Belgique

60.000 emplois à pourvoir dans le secteur de l’IT d’ici 2030 : “Quand je vois le niveau de formation numérique dans les écoles, je suis très inquiet”

“Aujourd’hui, il est aussi important de savoir écrire que coder sur des logiciels, il faut transformer l’école d’aujourd’hui. L’objectif est aussi de faire naître des vocations dans le digital mais aussi permettre à celles et ceux qui le souhaitent de rejoindre ensuite l’enseignement supérieur. Lors de journées portes ouvertes, on a pu constater que l’intérêt était majeur, notamment lors de présentations sur des IA. On se doit de préparer les jeunes au monde d’aujourd’hui, nos enfants doivent avoir les outils pour s’intégrer au monde digital”.

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Un cours de citoyenneté digital est urgent face aux défis à venir”

L’objectif de la Vivaldi est d’atteindre un taux d’emploi de 80 % d’ici 2030. C’était en tout cas l’engagement ancré dans l’accord du gouvernement fédéral. Pour atteindre ce cap, combien d’emplois doivent être pourvus dans le domaine de l’IT ?

“Cet objectif représente 600.000 emplois à créer d’ici 2030 dont 60.000 dans le domaine de l’IT. À ce stade, on produit entre 200 et 300 profils par an, ce qui est donc insuffisant. On se doit de stimuler ce secteur et cela passe par une adaptation de l’enseignement de base. Aujourd’hui, nous ne sommes pas préparés à vivre avec les algorithmes existants et toute une série de technologies, je crois qu’un cours de citoyenneté digital dans tous les cursus est également urgent face aux défis actuels. Dans les entreprises, il est également primordial d’être davantage connecté à l’agilité d’innovation”.

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En termes de formation de profils TIC (technologies de l’information et de la communication), la Belgique est d’ailleurs à la traîne au niveau européen.

“C’est bien simple, chez nous, on diplôme deux fois moins en TIC que dans l’UE. En Belgique, on est à 2,2 % de diplômés dans ce secteur sur le total de diplômés contre 3,9 pour la moyenne européenne. C’est ma grande angoisse pour les années à venir : comment peut-on être en capacité de fournir à l’économie d’aujourd’hui les profils dont elle a besoin ? C’est une grande difficulté face à laquelle on va devoir faire face. Les formations des cours universitaires ne sont également plus adaptées, ce retard accumulé est très angoissant, c’est pour cela que je veux passer un cri d’alarme sur le manque de formation de nos jeunes en TIC, il faut aujourd’hui mobiliser toute notre énergie vers cette transition digitale”.

“L’école n’est plus adaptée au monde d’aujourd’hui”

Vous avez proposé au Conseil des Ministres de créer une Conférence interministérielle (CIM) chargée de la thématique Digital. Son but étant de mettre en œuvre les dix ambitions définies en concertation avec les Digital Minds. Dans quel objectif ?

“L’intérêt est de pouvoir se fixer des objectifs plus ambitieux, tout en instaurant une gouvernance digitale cohérente, claire, inclusive et convergente qui unit mobilise l’ensemble des acteurs institutionnels du territoire. Le gouvernement fédéral demande donc au Comité de concertation de renforcer et coordonner la politique digitale nationale”.

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Comment peut-on aujourd’hui accompagner et intégrer la nouvelle génération dans ce monde digital ?

“Je pense que l’enseignement est vraiment le moteur essentiel de ce changement. Quand je vois la formation de nos jeunes, je suis excessivement inquiet et convaincu que notre enseignement doit évoluer tant l’école n’est plus adaptée au monde d’aujourd’hui. Avant, son rôle était de préparer les jeunes au monde de demain mais actuellement, elle n’arrive plus à les préparer au monde d’aujourd’hui.

Concrètement, vous pensez à quels domaines d’activité ?

Je pense par exemple à la formation aux détections de fake news, à voir comment fonctionne une IA, à la protection de la vie privée, à l’usage des réseaux sociaux etc. Notre quotidien est extrêmement digitalisé mais notre enseignement évolue trop lentement. Pour moi, la question fondamentale est de savoir à quoi sert l’école, veut-on le même rôle qu’en 1887 ou 1950 ? Quand je vois qu’on propose des cours de religion mais pas de citoyenneté digitale, je me pose des questions. On doit réinventer le fonctionnement de l’école et intégrer les outils digitaux dans les cours, comme le traitement de texte par exemple. Je suis également en faveur de la mise en place d’une autocertification en ligne, une forme de test reconnu pour dire si tu as un seuil minimum. Notre position est de défendre cette logique de validation de compétences à l’échelle européenne”.