisation, appelé Nova, qui a mené à repenser les équipes.”

Chez Solidaris, cela fait plusieurs années que le contexte amène à des mesures d’économie. “On peut économiser sur certains postes, mais nous ne sommes pas dans un scénario catastrophe. Pas de licenciements, ni de mesures dures”, commente le porte-parole de Solidaris Wallonie, tout en soulignant que d’autres acteurs du secteur (hôpitaux ou CPAS) sont confrontés aux mêmes difficultés.