Belgique

À Neerpede, la piscine naturelle publique ne fait pas l’unanimité : « Si on transforme l’étang en piscine ouverte, ça sera invivable »

L’idée de rénover des étangs de Neerpede remonte à la législature précédente, mais elle fut présentée en gouvernement bruxellois au début de l’année 2021. L’objectif est de restaurer ce site vert de l’ouest bruxellois en un grand parc paysager. Ce vaste plan comprend plusieurs volets mais c’est surtout l’aménagement de l’étang moyen, l’un des trois plans d’eau du site, qui retient l’attention. En effet, Bruxelles-Environnement prévoit de transformer une partie de cet étang en une zone de baignade publique, la première des différentes pistes étudiées par les autorités bruxelloises. Un enjeu majeur, à l’heure des étés caniculaires.

Tenir compte de la biodiversité

Cette transformation implique d’importants travaux autour de la zone de bain : enlever les berges en béton, extraire la vase du fond, revoir le lit du Neerpede (le ruisseau qui y coule) afin qu’il puisse alimenter le bassin…” Il s’agit de ‘renaturer’ l’étang”, résume l’agence bruxelloise, qui indique tout faire pour respecter au mieux la biodiversité. Seule la partie sud de l’étang accueillerait les visiteurs. La partie centrale servirait de zone de lagunage pour purifier l’eau de manière naturelle. Le projet a reçu l’aval des associations de protection de l’environnement.

Mais cette conversion demande la mise en place d’équipements et d’infrastructures destinés à la baignade, comme des pompes à eau ou encore des pavillons pour l’accueil des visiteurs et les vestiaires.

Coût estimé : 9 millions d’euros. Selon les projections, la zone de baignade de l’étang moyen devrait accueillir maximum 225 personnes en même temps, avec une rotation toutes les trente minutes. Les projections tablent sur une fréquentation quotidienne, en période estivale, allant jusqu’à 2000 personnes par jour.

Dans l’eau, les nageurs auront de l’espace : la piscine naturelle a la taille de cinq piscines olympiques. Du côté de l’agence bruxelloise, on insiste : la mise en place de la zone de baignade sera progressive et les modalités précises sont encore en discussion avec la commune et les autres parties prenantes.

Protéger sa quiétude

On sait que c’est plié de toute façon”, soupire l’une des protestataires, qui a assisté aux différentes réunions avec les autorités communales et régionales. Mais elle n’en démord pas et veut montrer son opposition. “On est entré dans l’action, il faut s’opposer”, scande Yannick Laurent, au moment de distribuer les pancartes jaunes “Sauvegardons Neerpede”, le mouvement qu’elle chapeaute désormais et qui fait du lobbying contre le projet.

Quand on leur demande pourquoi ils se mobilisent, les contestataires du jour avancent tous la protection de leur bout de nature et de tranquillité. La rencontre du jour entendait justement fédérer les troupes autour de cet enjeu, et d’éviter qu’un mauvais message ne passe.

Car depuis le début des concertations avec les autorités, plusieurs personnes ont indiqué ne pas vouloir du projet car ils redoutent la venue des “racailles de Bruxelles” qui viendrait mettre le site sens dessus dessous.

”Nous sommes contre la surfréquentation mais sans stigmatiser qui que ce soit”, précise Yannick Laurent. “Des dames voilées ont même signé notre pétition”, abonde une autre riveraine qui veut se défaire de l’image raciste qui colle au mouvement suite à plusieurs articles de presse.

Le parc de Neerpede n’a rien d’un jardin secret. Juste à côté de l’étang moyen, les sentiers se dessinent sous les ponts du ring de Bruxelles. Là, un skatepark a déjà été aménagé. Plus loin, une salle de sport et des terrains de tennis.

Ouverture prévue en 2025

Nous ne sommes pas contre le projet d’aménagement, il y a même des bonnes choses dedans. Mais nous voulons éviter la surfréquentation des lieux et les dommages que cela aurait sur la biodiversité”, poursuit Yannick Laurent, peu convaincue par les esquisses proposées par les autorités. “C’est facile de montrer une image d’artiste avec 40 personnes dessus. Il faut imaginer le site en été, à pleine fréquentation”, soupire-t-elle. “Vous imaginez toutes les voitures qui vont venir et les crasses que ça va générer ?”, projette déjà cette dame qui réside à quelques encablures.

L’enquête publique court jusqu’au 14 avril. S’ensuivra la commission de concertation. La décision d’octroi du permis devrait arriver avant l’été 2023. L’ouverture du site est prévue pour le printemps 2025.