Belgique

André Frédéric sur le Parlement wallon : “Un Parlement n’est ni un comité des fêtes ni une buvette »

Que va-t-il devenir, alors, ce nouveau bureau du président tant décrié ?

Le problème ne se posera que durant quelques mois puisqu’il y aura des élections en 2024. J’y recevrai les ambassadeurs comme je le fais tous les 15 jours à peu près. Mon successeur fera ce qu’il voudra. Je n’ai pas fait les plans de l’extension, je n’ai rien demandé, même pas à être président. J’essaye de le faire du mieux possible.

Diriez-vous que ce poste est un cadeau empoisonné ?

C’est une marque de confiance, en mon expérience sans doute. Je n’ai jamais été un homme qui a cherché la lumière. J’ai toujours fait de la politique en étant proche des gens et en faisant un travail de terrain. Je suis d’une génération qui travaillait avec un téléphone à grosses touches, où il n’y avait pas de réseaux sociaux. J’ai toujours été sur les listes électorales en position éjectable, à la place où rien n’est fait. J’ai chaque fois été élu. les électeurs n’ont pas été obligés de voter pour moi, alors je suppose qu’ils me reconnaissent des qualités. Pour en revenir à la question de la présidence, est-ce que c’est facile ? Non, bien sûr. J’en découvre tous les jours. Le pilotage de ce navire, dans les conditions que l’on connaît, c’est un nouveau président et une nouvelle greffière qui assume ce poste ad interim sans avantages supplémentaires par rapport à son ancienne fonction de directrice juridique.

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Quand aura-t-on un greffier ou une greffière qui ne sera pas ad interim ?

Sans trahir quelque secret que ce soit, on sait que le greffier est suspendu avec des restrictions qui sont statutaires et légales. J’ai été critiqué parce qu’on continue à le payer, mais je suis un légaliste. J’aime bien tous les rêveurs, les poètes et les “yaka” de la terre, mais il y a une réalité juridique à respecter. J’en entends qui sont pour des justices expéditives où on pend un type et on l’interroge après. Je ne suis pas comme ça. La suite de la procédure est claire. Nous instruisons un dossier disciplinaire, ça prend un peu de temps. Il n’y a pas de deadline, si ce n’est que la suspension actuelle du greffier se termine mi-septembre. Dès qu’on me dira que le dossier est complet, on entamera la procédure. Au final, une décision sera prise pour une éventuelle sanction par un vote du Parlement à bulletin secret. Il y a une échelle de sanctions qui va du blâme à la révocation. Je ne hurle pas avec les loups, je ne fais pas de publications Facebook sur cette affaire. Je suivrai la procédure en respectant les droits de la défense.

À l’issue de la réunion du dernier bureau, vous avez quand même pointé du doigt le greffier…

Il y a des éléments objectifs, il y a 15 plaintes à l’auditorat du travail. Même si ça ne veut pas dire qu’elles sont avérées. Ce que je dis, c’est qu’à chaque fois qu’on peut imaginer qu’il y aurait pu avoir des actes délictueux dans le chef de quiconque, ça ira devant la justice. Sur le mobilier, j’ai bien un avis personnel mais ça n’a pas d’importance. Quand je suis arrivé à la présidence, les meubles étaient déjà là et nous avons payé la facture sur décision du bureau à l’unanimité.

Certains disent qu’ils n’avaient pas tous les éléments lorsqu’ils ont voté pour ce mobilier.

Il y a ceux qui prennent leurs responsabilités et ceux qui disent qu’ils veulent les prendre et qui racontent l’histoire à l’envers. Cette facture devait être honorée. Nous sommes dans un état de droit. Est-ce que je trouve ça cher ? Oui. Mais c’est toujours facile de dire après : moi, j’aurais fait autrement.

Lorsqu’on voit le mobilier actuel du Parlement wallon, on constate que les meubles sont quasiment les mêmes que ceux que le Parlement a achetés pour son extension. Dans le hall du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on retrouve aussi des meubles du même genre. Ce qui était normal avant est devenu luxueux aujourd’hui ?

Et à la Chambre aussi. Quand on a fait l’agrandissement du Forum, ça a coûté 198 millions d’euros. Il n’y a pas eu une ligne dans les gazettes. Manifestement, la situation et l’état d’esprit ont changé. Les meubles, je ne vais pas les revendre en allant faire des brocantes. J’aimerais bien qu’on tourne la page et, le moyen de le faire, c’est de tout envoyer à la justice.

Il y a des éléments qui vous laissent penser que d’autres marchés publics pourraient être problématiques ?

Vous lisez la gazette comme moi. La presse dispose de documents que moi je n’ai pas. Quand je lis qu’une firme n’a pas voulu jouer dans la pièce parce que le marché public du mobilier était pipé, je tombe de ma chaise. Ici, personne ne dispose de ce document. Il n’existe pas dans la maison. Mais si un journaliste l’écrit, c’est qu’il l’a.

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