Belgique

« C’est un comble »: des centaines de témoignages affluent contre les nouveaux rythmes scolaires

En septembre dernier, ils faisaient déjà savoir que leurs craintes s’avéraient fondées et que des enseignants néerlandophones quittaient leurs écoles. Désireux de partager leurs moments de pause avec leurs enfants dont les congés ne correspondaient plus aux leurs, un certain nombre d’entre eux choisissaient d’aller travailler en Flandre, histoire d’harmoniser leur calendrier familial.

Une publication intermédiaire de 300 pages

Où en est-on six mois plus tard ? Il y a quinze jours, l’Upin a lancé un appel à témoignages. “Nous avons rapidement reçu énormément de réponses, rapporte Amélie Meulder, la représentante de l’Union. Nous avons collationné les 250 premières que nous remettrons ce jeudi à la ministre de l’Éducation, Caroline Désir, dans un rapport intermédiaire.” Alors que des dizaines de personnes continuent à exprimer leur vécu des nouveaux rythmes (le rapport définitif sera publié après les vacances francophones du mois de mai), cette première publication contient déjà 300 pages.

“L’effet négatif de la divergence de rythmes entre les trois communautés de Belgique dépasse l’immersion ou, plus largement, les familles qui ont fait le choix du bilinguisme (en scolarisant par exemple leur enfant dans une école néerlandophone ou germanophone) : bien d’autres secteurs sont touchés”, constate Amélie Meulder à la lecture des messages reçus.

L’objectif du travail réalisé par l’Upin est de documenter les situations qui posent problème “alors qu’aucune réponse n’y est apportée, à part renvoyer la balle aux autres communautés”, estime la porte-parole.

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Menace confirmée sur la filière d’immersion

Commençons par l’immersion, cœur de cible de l’association. “Les départs d’enseignants ont continué, rapporte-t-elle. Une partie de ceux qui avaient pourtant décidé de rester baissent finalement les bras. Je pense à cet enseignant qui avait créé la filière d’immersion avec un collègue dans son école. Ultra-motivé, il tenait à son projet. Mais il explique que les complications d’agenda avec sa famille qui suit le calendrier flamand l’ont fait changer d’avis.”

Rien, depuis six mois, ne permet d’apaiser les peurs exprimées plus tôt. La désaffection d’enseignants constitue toujours une menace importante sur la filière. “C’est un comble, au moment même où des États généraux de l’immersion, attendus depuis tellement longtemps, sont enfin organisés !” Une série d’experts sont en effet entendus au Parlement jusqu’à la fin de l’année scolaire tandis que, pendant ce temps, dans les écoles, “un certain nombre de cours ne peuvent plus être donnés dans la langue de l’immersion”.

C’est très dommage, estime encore Amélie Meulder, “d’autant que l’immersion représente une bonne alternative pour les parents qui veulent offrir la maîtrise d’autres langues à leurs enfants, et qui ne veulent ou ne peuvent pas les inscrire dans une école où la langue d’apprentissage n’est pas le français”.

Pour la porte-parole, en colère, les conséquences négatives des nouveaux rythmes sur l’immersion disent quelque chose de la Communauté française. “La Fédération Wallonie-Bruxelles oublie qu’elle a en son sein des gens qui veulent le bilinguisme, sa conception reste monolingue malgré tous les beaux discours, comme si l’autre ne constituait qu’un nœud pour le francophone belge!”

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Une alternative aux calendriers prévus

Cela étant, au-delà du cas spécifique de l’immersion, la porte-parole se dit submergée par toutes sortes de déclarations, comme si l’appel de l’Upin cristallisait tous les commentaires sur les nouvelles dates francophones de congé. Des enseignants francophones qui inscrivent leur(s) enfant(s) dans l’enseignement flamand et se retrouvent devant des choix cornéliens d’organisation. D’autres qui expliquent combien la réforme leur permet de mieux récupérer. Certains, encore, qui rapportent que des élèves souffrent de ces coupures plus longues, soit parce qu’ils sont laissés à eux-mêmes, soit parce qu’ils s’ennuient, soit parce qu’ils ont perdu le rythme, soit parce qu’ils subissent une surcharge de travail concentrée sur moins de jours où les évaluations sont autorisées, etc. Et on déborde de l’école. Dans l’entreprise, le sport et le scoutisme notamment.

Pour limiter les dégâts, mi-mars, l’Upin a aussi déposé une proposition à la ministre Désir (PS), au ministre-Président Jeholet (MR) et aux députés de la commission de l’éducation au Parlement. Il s’agit d’une alternative aux calendriers prévus pour les quatre prochaines années. L’idée est de prolonger la période transitoire de mise en œuvre de la réforme arrêtée pour cette année-ci (où deux semaines de congé n’alternent pas forcément avec sept semaines de cours). Objectif : faire correspondre le plus de semaines de vacances entre les trois communautés tant que leur calendrier scolaire n’a pas été harmonisé.

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